La présidente du Medef met encore une
fois sur la table la question d’une nouvelle réforme des retraites,
mais dans un sens différent de l’exécutif.
Bien qu’empêtrée dans sa tentative de modifier les statuts
pour rester à son poste deux ans de plus, Laurence Parisotn’a rien
perdu de sa détermination à faire «bouger les lignes», pour reprendre le
slogan du programme présidentiel du Medef en 2007. Lors de sa
conférence de presse mensuelle mardi, où elle est apparue fatiguée et
les traits tirés, la présidente de l’organisation patronale a mis encore
une fois sur la table la question d’une nouvelle réforme des retraites,
mais dans un sens différent de l’exécutif. «Il est illusoire de
croire que les difficultés sont derrière nous après la réforme de
2010», a martelé la patronne des patrons.
Pour Laurence Parisot, les choses sont même presque aussi simples qu’en 2008 lorsqu’elle avait été la première à préconiser un recul de l’âge de départ à la retraite pour
équilibrer à terme les régimes de retraite. Elle avait proposé de
repousser le curseur jusqu’à 63 ou 65 ans, s’attirant alors les foudres
de Nicolas Sarkozy au prétexte qu’une telle mesure ne figurait pas dans
son programme de campagne. «Tous nos voisins ont choisi, à l’horizon
2035 ou 2040, de reculer l’âge légal de départ à 66 ou 67 ans, a-t-elle
expliqué. On ne pourra pas résoudre les problèmes que nous connaissons
avec des mesures du type de désindexation des pensions. Nous devons
lancer le débat sur des orientations claires à moyen terme et la
question de l’âge légal devra être reposée.»
Un trou de 20 milliards
Les mesures conservatoires à court
terme, qui doivent être arrêtées par les partenaires sociaux pour sauver
les régimes complémentaires de la banqueroute, ne suffiront pas. Le mal
est plus global. Le Conseil d’orientation des retraites (COR) l’a
d’ailleurs clairement indiqué en décembre en chiffrant à 20 milliards
d’euros le besoin de financement de l’ensemble des régimes en 2020. Et
il devrait le refaire le 23 janvier en publiant un nouveau rapport, bien
plus complet, sur «l’état des lieux du système français».
La réforme à venir, en tout cas, ne
pourra être que globale. Pour la présidente du Medef, l’âge de départ ne
devra pas être la seule variable d’ajustement. «C’est une combinaison optimale entre recul de l’âge de départ et allongement de la durée de cotisation qu’il convient de trouver»,
assure-t-elle. Non sans souffler quelques orientations plus générales
sur les dépenses sociales qui lui tiennent à cœur et qu’elle répète à
l’envi dès que l’occasion se présente.
«Je suis frappée de voir que le
gouvernement n’aborde jamais la question, a-t-elle donc fustigé.
François Hollande nous dit qu’il va devoir baisser de 60 milliards
d’euros les dépenses publiques sur le quinquennat mais ne donne jamais
les modalités ni les pistes pour y parvenir.» Pour elle, c’est pourtant on ne peut plus clair, la solution passe aussi par «une réforme du financement de la protection sociale, de l’Assurance-maladie».
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