Depuis des semaines, l’Aipac (American
Israël Public Affairs Comittee) se déchainait contre lui, afin
d’empêcher le président réélu de le nommer à ce poste stratégique.
Contre Hagel, ses opposants ont sorti l’artillerie lourde : il est, à
mots plus ou moins couverts, traité d’antisémite – et sur un autre sujet
d’être homophobe. Des accusations terribles, dont Obama a donc décidé
de ne pas tenir compte. Et de nommer cette personnalité atypique à la
tête du Pentagone. En envoyant du même coup, un message de défiance au
gouvernement israélien.
Car les relations militaires entre les
Etats-Unis et Israël sont extrêmement étroites et l’arrivée au Pentagone
d’un responsable critique vis à vis de la politique de l’Etat hébreu
est un signal important, même si, diplomatiquement, Chuck Hagel a
aussitôt affirmé son « soutien total » à Israël…
Durant son premier mandat, Obama n’a pas
été très actif sur la scène du Proche-Orient, laissant le gouvernement
israélien poursuivre sa politique de colonisation des territoires
palestiniens. Les Etats-Unis ont même voté contre la reconnaissance de
la Palestine par l’Onu. Ce qui n’a pas empêché le Premier ministre
israélien « Bibi » Netanyahou de soutenir ouvertement Mitt Romney, le
rival d’Obama, durant la campagne électorale américaine... Libéré du
souci de sa réélection en 2018 – la Constitution lui interdisant un
troisième mandat – Barack Obama sera-t-il plus offensif dans les
prochains mois ? C’est possible. Il est attendu sur, au moins, deux
grands dossiers : une éventuelle relance des discussions entre Israël et
le tout nouvel « Etat de Palestine » et la question de l’Iran, alors
qu’une partie des dirigeants israéliens envisage toujours une solution
militaire contre le programme nucléaire de Téhéran.
Issu d’un milieu modeste, Chuck Hagel,
66 ans, est une personnalité politique originale. Secrétaire à la
Défense d’Obama, il est membre du parti républicain. Ce n’est d’ailleurs
pas la première fois qu’Obama choisit un républicain pour le Pentagone,
puisqu’il y avait maintenu Robert Gates, nommé par George W. Bush.
Hagel est incontestablement un homme de droite, mais il appartient à ce
courant minoritaire du parti républicain, réaliste et peu sensible au
discours néoconservateur. Il a été sénateur du Nebraska (1997-2009) et
n’a jamais craint de prendre des positions hétérodoxes, par exemple en
critiquant la conduite de la guerre d’Irak. C’est un vétéran de la
guerre du Vietnam où il a servi (1967-68) comme sergent dans
l’infanterie. Il y a été blessé deux fois et décoré de la Purple Heart.
De quoi tenir tête aux généraux du Pentagone, où il va devoir
s’attacher à réduire les énormes dépenses militaires de son pays.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire