Michel Leblay, économiste que
nos lecteurs connaissent bien, expose son analyse économique comparative
des six pays phares de la zone euro – soit qu’ils soient les trois
premières puissances économiques de l’ensemble, soit qu’ils soient
confrontés à des difficultés majeures – à un moment où la monnaie unique
est fortement attaquée par toute une école de politiques et
d’économistes ainsi que par les marchés, mettant en péril la cohésion et
la stabilité de la zone. Ce texte, d’une très grande technicité et
illustré de nombreux tableaux s’ouvre sur une introduction qui donne le
fil que suit l’auteur et que Polémia retient comme présentation. Le
développement sera consultable en version PDF à laquelle le lecteur
pourra se rendre selon l’indication qui lui est donnée en fin de cette
introduction.
Polémia
Polémia
L’expression dominante au sein des
classes politiques européennes et parmi les économistes les plus écoutés
ou les plus sollicités présentait l’euro, à sa création, comme un gage
de stabilité et une promesse de prospérité. La monnaie unique, après
treize années d’existence, interpelle sur son avenir. Depuis la nouvelle
crise financière d’origine américaine intervenue en 2008, la zone euro
est ébranlée par les tensions successives affectant les marchés des
dettes publiques de plusieurs Etats membres. Afin de maintenir l’unité
de la zone et de redresser la situation économique des pays menacés
d’insolvabilité, les autorités gouvernementales et monétaires de l’Union
Economique et Monétaire (UEM) enchaînent des mesures éphémères quant à
leurs effets. Ces convulsions des marchés financiers ne sont que le
reflet des déséquilibres profonds (endettements publics et privés,
déficits des balances commerciales, défauts possibles d’établissements
bancaires) qui affectent principalement les pays du sud de l’Europe dans
un contexte général d’atonie économique et de croissance du chômage. Si
ces graves soubresauts constituent pour certains une opportunité,
offrant la possibilité d’un basculement décisif vers « une intégration
politique », pour d’autres, au contraire, plus en marge, ils illustrent
la conception viciée sur laquelle reposait l’euro, monnaie unique d’un
ensemble de pays économiquement disparates.
Les commentaires sur la situation de la
zone euro affluent qu’il s’agisse de l’information audiovisuelle ou de
la presse écrite. L’endettement et sa réduction, la solvabilité des
établissements bancaires, les décisions de la BCE et leurs nuances et
les déclarations diverses concentrent l’attention. Cependant,
l’argumentation demanderait souvent un examen dans la durée relevant
l’expérience historique, la conception théorique et l’évolution d’un
contexte économique dans lequel s’inscrit l’institution de la monnaie
unique.
Apprécier la conjoncture actuelle
nécessite le recueil et l’analyse d’un ensemble de données depuis la
mise en place de cette monnaie unique. Ne pouvant être exhaustive par
rapport à l’ensemble des données qualifiant l’état d’une économie et à
la totalité des pays constituant la zone euro, l’étude porte sur les
éléments considérés comme les plus significatifs. Ainsi, sur les
dix-sept pays composant la zone, six d’entre eux ont été retenus pour
leur intérêt : l’Allemagne, la France et l’Italie qui sont les trois
premières puissances économiques de l’ensemble ; l’Espagne, quatrième
puissance économique, la Grèce et le Portugal, tous les trois confrontés
à des difficultés majeures. Les données sur lesquelles l’attention est
portée affèrent à la croissance du produit intérieur brut (PIB), à
l’analyse des composantes de celui-ci, à l’évolution de la balance des
paiements et du commerce extérieur, au chômage, au taux d’épargne…
Introduire une comparaison avec le Royaume-Uni, deuxième puissance
économique de l’Union européenne par le niveau de son produit intérieur,
resté à l’extérieur de la zone, paraît utile à la réflexion.
Un premier développement visera à éclairer par quelques éléments marquants les circonstances présentes :
• la création de l’Union Economique et Monétaire
• l’Union latine
• Robert Mundell, théoricien de l’union monétaire
• le contexte économique préludant à l’euro
• l’Union latine
• Robert Mundell, théoricien de l’union monétaire
• le contexte économique préludant à l’euro
Ensuite, il sera procédé à une analyse
de différentes données économiques caractérisant la situation des six
pays membres de la zone euro, observés, de leur adoption de la monnaie
unique à l’année 2011. Pour les mêmes données, la comparaison sera faite
avec le Royaume-Uni. L’examen portera sur :
• les structures économiques
• la formation brute de capital fixe
• la balance des paiements
• une vue générale des grandes données : taux d’inflation, taux d’épargne, taux de chômage, dette publique
• la formation brute de capital fixe
• la balance des paiements
• une vue générale des grandes données : taux d’inflation, taux d’épargne, taux de chômage, dette publique
Les définitions et la méthode
Préalablement à ces développements,
l’étude comportant de nombreuses références statistiques, il convient
d’indiquer les sources utilisées et la méthode suivie. Pour la période
précédant la création de l’euro, afin d’avoir une cohérence d’ensemble,
les données brutes proviennent des séries statistiques établies par
Angus Maddison (voir infra). A partir de la création de l’euro, début de
l’examen détaillé de différents agrégats, il est recouru aux bases de
données mises à disposition par Eurostat, centre d’information
statistique de la Commission européenne. Sur la base des valeurs
recueillies, exprimées en dollars pour les séries de Maddison et en
euros pour Eurostat, il a été effectué des calculs de variation en
pourcentage, en fonction du besoin, traduits sous une forme graphique.
La plupart de ces graphiques comportent en référence les pourcentages
utilisés.
Plusieurs notions, propres à l’économie,
sont employées au long des diverses explications. Deux d’entre elles,
au moins, les plus fréquemment citées, méritent une définition : la
valeur ajoutée et le produit intérieur brut.
La valeur ajoutée est une notion
comptable qui permet de mesurer la production réelle d’une entité
économique. Elle correspond au produit final de celle-ci diminué des
consommations intermédiaires nécessaires à sa réalisation .
Le produit intérieur brut (PIB), selon
l’INSEE, « est égal à la somme des valeurs ajoutées brutes des
différents secteurs institutionnels ou des différentes branches
d'activité, augmentée des impôts moins les subventions sur les produits
(lesquels ne sont pas affectés aux secteurs et aux branches d'activité)
». Il peut être exprimé en valeur, c'est-à-dire au taux de change
courant de la monnaie ou en volume en fonction d’un taux de change de
référence ce qui corrige les effets de la variation des prix.
A suivre
A suivre
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