mercredi 18 septembre 2019

Le RN ne pourra jamais l’emporter aux présidentielles, s’il ne participe pas à des majorités dans de nombreuses collectivités locales

Le RN ne pourra jamais l’emporter aux présidentielles, s’il ne participe pas à des majorités dans de nombreuses collectivités locales
Dans un ouvrage consacré à Matteo Salvini et sur lequel nous reviendrons, Marie d’Armagnac montre la transformation petit à petit de la Ligue en mouvement souverainiste et identitaire. La Ligue régionaliste est devenue un véritable parti de gouvernement, n’hésitant pas à s’allier avec les partis de droite, puis avec le Mouvement 5 Etoiles pour gouverner. En lisant cet ouvrage, on ne peut manquer de penser à la situation de la France, où le FN puis le RN ne parviennent pas à construire ces alliances politiques et, disons-le, nécessaire avant de parvenir au pouvoir. Dans Les 4 Vérités, Guillaume de Thieulloy revient sur la fameuse union des droites :
Dans ce débat, Marion Maréchal tiendrait le rôle de la partisane de l’union des droites et Marine Le Pen serait en faveur d’une union avec les souverainistes de gauche. Je ne suis pas certain que les choses soient aussi simples et que les deux femmes aient deux visions aussi caricaturalement opposées. Les journalistes ont souvent tendance à entretenir des clivages artificiels pour « faire de l’audimat ». En tout cas, le débat est à l’ordre du jour et ce n’est pas nous, aux «4Vérités»,qui militons depuis longtemps pour en finir avec le piège mitterrandien, qui allons nous en plaindre. Mais, un débat, pour être utile, doit être bien posé. Et, pour le moment, ce n’est pas le cas.

En premier lieu, rappelons que l’espace politique actuel est divisé en quatre parties à peu près égales: une droite et une gauche anti-mondialistes et une droite et une gauche mondialistes. Mais, deux difficultés obscurcissent cette première analyse. Tout d’abord, les porte-parole de ces différentes tendances ne correspondent pas toujours à leur électorat. Ainsi les électeurs de Marine Le Pen sont-ils massivement de droite, quand la présidente du RN refuse de se dire de droite. Jean-Luc Mélenchon est internationaliste, alors que ses électeurs le sont peu. Les électeurs d’Emmanuel Macron viennent pour une bonne part de la droite, alors que lui-même est de gauche. Et, autant Nicolas Sarkozy représentait très bien la droite mondialiste, autant Jacques Chirac, François Fillon ou Laurent Wauquiez la représentaient mal.
« L’alchimie » personnelle est donc aussi importante que le programme. C’est regrettable car cela prépare de sérieuses désillusions, mais c’est ainsi. La deuxième difficulté vient du fait que la moitié de l’électorat est régulièrement abstentionniste. Il serait beaucoup plus utile électoralement de convaincre cette moitié que de nouer des alliances partisanes. Ceci posé, de quoi un candidat a-t-il besoin pour l’emporter ? Tout d’abord, il a besoin d’être crédible. Ce fut la grande force d’Emmanuel Macron par rapport à Marine Le Pen en 2017.
Aussi désastreux qu’ait été son programme, de nombreux Français ont considéré que, lui, pouvait gouverner. Or, il n’existe pas d’autre façon pour convaincre que l’on peut gouverner que… de gouverner. C’est pourquoi je crois que le RN ne pourra jamais l’emporter aux présidentielles, s’il ne participe pas à des majorités dans de nombreuses collectivités localesEt pas seulement quelques villes, mais des départements et des régions. Il ne peut pas l’emporter, dans le cas général, c’est une affaire entendue, mais rien ne l’empêche de soutenir des candidats divers droite compatibles avec son programme.
Ensuite, il faut réunir son camp au premier tour. Nicolas Sarkozy l’a très bien fait en 2007. François Fillon ne l’a pas fait en 2017. De ce point de vue, le RN dispose d’un net avantage. Même si un candidat de droite crédible, avec un programme net sur les questions régaliennes, peut largement « siphonner » l’électorat frontiste. On l’a vu, là encore, en 2007 avec Nicolas Sarkozy.
Bref, si j’avais un conseil à donner à un candidat (ou une candidate!), ce serait de travailler sérieusement pour devenir un chef d’État crédible, appuyé sur une cohorte de personnes ayant une expérience des affaires publiques (et privées), et d’être extrêmement clair sur les 3 ou 4 questions prioritaires.
Est-il besoin de dire que nous sommes à des années-lumière de cela, que ce soit aux LR ou au RN, et que cela laisse un boulevard à la social-démocratie démolisseuse de Macron ?

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