Une
règle semble s’établir : plus le gouvernement démontre son
incompétence, plus il affiche son mépris pour ceux qui le contestent. Sa suffisance n’a d’égale que ses insuffisances, comme dit la sagesse populaire.
Il
est logique que la porte-parole du gouvernement figure en bonne place
dans la série. Prise la main dans le sac pour avoir fait de la
propagande en faveur du « mariage » homo dans un collège public, et
chacun peut la voir et l’entendre sur une video, elle ose accuser
Christine Boutin, qui s’en offusque à juste titre, de « manipulation
grossière ». Sa justification consiste à prendre les Français pour des
imbéciles. Elle était là dans le cadre de la lutte contre l’homophobie,
dit-elle. Traduire : on peut faire la promotion du « mariage » unisexe
dans les établissements publics parce que ça rentre dans le cadre de la
lutte contre l’homophobie. On ne peut pas l’évoquer dans les
établissements catholiques, parce que cela favoriserait l’homophobie, ce
que n’a pas manqué de dire l’inénarrable Peillon. Ce déni infantile a
le mérite d’un double dévoilement : c’est d’abord l’expression d’un
refus de la démocratie et du pluralisme qu’elle exige. La gauche qui
sévit en France est idéologique et intolérante. C’est ensuite la
démonstration sans doute involontaire que la lutte contre l’homophobie
peut être le Cheval de Troie du prosélytisme homosexuel.
Dans
le duo Peillon/Vallaud-Belkacem, chacun aura reconnu un morceau
d’anthologie : l’arroseur arrosé. L’impayable Peillon, qui n’a rien
appris, ni rien oublié depuis Ferdinand Buisson, voulait donner une
leçon de laïcité à une école catholique, qui, par définition n’y est
nullement tenue et il se prend en pleine figure la démonstration de
l’absence de neutralité d’un ministre de la République dans un
établissement de l’enseignement public. Il faut d’ailleurs reconnaître à
notre ministre de l’éducation nationale, un talent pour les gaffes qui
confine au génie. On peut compter sur lui pour rallumer les mèches ou
les pétards qui s’éteignent. C’est ainsi qu’il avait souhaité rouvrir le
débat sur la légalisation du cannabis. Dans les deux cas et chez nos
deux ministres, les mots sont les mêmes : il faut « avancer », «
arracher » les préjugés familiaux de la tête des enfants, la France ne
doit pas être « retardataire ». Le bon sens, c’est le cas de le dire,
nous enseigne pourtant que la marche arrière est bien utile pour sortir
d’un sens interdit dans lequel on s’est engagé par absence de «
précaution ». Les propagateurs de la pédophilie libérée des années 1970
en sont le vivant témoignage, eux, qui parlent beaucoup, mais refusent
qu’on en reparle. Le bon sens familial aura tendance à dire aux
ministres : mêlez-vous de vos affaires et les vaches seront bien
gardées. Quant à la France, depuis le temps que la droite et surtout la
gauche lui font descendre les marches, elle aurait bien envie d’en
remonter quelques-unes.
En
pointe de cette vague, il y avait Duflot, cette géographe spécialiste
de l’environnement qui situait le Japon et son terrible Tsunami dans
l’hémisphère austral. Elle avait, elle aussi, plaidé pour la
légalisation du cannabis pour des raisons écologiques mystérieuses et
participé à la cathophobie gouvernementale en dénonçant l’égoïsme
foncier de l’Eglise, pourtant engagée au premier chef dans l’aide aux
sans-logis. Le président de la République avait d’ailleurs, sans doute
par souci de cohérence dogmatique, fait retirer le portrait de l’abbé
Pierre de la tribune sur laquelle il intervenait lors d’une visite à
Emmaüs. Le locataire de Matignon, lui qu’on accuse à tort de ne pas
savoir diriger son gouvernement, a pourtant su donner le sens de la
marche. Il n’y a personne qui sache, comme lui, se prendre les pieds
dans le tapis avec autant d’assurance et de constance. « Minable »
avait-il dit de Depardieu à propos du départ de celui-ci pour la
Belgique, le pays de Waterloo. Il n’a pas pensé un seul instant que
Depardieu était un artiste mondialement connu, et qu’on le veuille ou
non, associé à l’image de la France. Il a donc réussi ce coup de la
gaffe à trois bandes : d’abord, dire au monde entier que notre
matraquage fiscal en constante évolution était un piège qu’il fallait à
tout prix éviter, ensuite dire aux russes soucieux de démocratie que
leur système pouvait être jugé préférable au nôtre, enfin susciter chez
Gégé ce rôle grandiose du bouffon, au sens le plus noble du terme,
c’est-à-dire de celui qui peut dire au roi qu’il est grotesque quand il
l’est. Son exil au pays de la Bérézina est une provocation jubilatoire
qui devrait aider le pouvoir à être lucide : il n’est pas à la hauteur
de sa prétention.
Correspondance Polémia – 13/01/2013
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