Dimitrios Papageorgiou est l’éditeur de Patria Magazine,
référence de la droite radicale grecque. Observateur avisé de la vie
politique de son pays, il a bien voulu répondre aux questions de
Novopress pour nous parler de la jeunesse hellénique, de la crise
grecque, de l’Aube dorée…
Bonjour Dimitrios, pouvez-vous vous présenter pour les lecteurs de Novopress ?
Eh bien, comme disent les Chinois, « je vous maudis à vivre en des
temps intéressants ». Être un journaliste à une époque intéressante, je
pense que c’est une double malédiction. Car la Grèce traverse des temps
“intéressants” en effet. J’ai 32 ans, je travaille dans deux journaux
grecs, je suis l’éditeur de Patria Magazine et également, de
temps à autre, producteur d’émissions radios. J’ai été engagé dans des
mouvements patriotes depuis mes 15 ans et j’ai passé 6 mois, 2 jours et
deux heures en prison après avoir été la cible d’un groupe de
gauchistes. Mon projet principal est Patria Magazine, qui est bimensuel. J’écris aussi de temps en temps en anglais pour www.alternativeright.com.
D’après vous, quels sont les principaux responsables de la crise grecque ?
Cela dépend de jusqu’où vous souhaitez remonter dans l’histoire de la
Grèce. Si vous allez suffisamment loin, vous pouvez blâmer l’occupation
turque. La Grèce n’a pas connu de révolution industrielle et c’est une
société largement agricole jusqu’à la Seconde guerre mondiale. Ensuite,
nous avons subi une longue guerre civile qui détruisit la plupart des
infrastructures existantes. Puis est venue la “libération démocratique”
qui a mené à la corruption et au triomphe idéologique de la gauche. Si
vous ne voulez pas remonter aussi loin dans le passé, les années après
la junte militaire était un désastre économique total. Népotisme,
corruption et bien sûr l’immigration constituent ce que Guillaume Faye
appelle la “convergence des catastrophes”. La crise mondiale actuelle a
amené la situation à un point de non-retour et notre économie s’est
effondrée. Nous verrons si cela est bon ou mauvais, car la crise
économique a réussi à saper le bipolarisme politique en Grèce. Les
gauchistes comme les nationalistes sont en pleine croissance, nous
verrons qui sera le plus fort, et si le système y survivra.
Que pensez-vous de la jeunesse grecque ?
La jeunesse grecque est à l’image de la jeunesse européenne. Le
chômage et l’apathie sont la normale. Bien que de récentes formations
politiques radicales aient de plus en plus de supporters.
Personnellement, je pense que c’est un phénomène éphémère. Si vous
prenez dix jeunes à Berlin, Rome, Paris ou ailleurs, vous trouverez la
même personnalité qu’à Athènes. Bien sûr, la jeunesse est notre seul
espoir. Mais si nous parlons des jeunes qui ne sont pas engagés dans un
mouvement ethnique ou nationaliste, je dois dire que la jeunesse grecque
est perdue entre un nationalisme d’avant-guerre et la réalité en cours.
Malheureusement, en Grèce, ces cercles n’ont pas une “tradition” ou une
école de pensée comme la France en a. Pour beaucoup, le “nationalisme”
se réduit au combat contre les Turcs et les Albanais. Bien sûr, c’est
mieux que d’être communiste… Mais cela demeure problématique.
Comment définiriez-vous l’identité grecque ? Est-elle menacée ? Si oui, pourquoi ?
Un poète grec prix Nobel a dit un jour que si vous « démontiez » le
pays, vous vous retrouveriez avec un olivier, un vignoble et un bateau.
Mais cela décrit à peu près chacun des pays méditerranéens et je pense
que cela pourrait s’adapter à la France bien entendu. Pour moi,
l’identité grecque a quelque chose à voir avec une “mentalité de
frontière”. Nous avons été la frontière de l’Europe pendant mille ans.
Notre identité est cette Frontière. Les Français peuvent comprendre cela
au travers de leur histoire. Notre déclin fut celui de l’Europe. Nos
heures de gloire furent celles de l’Europe. Dans ces conditions, et
après avoir survécu en tant que peuple depuis si longtemps, notre
identité est un mélange de “survivances” pendant les heures sombres.
Aujourd’hui, l’identité grecque est très touchée par toutes ces
saloperies américanisées que vous observez également dans votre pays.
Mais nos racines sont toujours là. Vous pouvez les voir dans les
traditions que notre peuple continue de suivre, vous les voyez dans les
petites choses.
Avez-vous de l’espoir pour le futur ? Pourquoi ?
Bien sûr que j’en ai. Le futur a toujours été du domaine de
“l’imprévu”. Quand j’étais ado, les “nationalistes” n’étaient qu’une
fraction des marginaux. Les temps durs, comme ceux que nous vivons en ce
moment, produisent des gens plus durs. Dans ce sens-là, la crise
économique peut être une bonne chose. Les Grecs commencent à comprendre
qu’ils doivent bâtir leur futur à nouveau. Et ils le feront certainement
de la bonne manière.
Que pensez-vous du mouvement identitaire français ?
La France a toujours été à l’avant-garde du combat politique
ethnique. J’ai été très impressionné quand j’ai découvert les actions
telles que celles de Génération Identitaire, mais aussi le travail
accompli lors de vos camps d’été. Je suis très impressionné par votre
esthétique, domaine que je considère très important. Je suis avec
beaucoup d’intérêt ce que vous faites et je suis heureux de voir que
vous avez réussi à répondre très rapidement aux nécessités d’un
environnement politique qui change rapidement.
Vous dites qu’il n’y a pas eu de véritable révolution industrielle en Grèce au XIXème
siècle, à l’inverse des autres nations européennes. J’ai lu dans la
presse française que beaucoup de Grecs ont encore de la famille à la
campagne et peuvent y retourner en cas de pénurie énergétique et de
graves tensions sociales. N’est-ce pas une certaine force que d’avoir
cette possibilité de maintenir le contact avec sa terre à notre époque ?
En effet. C’est toujours bon d’avoir la possibilité de revenir en
arrière. La semaine dernière, j’ai eu la chance de manger les légumes
que mon père et ma mère ont fait pousser dans leur jardin. C’est une
force mais ça a surtout à voir avec la survie. L’industrie, de nos
jours, ne tourne pas autour du textile. Être capable de relocaliser la
production de nourriture est important. Mais je souhaite que la Grèce
ait une industrie informatique, un programme spatial, etc. Survivre dans
des conditions extrêmes est importants. Mais nous avons aussi besoin de
garder un œil sur l’avenir que nous voulons bâtir.
Un dernier mot pour nos lecteurs français ?
Les Français, les Grecs, les Italiens ont les mêmes problèmes. Je
suis autant Européen que je suis Grec, et Athénien. Pour moi, chacune
identitaire est le même que chaque activiste grec. Votre combat est le
mien.
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