La semaine dernière, plusieurs déclarations inouïes ont marqué le fil des actualités. C’est le pape qui, le premier, parle « d’invasions arabes », après avoir appelé à l’accueil. Rappelons que l’hospitalité existe aussi bien dans la tradition européenne qu’orientale, et que nulle part dans le monde accueillir ne signifie se soumettre à la religion du nouvel arrivant. Ce serait même plutôt le contraire.
C’est ensuite l’entretien du commander de l’OTAN en Europe, publiée dans le Guardian. Le général en chef affirme que « ISIS » (Daech) est un cancer qui prolifère au sein des migrants. Lui ne s’embarrasse pas des éléments de langage daechiens de notre ex-ministre des Affaires étrangères…
Troublante révélation qui s’accompagne d’une accusation contre la Russie et la Syrie, qui seraient les responsables de cette vague migratoire. Les grands principes rhétoriques qui régissent le monde anglo-saxon depuis trois siècles n’en finissent plus d’en finir.
Au nom du « choc des civilisations », l’islamisme a d’abord été une arme pour affaiblir l’URSS et ses satellites : indépendance des républiques musulmanes du Sud, retrait d’Afghanistan, effondrement des régimes laïcs arabes en Irak, en Libye, en Syrie en sont autant de manifestations. Pour cela, il faut un islam extrémiste ami (qui contrôle les masses et effraie les ennemis) mais pas trop (qui ne fait pas sauter nos buildings) : c’est l’invention de l’islamisme modéré, du halal sans harissa.
Mais les États-Unis, puissance ultramarine, sont aussi, à l’échelle de leur continent – et c’est tout leur paradoxe -, un hinterland. Accueillants chez les autres, ils le sont moins chez eux. En témoigne le mur pharaonique sur leur flanc sud et les habitants locaux constitués en milices armées pour bloquer l’immigration économique des Mexicains. Qu’on imagine la même chose à Calais…
Ceux qui se taisent beaucoup sont souvent très écoutés.
Nos migrants à nous ont un tout autre visage. Majoritairement des hommes jeunes, majoritairement originaires de pays en paix, et parmi eux entre 3.000 et 5.000 combattants islamistes. Ceux qui hurlent contre l’ennemi d’il y a 70 ans sont tétanisés par celui d’aujourd’hui. Un collabo, c’est juste quelqu’un qui a une guerre de retard. Cette guerre ne ressemble pas à leur idéal à la Che Guevara. Alors, on lutte « contre le terrorisme ». Le bourgeois aime le terroriste. C’est un ennemi qu’on ne peut pas nommer. Cela peut être n’importe qui pour n’importe quoi. Tout le monde peut devenir terroriste.
Quelle plus belle illustration pouvait nous offrir notre Président ? La livraison à l’Arabie saoudite des armes qui étaient destinées au Liban (en majorité relative encore et toujours chrétien), avec une Légion d’honneur en prime. Cette Arabie saoudite dont on nous dit qu’elle va lutter, au côté de son frère ennemi ottoman, contre ceux qu’elle soutient et finance depuis trente ans. La vérité est que Turcs et Arabes vont se subroger à l’État islamique, qui n’était que le faux nez de leur conquête, libérant autant de soldats perdus qui pourront propager ailleurs leur djihad.
Au milieu de cette cacophonie, une petite voix commence à se faire entendre, à bas bruit, mais bien vivante comme chaque fois que le danger approche : celle de l’armée. Ceux qui se taisent beaucoup sont souvent très écoutés. Si la classe politique ne produit pas un Gambetta ou un Clemenceau à la mesure des événements qui se développent, un jour ou l’autre, à la faveur des épreuves, un nouveau chef émergera des rangs de l’armée.
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