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Par Richard de Seze
Or donc, Emmanuel est parti pour Washington expliquer à Donald ce que ce dernier devait penser. Il avait expliqué, en sortant de l’inutile sommet parisien qu’il avait rapidement improvisé, qu’il s’y rendrait « dans les prochains jours » ce à quoi Washington a répliqué en le convoquant le lundi suivant. « Sommet inutile » est d’ailleurs inexact puisque le sommet d’Emmanuel a permis aux Européens de montrer leurs dissensions et toute la distance qu’ils prenaient avec la position française – enfin, la dernière position française en date. Partant expliquer au président des États-Unis que l’Union européenne, l’Ukraine et la France le trouvaient bien cavalier, Emmanuel Macron a expliqué sur TikTok ce qu’il allait précisément dire à Donald Trump : « Je vais lui dire : ‘Tu ne peux pas être faible face au président Poutine. C’est pas toi, c’est pas ta marque de fabrique, c’est pas ton intérêt. Comment ensuite être crédible face à la Chine si t’es faible face à Poutine ?’ ».
Car Emmanuel sait quel est le style de Donald. Et Emmanuel a tenu à expliquer, à Washington, qu’il avait beaucoup travaillé avec ses partenaires britanniques et tous les pays européens pour apporter des idées fortes : « C’est l’idée de dire, on est prêt à apporter ces garanties de sécurité. Les conditions, elles doivent être définies ». Je cite la retranscription officielle de l’Élysée. Il a conclu ces discussions par une déclaration très ferme : « L’accord que vous [États-Unis] vous apprêtez à signer avec l’Ukraine et la discussion très claire que nous avons eue à cet égard, pour moi, sont des garanties solides que nous nous sommes compris et que notre volonté est la même : la paix le plus vite possible, une paix solide et durable pour tout le monde et la reprise en quelque sorte d’une vie internationale qui permette d’offrir à tous des responsabilités ». C’est ce qu’Emmanuel appelle des « avancées substantielles ».
Les États-Unis, au même moment ou presque, ont donc voté substantiellement contre une résolution euro-ukrainienne condamnant l’agression russe de 2022 et appelant à la restitution des territoires occupés par la Russie. Washington s’est joint à 17 autres votes négatifs, dont la Russie, la Biélorussie et la Corée du Nord. En matière de reprise d’une vie internationale responsable, on n’avait pas fait mieux depuis longtemps. Donald a par ailleurs déclaré depuis que l’Ukraine peut (substantiellement ?) « oublier » toute adhésion à l’Otan.
L’impression pénible qui se dégage de cette paix peut-être sur le point de se conclure est que l’Union européenne est moins bien traitée par les États-Unis que l’Arabie saoudite ou la Turquie et que tous les atlantistes forcenés doivent apprendre à marcher sans béquilles en attendant de devoir passer à la caisse : l’UE a payé pour l’Ukraine, bien plus que les États-Unis, l’UE veut continuer à payer pour l’Ukraine, à en croire Ursula, l’UE continuera à payer pour l’Ukraine, affirment les États-Unis, qui entendent bien rançonner l’Ukraine, et l’UE achèvera de se ruiner pour l’Ukraine, nouveau dominion états-unien qui y enverra ses généraux passés dans le civil diriger de lucratives sociétés américaines. Pendant ce temps, l’UE aura le choix entre continuer à acheter le gaz américain, continuer à ruiner le nucléaire français, acheter des armes américaines et se remettre à acheter du gaz russe, au prix fort – en attendant que les États-Unis ne coulent l’OPEP à laquelle appartiennent la Russie, futur allié contre la Chine, et l’Arabie saoudite, nouvel allié oriental des États-Unis, deux alliés qui méditent en ce moment ce que signifie être alliés aux États-Unis en contemplant la catastrophe politique complète que représente l’Union européenne, entièrement sous influence états-unienne, inféodée dans ses lois, ses financements et ses réseaux, sans en retirer le moindre bénéfice, au contraire.
Dans cette affaire, il faut quand même saluer l’action d’Emmanuel Macron : il essaie, avec l’arrogance maladroite qui est sa marque de fabrique, de porter une parole intelligente et juste : l’Union européenne, ni la France, ne peuvent être écartées par les États-Unis de la résolution d’un conflit où les États-Unis les ont entraînés, et aucun nouvel ordre mondial ne peut se dessiner sans le vieux continent qui a façonné le nouveau monde. C’est bien simple, la France joue en ce moment le rôle de puissance moyenne qui doit être le sien. Mais c’est Macron qui joue pour la France : c’est-à-dire qu’un président français pose au président européen sans en avoir le titre et prétend jouer d’une influence française qu’il a dissipée partout où les États-Unis sont capables de la mesurer, y compris en Ukraine et en Russie, tout en ayant en permanence donné les gages préalables de sa soumission à l’UE, créature des États-Unis.
Et nous sommes obligés de regarder cela.
https://www.actionfrancaise.net/2025/03/06/limpuissance-moyenne/
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