Le
débat est ancien : dès lors qu’une faute est commise, faut-il
privilégier la sanction ou la possible rédemption du coupable ? Coteries
et médias de la bien-pensance nous serinent que le fautif ne l’est
jamais autant qu’on le croit et que, moins il serait « puni » par l’incarcération, plus il serait « réinsérable ».
C’est
le point de vue de Mme Taubira dont l’habileté tactique repose sur une
démarche en deux temps. D’abord, pour ne pas affoler l’opinion, on ne
parle que des petits délinquants – c’est-à-dire, dans les faits, ceux
qui pourrissent quotidiennement la vie des autres. Ensuite, on feint
l’objectivité - c’est ainsi que mercredi dernier, un jury dit de consensus [?] sur la prévention de la récidive a remis des conclusions qui vont souvent beaucoup plus loin que certains engagements du parti socialiste.
L’irréalisme
forcené de Mme Taubira se heurte pourtant aux faits les plus évidents.
Ainsi, et quoi qu’on puisse en penser par ailleurs, la mansuétude
« taubiresque » appliquée en Grande-Bretagne n’a rien réglé tandis que
la tolérance zéro appliquée à New-York a entraîné un recul du tiers de
la délinquance. En France même, depuis trente ans, l’explosion de la
violence (jusqu’à 13000 vols, 2000 agressions et 200 viols par jour,
d’après l’enquête de Laurent Obertone dans La France orange mécanique)
est parallèle à la diminution de l’accomplissement des peines (qui peut
atteindre les deux tiers !) - sans parler des 80% de petits délinquants
qui ne voient pas de juge, des milliers de peines qui ne sont pas
appliquées et très souvent de l’absence d’emprisonnement pour les peines
inférieures à deux ans (grâce à M. Sarkozy et Mme Dati).
Jeudi
dernier, au petit matin, MM. Malamine Traoré et Mehdi Bensassou,
percutent volontairement avec leur 4x4 un véhicule de la BAC parisienne,
tuant deux policiers et en blessant grièvement un troisième. Le
conducteur, âgé de 22 ans, est ivre et sans permis mais avec un casier
chargé (huit condamnations, deux séjours en prison). On aimerait savoir
combien de temps ce voyou a passé derrière les barreaux pour avoir
récidivé aussi souvent… Petit délinquant « mis à l’épreuve », M.
Malamine Traoré n’était pas en prison : il a tué deux policiers. S’il
avait été à sa place, c’est-à-dire en prison, deux pères de famille
seraient toujours en vie.
On
objectera qu’il ne faut pas généraliser. Mais il s’agit là d’un exemple
parmi des centaines, des milliers d’autres – souvent moins
tragiques mais toujours insupportables. Jusqu’à l’impossible preuve du
contraire, la seule solution juste, et quel qu’en soit le coût, réside
dans la fermeté des peines et de leur application : n’en déplaise à Mme
Taubira, la société a le devoir de mettre le délinquant hors d’état de
lui nuire.
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