mardi 14 août 2018

François d'Orcival : « Mais comment font les Anglais ? »

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« Non seulement les Britanniques travaillent plus et plus longtemps que nous, mais ils comptent 3 millions d'actifs de plus que nous »
En reprenant cet article de François d'Orcival qui nous intéresse comme  essentiellement informatif [Figaro magazine du 10.08] nous ne faisons pas d'idéologie, nous ne prenons pas l'économie britannique comme modèle, ni son libéralisme comme transposable. A vrai dire, la politique économique des Anglais nous paraît en réalité surtout dominée par deux composantes : le pragmatisme et la défense opiniâtre des intérêts anglais. Cette disposition d'esprit et cette modalité de leur action nous paraissent par contre enviables. Ce sont des qualités qui nous manquent.    LFAR
L'énergie politique, fiscale et sociale déployée par les gouvernements qui se succèdent outre-Manche laisse rêveur.
Croissance molle, fragilité politique, blocages pour cause de Brexit… Eh bien, malgré tout ça, les Anglais continuent de figurer devant nous au classement de la production de richesses et de la création d'emplois. Certes, si nos populations sont comparables, selon les sources (65,6 millions de Britanniques), ils produisent plus de richesses par tête que nous (40.050 dollars contre 38.178, chiffres de la Coface) et leur dette publique est inférieure de 10 points à la nôtre - en baissant même chaque année -: 87,2 % du PIB contre 97,6 % ! 

Explication : non seulement les Britanniques travaillent plus et plus longtemps que nous, mais ils comptent 3 millions d'actifs de plus que nous (32,4 contre 29,3)… En un an, nous avons créé 341.000 emplois et eux, 542.000 emplois privés venus compenser la diminution de 100.000 emplois publics ! Un dernier chiffre pour couronner le tout : leur taux d'activité des 16-64 ans vient d'atteindre les 75,7 % - un record jamais franchi depuis quarante-sept ans ! Le nôtre est aussi à son plus haut (depuis 1975), mais il se place à 4 points derrière… Bref, taux de chômage français: 9,4 % des actifs ; taux britannique: 4,2 %.
Quel est donc le secret ? Une énergique politique, fiscale et sociale. Ce que les dirigistes français appellent d'un mot anglais devenu un épouvantail du vocabulaire politique: le dumping ! On se souvient de la phrase prononcée par David Cameron, alors premier ministre de Sa Majesté, devant un parterre de chefs d'entreprise français en 2012 quand François Hollande décidait d'augmenter massivement leurs impôts : « Pour vous, nous déroulerons le tapis rouge. » Comprendre : nous, nous allons vous les baisser pour vous attirer.
Cette phrase reste la frayeur de nos énarques fervents défenseurs du « modèle social français » - et européen. Ce que ceux-ci redoutent par-dessus tout: que les « Brits » qui s'en sortent déjà si bien ne profitent du Brexit pour créer chez eux une gigantesque zone franche ouverte sur le grand large. D'où la position de blocage adoptée par les commissaires européens, à commencer par celui chargé de la négociation, le Français Michel Barnier, qui s'est fait leur porte-parole. Or, plus celui-ci bloque, plus il donne de temps aux Anglais pour adapter leur économie et leurs finances à la sortie de l'actuel cadre européen en peaufinant ce « tapis rouge » ou ce « dumping fiscal » tant décrié…  
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