Depuis octobre 2006 paraît tous les deux mois la revue politique et culturelle, nationale et identitaire, Synthèse nationale
dirigée par Roland Hélie. Disposant d’un site Internet et tenant une
manifestation annuelle de rencontres, d’échanges, de discussions et de
réflexions dans la capitale, voilà qu’elle dispose dorénavant d’une
maison d’éditions. Celle-ci vient de publier un ouvrage collectif
d’auteurs français, espagnols, belges et hongrois. « Ce livre, écrit
Roland Hélie, publié à l’occasion de la VIe Journée nationale et identitaire organisée par Synthèse nationale le 11 novembre 2012 à Paris » rassemble les réponses à quatre principales questions que leur pose le directeur du bimestriel.
La
palette des intervenants est large. Elle témoigne de la diversité, de
l’hétérogénéité même, du courant national et identitaire. On a la
surprise de ne compter que 28 signatures, mais trente est un nombre rond
plus satisfaisant. En plus, il faut prendre en compte l’introduction de
Roland Hélie et le trentième point de vue est nécessairement celui du
lecteur. Si l’on établit une typologie – sommaire et un peu grossière –
des tendances qui s’y expriment, on remarque que le royalisme n’a qu’un
seul représentant : Franck Abed. Les nationaux sont cinq (Francis
Bergeron, Pierre Descaves, Bruno Mégret, Martin Peltier et Jean-Claude
Rolinat), huit proviennent de la « nébuleuse néo-droitiste » (Gabriele
Adinolfi, Patrick Parment, Philippe Randa, Gilbert Sincyr, Robert
Spieler, Pierre Vial et deux rédacteurs réputés d’Europe Maxima,
Pierre Le Vigan et Georges Feltin-Tracol), neuf du nationalisme sous
toutes ses facettes (Serge Ayoub, Thibaut de Chassey, André Gandillon,
Olivier Grimaldi, Pieter Kerstens, Luc Pécharman, Alain Renault, Hervé
Van Laethem et Gabor Vona, le président du Jobbik hongrois) et
cinq sont hors-catégorie (Lionel Baland, Nicolas Gauthier, Dr Bernard
Plouvier, Enrique Ravello) ainsi qu’un conservateur naïf, Marc Rousset,
qui plaide pour l’espéranto comme langue de la construction européenne !
Comme
il est habituel dans ce genre de livre, les réponses sont variées et
inégales tant par leur pertinence que par leur qualité. On est en
revanche heureusement surpris par la volonté de tous de remédier à la
panne (à l’impasse ?) européenne. Si, pour Alain Renault, « la question “
européenne ” n’est plus seulement géographique mais avant tout
biologique » du fait de l’immigration de peuplement, Patrick Parment
constate que « les partis sont des gestionnaires de carrière », donc les
premiers responsables de la nullité politique, alors que Franck Abed
affirme avec justesse que « la République en France est le parti de
l’étranger ».
Immigration
et domination des formations politiciennes favorisent dans les faits un
« désarmement moral, énonce Francis Bergeron, [qui] se juxtapose ou se
confronte à l’expansionnisme idéologique (islam), territorial
(immigration extra-européenne), démographique (forte natalité d’un côté,
valorisation de l’avortement et de l’homosexualité de l’autre), moral
(vision optimiste et dynamique, volonté entrepreneuriale d’un côté, et
le “ tous fonctionnaires ”, de l’autre) ». Plus qu’économique, le mal
qui frappe l’Europe est surtout existentiel. Notre continent «
se trouve aujourd’hui au bas de l’échelle, dominée par n’importe quel
État d’Asie, tout juste bonne à servir de musée et de parc d’entertainment
aux touristes du monde, s’indigne Martin Peltier ». « Une civilisation
meurt, ajoute Pierre Le Vigan, quand ses élites ne comprennent pas la
nature d’un processus en cours, ou quand elles en sont complices – ce
qui est le cas. Les élites sont le moteur du productivisme effréné, de
la mondialisation capitaliste, de la consommation et consumation de la
planète par l’homme. »
Par
ailleurs, « l’Europe de Bruxelles, qu’il faut considérer comme
illégitime car elle ne correspond pas à la volonté des peuples
européens, bernés et domestiqués par un conditionnement mental
permanent, subit les conséquences de sa dépendance à l’égard des forces
mondialistes, estime Pierre Vial. Elle paie le prix de la perte de sa
liberté ». Plus définitif encore, Enrique Ravello affirme que «
l’actuelle Union européenne est le plus grand ennemi de l’Europe ainsi
que des peuples et des pays qui la constituent : elle est mondialiste,
néo-libérale et soumise aux États-Unis ». Cette américanisation des
esprits lobotomisés fait dire à Nicolas Gauthier qu’« en tant
qu’Européen de l’espèce maurrassienne, je me sens plus chez moi à
Téhéran qu’à New York ».
Paradoxalement pourtant, la crise actuelle de l’Europe est plus que nécessaire, elle est même salutaire. « Par “ crise ”, rappelle Gabriele Adinolfi, nous entendons ce que le mot signifie au sens étymologique, c’est-à-dire passage, transformation, ou si vous voulez, un changement radical guidé du haut. » Le sursaut
réclamé se traduira par une « Reconquête, prévient Robert Spieler,
[qui] sera, sur tous les plans, européenne ou ne sera pas ». « L’Europe
que nous voulons, déclare pour sa part Gilbert Sincyr, pourrait se
définir en trois mots : identitaire, autonome et solidaire. » Le Vigan
confirme le propos en prévenant qu’« il est temps de réhabiliter le
local car l’universel qui prétendrait se passer du local tuerait la vie
elle-même de sa chair ». « La fin de l’État-nation et de la démocratie
(Adinolfi) » favorise la renaissance du local. « Face à la
restructuration dirigiste, mondialiste, esclavagiste, classiste,
supranationale, il est possible seulement de recréer l’organicité
sociale à la base et d’agir pour que le changement en cours soit ancrée
dans le local et encore pour que le local fasse aussi fonction de
freinage dans la course culturelle et politique permettant qu’une
souveraineté continentale, expression d’identités locales, surgisse à la
place de la dimension cosmopolite (Adinolfi). »
Les
contraintes du réel invitent à procéder par paliers successifs. « Le
souverainisme national ne me paraît pas tenable à long terme, mais il
peut être une étape avant de construire une Europe autocentrée, un
protectionnisme européen, une maîtrise européenne des frontières, un
souverainisme européen en d’autres termes, pense Le Vigan. » Si le cadre
de l’État-nation fait défaut, agissons autrement. Pour Serge Ayoub, « Troisième Voie
se concentre essentiellement sur la formation d’une communauté des
travailleurs aptes à faire face à la crise. La B.A.D. (Base autonome
durable), la pénétration syndicale, l’autonomisation économique par
rapport au système, voilà des réponses adéquates à la situation
économique que la France va affronter ».
L’action
doit prendre de nouvelles formes. Gabriele Adinolfi nous suggère de «
procéder dans un esprit néo-sorelien, mais aussi néo-gibelin, à la
création de coopératives liées à des territoires donnés et aux
catégories sociales. Il faut envisager la création de caisses d’épargne
ou de banques de secours mutuel qui financent la production par les
investissements des classes productives elles-mêmes. » L’objectif doit
tendre vers « une Europe identitaire et solidariste (aux bons sens des
termes) [qui] est la seule solution pour pouvoir sortir de cette crise
», affirme Hervé Van Laethem qui juge que « seule une troisième voie
économique entre le libéralisme sauvage et le dirigisme socialiste
pourra nous sauver de ce qui s’annonce comme une tragédie sociale. Et
seule une idéologie profondément anticapitaliste, comme l’est le
solidarisme, permettra de mettre en place une telle politique ». Cette
troisième voie est aussi défendue par Georges Feltin-Tracol qui assure
que « notre Europe saura concilier la puissance et la décroissance et
s’inspirera de l’expérience de Fiume avec Gabriele d’Annunzio, du modèle
suisse et de l’exemple de la Corée du Nord ! ».
Ce
livre impose finalement une « certitude, croit Roland Hélie : la fin de
notre civilisation et de notre identité ne sont pas une fatalité ».
Espérons que nos compatriotes européens prendront conscience des périls
et riposterons le moment venu.
Bastien Valorgues http://www.europemaxima.com/
• Sous la direction de Roland Hélie, Face à la crise : une autre Europe ! 30 points de vue iconoclastes, Les Bouquins de Synthèse nationale (116, rue de Charenton, F – 75012 Paris), 2012, 163 p., 18 €.
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