2/ Deuxième erreur fatale : la droite fantôme a choisi d'exclure ses alliés potentiels au profit de ses ennemis.
L'acte
politique essentiel c'est la désignation de l'ennemi : c'est une
logique d'exclusion (l'ennemi que l'on désigne) mais aussi d'inclusion
(les partisans et les alliés qu'on rassemble contre cet ennemi). Cela
implique de faire des choix. Mais la droite de gouvernement a fait le
plus mauvais choix possible : celui d'exclure ses alliés potentiels au
profit de ses ennemis.
2.1
Le Front national
Le Front national
Il faut, bien sûr, à ce stade évoquer la question des relations avec le Front national.
L'idée
est répandue, à droite, que le Front national aurait été « inventé »
par F. Mitterrand pour la déstabiliser. Cette analyse conspirationniste
traduit une cécité remarquable :
- - d'abord, le populisme n'est pas un phénomène franco-français mais européen, voire occidental ; il exprime la souffrance des classes moyennes autochtones face à l'immigration de peuplement et face au déclassement dont elles sont victimes du fait de la mondialisation, de l’immigration et de la crise financière ;
- - ensuite, c’est la droite de gouvernement elle-même qui a favorisé l’essor du populisme : en effet, plus la droite de gouvernement se ralliait au politiquement correct, plus elle décourageait ses électeurs et plus elle ouvrait un espace politique à la droite populiste ;
- - enfin, le piège ne réside pas dans l'existence du mouvement populiste mais bien dans sa diabolisation par la droite de gouvernement, ce qui n'est pas la même chose. Sur ce plan, le piège métapolitique tendu par la gauche a parfaitement fonctionné. Le piège métapolitique a reposé techniquement sur des campagnes médiatiques à répétition à partir des années 1980 : notamment autour de l'attentat de la rue Copernic en 1980, lors de la campagne contre la Nouvelle Droite à la même époque, autour de la mort de Malik Oussekine lors des manifestations étudiantes de 1986 contre la réforme Devaquet, ou encore la campagne contre le Front national après la profanation du cimetière de Carpentras en 1993, pour ne citer que les plus marquantes.
Ces dernières campagnes présentaient de nombreux points communs :
- - une orchestration médiatique sans précédent : elles marquent en effet l'entrée en force du pouvoir médiatique dans l'espace politique ;
- - elles cherchaient à insuffler l'idée d'une résurgence de l'antisémitisme et du fascisme en France qui serait le fait des Français de souche, et d'une collusion occulte de ces « forces obscures » avec la droite de gouvernement ;
- - ces campagnes ont aussi visé à légitimer un dispositif de censure à l'encontre de la diffusion des idées de droite ; la campagne de la Nouvelle Droite a servi ainsi à mettre au pas le Figaro Magazine; celle contre le FN a visé tous ceux qui étaient coupables de professer les mêmes idées et à l'égard desquels un apartheid social a été mis en place.
Ces
campagnes ont surtout empêché tout renouveau intellectuel de la droite
de gouvernement autrement que dans le sens du politiquement correct, car
elles ont fixé des interdits qu’on devait respecter si l’on ne voulait
pas être diabolisé à son tour.
Afin de se dédouaner de l’accusation en sorcellerie politique,
constamment proférée par la gauche et les officines qui lui sont
dévouées, de « pactiser » avec « l'extrême droite », la droite fantôme a
dû donner des gages de plus en plus élevés et se montrer toujours plus
politiquement correcte. Elle a dû aussi sacrifier impitoyablement tous
ceux qui, dans ses rangs, prétendaient à l’union de la droite (Ch.
Millon notamment) ou défendaient des idées politiquement incorrectes
(ex. le député Ch. Vanneste ) : ils ont été abandonnés et ostracisés.
Bien
entendu c'est parce que la droite de gouvernement avait commencé de
renier son identité qu'elle a été victime de ces campagnes. Si ses
convictions avaient été plus assurées, il en aurait été autrement.
2.2
Un choix catastrophique
Le choix de diaboliser la droite populiste a été catastrophique pour toute la droite :Un choix catastrophique
- a)
D’abord, la droite a été tronçonnée artificiellement en deux
composantes de plus en plus hostiles : la droite politiquement correcte,
dite républicaine, et une « extrême droite » diabolique.
Face à cette situation, la droite de gouvernement a d’abord cru, encore par suffisance, qu'elle pourrait gagner toute seule en s'alliant avec une partie du centre. C'était la poursuite de la stratégie de Giscard D'Estaing (« deux Français sur trois »). Mais c’était un choix de moins en moins crédible à mesure que le vote populiste progressait.
La droite fantôme a alors adopté une curieuse stratégie: celle consistant à couper les ponts avec le Front national tout en prétendant récupérer ses électeurs. Elle a donc fait le contraire de la stratégie victorieuse d’union de la gauche : elle n'a pas recherché une alliance politique au sommet mais a cru que les électeurs à la base étaient interchangeables et qu’ils pourraient être séduits durablement par des promesses.
Cette stratégie a échoué parce que la diabolisation du FN a été ressentie comme un mépris de son électorat : il était dans ces conditions optimiste d'escompter que celui-ci se mobilisât pour les candidats de droite, a fortiori quand certains représentants de la droite fantôme, et non des moindres (ex. Juppé, NKM), déclaraient qu'ils préféreraient voter pour un candidat socialiste plutôt que pour un candidat du FN. A noter que de son côté le FN n’appelait pas à voter pour un candidat UMP face à la gauche, mais en général prônait plutôt l’abstention.
- b)
La stratégie de désunion a ensuite obligé la droite de gouvernement à
se battre sur deux fronts : contre la gauche et contre la prétendue
extrême droite. La gauche, elle, n'a toujours eu qu'un seul ennemi : la
Droite, avec un grand D, qu'elle accusait de collusion avec l'extrême
droite de toutes façons (et cela depuis 1980, c'est-à-dire depuis la
campagne de l'attentat de la rue Copernic). La droite fantôme a donc
adopté un positionnement ni/ni, pour essayer de conserver un espace
entre la gauche et la droite populiste.
La droite a donc été contrainte à des contorsions sémantiques de plus en plus difficiles et de moins en moins crédibles. C’est comme cela qu’elle s’est ralliée à des mots d’ordre incompréhensibles, des oxymores politiques comme par exemple « l’immigration choisie », la « laïcité positive » ou le « produire français ». Ces oxymores n’étaient plus crédibles alors que l'opinion était de moins en moins « centriste » à mesure que la crise, notamment économique et sécuritaire, s'amplifiait.
- c) Enfin, cette diabolisation a ancré la droite populiste dans l’espoir fou qu’elle pourrait gagner seule, interdisant en retour toute dynamique d’union : un espoir arithmétiquement impossible et par conséquent facteur de découragement et de discorde interne. Sur ce plan la droite populiste a aussi fait preuve de suffisance.
* * *
3) Troisième erreur fatale : la droite fantôme a raté son rendez-vous avec le peuple français
Au
début de la Ve République, la droite était majoritaire et populaire :
c’est l’apport du gaullisme qui était bien, à sa manière, un « populisme
», comme le faisait remarquer F.G. Dreyfus. Le fondateur de la Ve
République voulait en outre sortir du « système des partis » et ancrer
l’exécutif dans la souveraineté populaire directe : l’élection au
suffrage universel direct du président de la République et la pratique
référendaire devaient y pourvoir.
3.1
Une droite devenue oligarchique
Une droite devenue oligarchique
Mais
la droite, comme la gauche, est au contraire devenue oligarchique à la
fin du XXe siècle. Cette conversion résulte avant tout de la conversion
des appareils à la nouvelle idéologie dominante, cocktail idéologique né
de la fusion du libéralisme mondialiste et des valeurs de la gauche, en
particulier l'idéologie des droits de l'homme.
Gauche
et droite ont ainsi abandonné le peuple autochtone. Mais cela a été
plus grave pour la droite que pour la gauche car cette dernière a vite
trouvé, en effet, dans l'immigration un peuple de rechange. Le
politiquement correct, qui baptise de banlieues ou de quartiers «
populaires » les zones où les immigrés se sont installés, traduit pour
une fois fidèlement cette substitution : désormais l'immigré c'est bien
le peuple de gauche !
La droite fantôme, elle, a été incapable de trouver un peuple de substitution :
Au plan organisationnel,
cette dérive oligarchique s'est traduite par le fait que les appareils
politiques de la droite fantôme se sont coupés des préoccupations de
leurs militants et de leurs électeurs.
Au plan sociologique, cela a conduit la droite fantôme à se désintéresser du sort de la classe moyenne autochtone.
Or,
c'est la classe moyenne qui est la grande perdante du système
économique et social qui s'est mis en place en Europe. C'est elle qui
souffre du chômage, des politiques d'ajustement économiques, de la
désindustrialisation et du fait que l'ascenseur social ne fonctionne
plus pour cause d'implosion du système éducatif. C'est elle aussi qui
souffre de l'immigration et de l'insécurité et, d'une façon générale, de
la perte des repères du fait de la révolution des mœurs. C'est elle qui
souffre de la perte de la « décence commune », comme disait Orwell.
C'est elle enfin qui supporte le poids du fiscalisme et la diminution de
la protection sociale.
La
souffrance de la classe moyenne autochtone a longtemps été
intériorisée, car culpabilisée, comme celle du prolétariat au XIXe
siècle. Mais elle trouve aujourd'hui une expression politique dans le
vote populiste et la protestation identitaire.
Si
l’on a pu dire que le socialisme était « le cri de douleur » du
prolétariat, ce que le système médiatique nomme populisme avec mépris
devient « le cri de douleur de la classe moyenne autochtone ». Car ce
cri de douleur n’a pas été entendu par les autres formations politiques,
de droite comme de gauche.
La
droite de gouvernement a donc raté son rendez-vous avec la classe
moyenne : en se soumettant au politiquement correct, elle s’est interdit
de répondre à ses attentes. Elle n'a donc pas vu, ou a vu trop tard,
que sa base sociologique s'effritait ni que la bourgeoisie et le
patronat ne voyaient plus la gauche comme un repoussoir, à la différence
de 1981. Elle n'a pas vu non plus qu'en promouvant l'immigration pour
complaire au patronat ou au politiquement correct, elle se coupait des
classes populaires autochtones et fournissait, au surplus, à la gauche
une masse de manœuvre électorale qui sera décisive en 2012. Elle n'a pas
vu le mouvement démographique qui conduit les grandes villes à basculer
à gauche.
3.2
La droite fantôme a, au surplus, trompé en permanence son électorat
La droite fantôme a, au surplus, trompé en permanence son électorat
La
gauche a, certes, historiquement échoué à sortir du système
capitaliste. Mais elle a, par contre, réussi à transformer la société
conformément à l'idéologie des Lumières et elle a mis en œuvre une bonne
partie de son programme électoral.
La
droite de gouvernement a toujours eu, au contraire, beaucoup de mal à
appliquer son programme. Elle scénarise à chaque élection un duel
frontal avec la gauche, avec la complicité de cette dernière, dans le
but de séduire leur électorat respectif, mais c’est ensuite pour
cohabiter avec la gauche, pour faire entrer au gouvernement des
ministres issus de la gauche au titre de « l’ouverture » ou pour en
rajouter sur le politiquement correct. Dans le même registre elle met
aussi en scène à chaque élection un discours plus « souverainiste » (de
Pasqua à De Villiers, sans oublier l’Appel de Cochin de Chirac) ou «
sécuritaire » (en général ce rôle incombe au ministre de l’Intérieur en
place : de Pasqua à Guéant) pour aller à la pêche aux voix. Mais ensuite
ces joueurs de flûte font le contraire ou font beaucoup moins que ce
qu’ils ont promis.
Car la droite de gouvernement préfère l'agrément médiatique à la volonté de son électorat. D'ailleurs,
elle disait même quelle préférait « perdre les élections plutôt que son
âme ». Traduisons : la droite donnait la priorité au conformisme
idéologique sur la volonté populaire.
Les
réformes les plus contestables qui ont bouleversé notre société, et
dont l’effet cataclysmique se fait sentir aujourd’hui, ont d’ailleurs
été prises par des gouvernements et des présidents de droite et non de
gauche : la déstructuration de l’enseignement scolaire et universitaire,
la loi Pleven qui ouvre la voie au chantage « antiraciste »,
l'interdiction faite à la Banque de France d'acheter de la dette
publique, le regroupement familial des immigrés, la légalisation de
l’avortement, l’imposition du Traité de Lisbonne, l’annonce des «
repentances » successives, la perte de la souveraineté monétaire, la
réintégration de l’OTAN, la mise en place des quotas féministes, la
création de la HALDE, la « discrimination positive », etc.
C’est
aussi la droite qui a bouleversé, au nom de l’idéologie néolibérale de «
l’Etat de droit », le système de contrôle de la constitutionnalité des
lois : elle a transformé le Conseil constitutionnel et d'une façon
générale les juges en commissaires politiques, c'est-à-dire qu’elle a
organisé la primauté des juges inamovibles sur les législateurs élus.
C'est la droite qui a établi le principe de la supériorité des traités
internationaux sur les lois nationales.
La gauche a, certes, supprimé la peine de mort, voté les lois Auroux sur le pouvoir syndical dans l’entreprise, instauré les 35 heures et voté la loi Fabius-Gayssot. Mais cela ne saurait cacher que globalement c’est la droite de gouvernement qui a gouverné le plus longtemps et qui a à son passif le plus de réformes calamiteuses pour notre pays. C’est elle qui a le plus trompé son électorat.
La gauche a, certes, supprimé la peine de mort, voté les lois Auroux sur le pouvoir syndical dans l’entreprise, instauré les 35 heures et voté la loi Fabius-Gayssot. Mais cela ne saurait cacher que globalement c’est la droite de gouvernement qui a gouverné le plus longtemps et qui a à son passif le plus de réformes calamiteuses pour notre pays. C’est elle qui a le plus trompé son électorat.
3.3
La droite fantôme n'a tiré aucun profit politique
La droite fantôme n'a tiré aucun profit politique
Il
y a cependant une morale à la triste histoire de la droite : la droite
fantôme n'a tiré aucun profit politique durable d'avoir vendu son âme à
la gauche pour rester au pouvoir, comme le montre l'évolution,
c'est-à-dire la dégringolade, de ses résultats électoraux ; voir la part
des voix de droite (hors « extrême droite ») au premier tour des
législatives (métropole) en % des inscrits :
– 1962 : 36,9% ; 1968 : 46,25% ; 1978 : 38,14% ; 1986 (élection à la proportionnelle) : 33,51% ; 1988 : 26,22% ; 1997 : 23,55% ; 2002 : 26,9% ; 2012 : 22%.
La
tentative de rendre la droite politiquement correcte, qui était au cœur
de la stratégie de tant de leaders de la droite, était vouée à l'échec.
Par construction, en effet, le politiquement correct est de gauche. Et
la droite ne sera jamais assez de gauche aux yeux de la gauche. En
perdant son âme, la droite ne pouvait que décourager puis perdre ses
électeurs. C'est bien ce qui s'est passé.
Entre 1978 et 2012 la droite fantôme a perdu 16 points en électeurs inscrits
(et le FN en a, au contraire, gagné 7 dans une élection qui lui est au
surplus défavorable). En d'autres termes, le marché politique a
clairement sanctionné la stratégie suicidaire de la droite fantôme : ses
électeurs la quittent.
* * *
4) Une conclusion volontariste
4.1
La droite doit avoir du courage
La droite doit avoir du courage
L’histoire
de la droite en France depuis les années 1870 est l’histoire de ses
déchirements et de ses luttes fratricides. Alors que les querelles de la
gauche sont toujours restées, selon la formule célèbre de Léon Blum
lors du congrès de la SFIO de 1920 qui voit le départ des communistes,
des « querelles de famille » (« Malgré tout restons des frères, des
frères qu'aura séparés une querelle cruelle, mais une querelle de
famille, et qu'un foyer commun pourra encore réunir »). La victoire
durable de la gauche est notamment la conséquence de cette dynamique
d’union, qui fait passer le principal avant l’accessoire.
Pour gagner, la droite doit donc avoir le courage de s’inspirer de cette stratégie : le courage, car l’union suppose de prendre des risques.
Il
ne faudrait pas croire, en effet, que l'union de la gauche, concrétisée
par la signature du Programme commun le 27 juin 1972, ait été facile.
Au contraire, toute l'histoire politique du début du XXe siècle voit
l'affrontement, souvent violent, entre les frères ennemis socialistes et
communistes, entre les réformistes et les révolutionnaires. A partir de
la guerre froide le conflit porte également sur les valeurs, les
socialistes se rangeant dans le camp atlantiste, face au « totalitarisme
» communiste ; les communistes promettent de leur côté de « plumer la
volaille socialiste ». L'idée d'une alliance entre socialistes et
communistes paraît alors contre nature à tout le monde.
Il
a fallu la stratégie personnelle de F. Mitterrand dans les années 1970
(après les échecs de 1965, de 1968 et de la présidentielle de 1969 où le
communiste J. Duclos obtient 21,3% des voix contre 5% à Defferre) pour
inverser la tendance et pour que la gauche comprenne qu'elle ne
gagnerait pas sans une alliance PC/PS. Il a fallu que F. Mitterrand
impose cette ligne au PS, ce qui n'avait rien d'évident puisque celui-ci
était alors dominé électoralement par le PC, et de longues négociations
d'appareils et de travaux de clubs pour aboutir à une convergence
politique entre le PC et le PS autour d'un programme commun de
gouvernement ; et 10 ans de mise en pratique électorale de l'union avant
d'aboutir à la victoire à la présidentielle de 1981.
L’union de la droite sera donc difficile, comme l'a été en son temps l'union de la gauche. Elle sera difficile, comme tous les commencements.
L’union de la droite sera donc difficile, comme l'a été en son temps l'union de la gauche. Elle sera difficile, comme tous les commencements.
4.2
L’union suppose la recherche de convergences
L’union suppose la recherche de convergences
L'union
suppose, en effet, de rechercher désormais prioritairement des
convergences susceptibles de rassembler toutes les composantes de la
droite et de minimiser, au contraire, les divergences ou de les reporter
après la victoire : c'est donc faire le contraire de ce qui a été fait
ces 20 dernières années tant du côté de la droite fantôme que du côté de
la droite populiste.
L'union
de la droite est possible si la droite de gouvernement cesse
d'ostraciser la droite populiste. L'union de la droite est possible que
si la droite populiste cesse de croire qu'elle pourra gagner toute
seule. Plutôt que de débattre des « valeurs » il serait plus efficient
de réfléchir à un véritable programme commun de la droite plurielle.
Cela
est possible et avait d'ailleurs été tenté avec succès dans le
programme électoral de 1986. Car, contrairement à ce que prétendent ceux
qui nous font croire qu'un fossé de « valeurs » séparerait la droite du
courant populiste – idée, bien sûr, suggérée par la gauche –, les
sujets de convergence ne manquent pas.
4.3
Le Mitterrand de la droite
Le Mitterrand de la droite
Une
dernière question se pose évidemment : Qui sera le Mitterrand de la
droite ? Qui sera l'auteur de la rupture fondatrice ? Pour le moment on
ne voit pas bien où il est…
Car
il y a à l'évidence un problème d'élites politiques dans notre pays.
Les dernières grandes ruptures politiques ont été, comme par hasard,
l'œuvre d'hommes de la IIIe ou de la IVe République : De Gaulle,
Mitterrand, Le Pen, c'est-à-dire d'une génération qui avait connu le
risque et la guerre, une génération forte issue d'une période chaude de
l'histoire.
Aujourd'hui,
la génération au pouvoir, à droite comme à gauche d'ailleurs, est une
génération molle, issue d'une période froide de notre histoire. C'est la
génération de Mai-68 : une génération qui n'a jamais rien risqué, qui
n'a jamais souffert de rien, une génération conformiste, « normale »,
c'est-à-dire domestiquée par le Système.
Mais
nous entrons à nouveau, avec la crise du Système occidental, dans une
période chaude de notre histoire, où il y aura de moins en moins de
place pour les gens « normaux ».
L'histoire
est le lieu de l'inattendu, comme dit l'historien D. Venner. On ne doit
donc pas exclure que se lèvent à droite des hommes et des femmes qui
soutiendront le pari de l'union : il nous revient de les découvrir, de
les encourager et de les promouvoir.
«
Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas.
C'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles » (Sénèque).
La droite fantôme est moribonde ? Vive la droite plurielle !
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