mardi 4 juillet 2017

Rugy sans souci? Mélenchon sans-culotte ? Mariani sans tabou?

C’est sans surprise que l’écolo-centriste et fervent bruxellois François de Rugy, largement inconnu du grand public malgré sa participation aux primaires de la gauche en début d’année,  a été élu hier,  avec les  353 voix  des députés LREM , treizième président de l’Assemblée nationale de la Ve République. Les critiques sur le fait qu’une femme n’ait pas été choisie pour occuper ce poste prestigieux (M.  de Rugy devient de facto  le quatrième personnage de l’Etat) ont été évacuées par les éléments de langage fournis aux nouveaux élus macroniens. Même Fabienne  Colboc qui,  à l’instar de sa collègue Anissa Kheder,  avait été épinglée sur les réseaux sociaux  pour sa prestation, disons assez erratique, lors du  débat télévisé du premier tour dans sa circonscription,  a trouvé la réplique.  «La majorité a voté, c’est comme ça. Nous n’avons pas eu de consigne de vote. La parité est respectée dans d’autres présidences», a-t-elle dit, prenant comme exemple des  commissions… qui n’ont pourtant  pas encore toutes été attribuées. Autre nouveauté de cette rentrée parlementaire, la disparition de l’étiquette socialiste.  Les rescapés de la rue de Solférino et leurs quelques alliées du PRG siègent désormais dans un groupe  baptisé  Nouvelle gauche. Exit la référence au socialisme, ce qui n’a pas convaincu pour autant  l’ex Premier ministre Manuel Valls d’y siéger, préférant rejoindre  LREM.  Son adversaire malheureuse aux législatives, Farida Amrani (LFI),  ne désarme pas pour autant  et a déposé  aujourd’hui  son recours devant le conseil constitutionnel pour faire annuler l’élection
Autre moyen trouvé pour attirer l’attention des médias,   Jean-Luc Mélenchon , au nom de son groupe LFI, a proclamé devant les journalistes  que «nous (les élus masculins mélenchonistes, NDLR)  nous présenterons sans cravate». «Il y a eu autrefois dans l’Assemblée des sans-culottes, il y aura aujourd’hui des sans-cravate, avec ou sans cravate ».  Un acte symbolique qui n’est  « pas limitée au code vestimentaire imposé aux hommes », mais se veut plus largement une «  critique du code vestimentaire que le droit coutumier de cette étrange Assemblée prétend imposer aux femmes », avec   « des détails qui manifestent assez le type d’obsessions et de névroses qu’avaient les rédacteurs de ce droit coutumier».

En fait de névrose, M. Mélechon est en plein confusionnisme. Il  n’a pas compris que  porter  la cravate ne consiste pas  seulement à se plier aux conventions bourgeoises. C’est  avant tout pour un élu  une marque de respect pour les électeurs qui l’ont désigné pour les représenter dignement. Toutes choses auxquelles les catégories populaires sont particulièrement sensibles. Mais encore faut-il pour le savoir  connaître les Français  et non pas se complaire dans l’image fantasmée et dogmatique que l’on s’en fait... Quant à la référence aux  sans-culottes de la  Révolution française, qui occupent une place de choix dans  à la mythologie des socialo-trotskystes de LFI, ces artisans de la Terreur ont encore  plus fait couler le sang rouge  du peuple que le sang bleu de la noblesse…
Du peuple, il  est  encore éminemment question dans l’entretien accordé  à l’hebdomadaire Minute  par l’ex ministre sarkozyste et ancien député LR des Français de l’étranger Thierry Mariani.  Nous avons parfois salué ses prises de position de bon sens, souvent similaires à la grille de lecture frontiste,  sur la Russie, la Syrie. Il est aussi au nombre de ceux qui,  hier à l’UMP (au sein du collectif la droite populaire),  aujourd’hui à LR, tiennent un discours de fermeté   sur les questions liées à la sécurité, à l’immigration, aux valeurs… Un positionnement tactique  disent les mauvaises langues,  qui aurait principalement pour but de couper l’herbe sous le pied au FN en dissuadant les électeurs républicains de migrer vers l’opposition nationale; un  discours  en tout cas  qui n’a jamais été traduit dans les faits par la droite au pouvoir.
Dans cet entretien à Minute, M. Mariani a été interrogé sur la possibilité d’ententes avec le FN, hypothèse qu’il n’a pas rejeté en bloc « C’est trop tôt, a-t-il  dit. Mais si un jour la droite veut revenir aux affaires, il est évident qu’il y a quelques barrières à casser, non pas en terme de partis mais en terme de personnes. » « A l’heure actuelle, les programmes économiques des Républicains et du Front National n’ont rien à voir ; il ne peut y avoir aucun rapprochement (…), le programme économique avancé par Marine Le Pen pendant la présidentielle rappelle davantage le programme de François Mitterrand en 1981 qu’un programme de droite (…).  La gauche a gagné lorsque François Mitterrand a su casser le tabou de la non-fréquentabilité du Parti communiste. Je pense qu’on n’en est pas du tout là encore mais si, un jour, la droite veut gagner les élections, je dis que nous avons deux ans d’ici aux européennes pour faire en sorte que les gens qui partagent les mêmes valeurs, sans excès mais sans mollesse, puissent se retrouver». Et Thierry Mariani d’ajouter encore  que  «le danger en France, aujourd’hui, ce n’est pas le Front National, c’est l’islamisme. Il faut regarder les évolutions des uns et des autres, les personnalités, et commencer au moins à discuter ensemble ».
M. Mariani a précisé une nouvelle fois sa pensée dans  L’Opinion. Pas d’alliance possible avec le FN car « c’est une phrase taboue ; si on la prononce, on est mort en cinq minutes » (sic), mais il s’agirait d’aller  « au-delà des partis, quelles que soient les appartenances, voir avec qui on partage les mêmes valeurs ». « Les gens qui sont au FN ne sont pas radioactifs. Il y a des gens qui sont tout à fait respectables et compatibles et d’autres qui ne le sont pas ».
Sans attendre que Thierry Mariani nous fournisse un liste des incompatibles, il conviendrait aussi que la frange de LR soucieuse de l’identité et de la souveraineté nationale  aille jusqu’au bout  de ses interrogations  sur les valeurs qu’elle partage en commun  avec les Alain Juppé, Xavier Bertrand, Christian Estrosi, François Baroin, Thierry Solère et autres NKM… Il est évident pour tout observateur un peu attentif affirme Bruno Gollnisch,  que LR est une structure en sursis, très sévèrement minée par des contradictions internes, une absence de vues communes sur des sujets essentiels.   Tout cela,  pour l’instant, rend  le discours de M. Mariani  un peu vain, tant que les clarifications nécessaires n’auront pas été apportées, tant que  les écuries d’Augias n’auront  pas été nettoyées au sein de son parti.

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