Un parti, un mouvement politique est le véhicule, le réceptacle
qui porte les idées de ses dirigeants, cadres, adhérents, sympathisants
et électeurs, pour les amener idéalement au pouvoir. Il incarne donc
aussi un lieu de rassemblement pour les porteurs desdites idées, dont il
est le reflet aux yeux des électeurs à convaincre. Si le fond prime sur
la forme, la doctrine sur la structure, le but sur le moyen de
l’atteindre, le « parti » ne serait donc qu’un accessoire dont on doit pouvoir changer pour mieux coller à l’air du temps (?), dissiper quelques malentendus et autres ambiguïtés
( ?) dans une stratégie de conquête du pouvoir. A fortiori quand la
formation en question est non pas un « parti » mais un Mouvement comme
le Front National, avec à sa tête une dirigeante du nom de Le Pen qui
incarne la continuité d’un combat politique qui a démarré avec son père
il y a près de soixante ans…mais est-ce aussi simple ?
Vendredi dernier, lors de son blog hebdomadaire, Jean-Marie Le Pen a réagi avec force à toute volonté de changer le nom du FN. Mi-décembre, Marine Le Pen avait réaffirmé que le changement du nom du FN n’était «pas un tabou», tout en se disant «assez attachée au nom FN». En tout état de cause dit-elle, «si un jour ce débat devait être ouvert, il serait ouvert auprès des adhérents pour savoir ce qu’ils en pensent».
Le 13 avril 2012, dans Le Monde, Marine avait précisé que ce sujet pourrait être discuté «après les législatives». «Si le grand Rassemblement Bleu Marine (RBM) est un succès, nous discuterons de cela », « si cet élargissement devient une réalité, c’est une réflexion que l’on aura », «Je suis absolument convaincue d’avoir des arguments qui susciteront une discussion intéressante».
Deux des vice-présidents du FN, Louis Aliot et Florian Philippot, ont respectivement affirmé pour le premier en décembre qu’«aucun débat n’est à écarter», tandis que le second assurait en juin que le «débat n’est pas tabou».
Louis et Florian avaient tenu des propos similaires peu avant les
dernières élections législatives, ce dernier précisant comme Marine que
«cela se fera en concertation avec tous les adhérents, parce qu’un parti politique c’est une grande famille».
Gilbert Collard (élu député sous les couleurs du RBM) avait été plus catégorique en affirmant le 22 avril 2012 qu’« (il était) partisan de changer le nom du Front National ».
«Je dirais que l’idée de changer le nom du FN, NDLR) c’est complètement débile, c’est scandaleux, c’est indécent. Le changement de nom du FN est impensable», a donc pour sa part affirmé Jean-Marie Le Pen ce 27 décembre.
«Ce nom a été honoré, il a créé une
condition d’existence d’un parti politique français depuis 40 ans, et il
a été soutenu par des milliers, des centaines de milliers de sacrifices
de militants et adhérents du FN».
Ces militants «ne toléreraient pas que je ne sais qui ou je ne sais quoi veuillent changer dans je ne sais d’ailleurs quelle intention plus ou moins honnête le nom d’un mouvement qui est très honorable, le Front National».
«Je suis sûr que les militants du FN
feront en sorte que les ambitions qui peuvent se manifester sur d’autres
couleurs ou d’autres noms ne puissent pas triompher», affirme-t-il.
Nous le notions déjà en octobre 2012, la
mise en orbite du Rassemblement Bleu Marine a fait craindre à certains
un effacement, voire une disparition programmée du Front National. Reste que pour l’instant le FN est bien le navire amiral de l’opposition nationale, le RBM restant très, très, très loin derrière le FN en terme de nombre de ses adhérents.
Les Français qui veulent soutenir matériellement, concrètement Marine
et les idées nationales, adhérent très majoritairement et en priorité
au FN, c’est une réalité.
A cette époque, le président d’honneur du FN avait été tout aussi catégorique: « Il n’y a que les boîtes en faillite qui changent de nom! ». «On fonde un autre parti quand on a fait faillite, pas quand on a du succès ! ».
«Est-ce que le champagne Mumm a changé de nom ? Est-ce que Pernod-Rocard, Mercedes ou Ferrari changent de nom ? (…). D’un point de vue marketing, le Front National est une marque extraordinaire.
Seule une maison en faillite change de nom », «ce sont des gens
extérieurs au Front National qui proclame cette idée idiote, pour se
faciliter les choses. (…). Un parti, ce n’est pas une étiquette,
c’est aussi une histoire, faite de chair et de sang, d’hommes et de
femmes qui ont souvent consenti de grands sacrifices personnels». «Tant que je serai vivant, le Front National ne changera pas de nom», affirmait encore Jean-Marie Le Pen dans l’hebdomadaire Minute qui consacrait alors sa Une au quarantième anniversaire de la création du Front National.
Une question essentielle est en effet de savoir si ce changement de nom aurait pour but de matérialiser un virage idéologique, s’il se ferait au détriment des idées nationales, portées historiquement par le FN, idées, valeurs qui seraient édulcorées, voire pour certaines effacées ? Mais quel serait l’intérêt, même purement et platement électoral, de rallier le troupeau, les rangs des partis du Système ? C’est le tranchant,
la singularité de nos idées qui font notre succès croissant, car ce
sont les faits qui valident le bien fondé de nos avertissements et de
nos réponses à la crise multiforme que nous subissons.
L’autre interrogation majeure est de savoir aussi si ce changement de nom accélérerait la dédiabolisation du FN, un des arguments parfois avancés par les partisans de ce changement ? Nous en doutons fortement. Tant que les nationaux, les patriotes œuvreront en commun dans une formation politique pour défendre l’identité
et la souveraineté nationales, les valeurs de notre civilisation
helléno-chrétienne, le refus de l’immigration-invasion, de
l’euromondialisme, de la décadence, ils subiront les foudres des grands prêtres du culte cosmopolite qui essaieront de les noircir aux yeux de nos compatriotes.
Nous avions mis en ligne sur notre blog
en octobre 2012, ce message d’un internaute, « Bernard », qui résumait
assez bien la tonalité générale : « J’ai adhéré au Front National
en janvier 2011 (…). Je précise que j’ai toujours admiré l’œuvre du
général de Gaulle tout en comprenant certaines des rancoeurs liées à
certains aspects de sa politique (…). Ni ce qui précède, ni le nom
Front National, ni l’histoire de ce parti et de ses fondateurs, ni la
réputation faite au Front National par ses ennemis ne m’ont empêché
d’adhérer au Front National. .Cette situation faite au Front National est en grande partie le résultat du savoir faire machiavélique de Mitterrand et de ses alliés. Il n’est pas urgent de s’incliner et de paraître leur donner raison alors que l’opinion commence enfin à changer. »
Interrogé sur ce point par Robert Ménard en mai 2012, Bruno Gollnisch avait dit : « Pour quel nom doit-on changer ?
C’est périlleux le FN a été combattu par nos adversaires qui ont
suscité des réflexes de craintes de peurs, voire de haine contre le FN. Je ne suis pas contre par principe, le but ce n’est pas le FN c’est l’intérêt de la France. »
« Mais je crois qu’il y a beaucoup de sacrifices qui ont été consentis par des gens du Front National et je pense qu’il est toujours dangereux d’abandonner une marque qui même si elle a été combattue, est aujourd’hui gratifiée par l’opinion publique d’avoir eu raison dans beaucoup de domaines et pas seulement dans le domaine de l’insécurité et de l’immigration mais aussi dans le domaine économique et financier… ».
Au sujet du changement de nom du FN,
Bruno Gollnisch rappelait déjà il y a trois ans que « dans ce domaine
comme dans beaucoup d’autres (il avait) des convictions très fermes »
mais « aucun dogmatisme ». « Le Front National est un instrument au
service de la France. Si le FN devait s’appeler autrement demain, je ne
m’attacherais pas l’étiquette mais à la substance. En revanche, si le
Front National devait abandonner ses convictions, il cesserait de
m’intéresser comme tel même s’il conservait le nom et la flamme. »
« Cela étant nuançait-il, je crois que
ce n’est pas un hasard si les marques Dior, Louis Vuitton, l’Oréal sont
tellement attachées à leur marque et la défendent bec et ongles (…). Une marque peut focaliser les hostilités, mais elle focalise aussi la fidélité. »
Bruno estimait donc que «tactiquement, ce serait une erreur de changer de nom ». « Mais,
si dans l’avenir, il y a une novation importante dans la vie politique
de notre pays, si nous devons donner le signe fort de quelque chose
d’autre, on pourra l’envisager. Après tout, quand j’ai été élu député en
1986, un certain nombre de mes collègues élus et moi, à l’initiative de
Jean-Marie Le Pen, l’ont été dans un cadre qui n’était pas
explicitement celui du Front National puisque c’était celui du
Rassemblement national… ».
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