Pour financer les opérations militaires, 950 millions de dollars sont nécessaires, estime le ministre ivoirien des Affaires étrangères, le double de ce qui était prévu fin janvier. Sur le terrain, l’arsenal dont dispose les jihadistes inquiète de plus en plus.
La guerre au Mali coûtera plus cher que prévu, le
double plus précisément. En clair, aujourd’hui ce sont 950 millions de
dollars de dollars (715 millions d’euros euros) qui sont nécessaires
pour financer les opérations militaires et renforcer les effectifs
africains, soit plus du double des fonds de l’enveloppe promis de 455
millions de dollars (338 millions d’euros) promise à la force africaine
dans ce pays (Misma) fin janvier par la communauté internationale ( voir la vidéo des Echos TV ), a affirmé lundi Charles Koffi Diby, le ministre ivoirien des Affaires étrangères.
La Misma prévoit de déployer à terme 6.000 hommes, au lieu des 3.300
annoncés au départ, auxquels s’ajoutent les 2.000 soldats tchadiens
promis par N’Djamena, qui ne font pas partie de la Misma mais
travaillent en coordination avec elle. Il est « primordial » que la
Misma, qui doit à terme « assurer le remplacement progressif » des forces françaises, « puisse disposer de toutes les ressources nécessaires », a souligné le ministre ivoirien. Selon lui, il est également prioritaire de « protéger les populations touareg contre toutes formes d’exactions ».
Risque de guerre asymétrique
Face au risque d’une « guerre asymétrique »
menée par les jihadistes, le renforcement des troupes africaines, fixé à
terme à 8.000 hommes, « s’impose comme une priorité », portant « l‘estimation financière globale à 950 millions de dollars »,
a déclaré le ministre à l’ouverture d’une réunion de ministres de la
Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) à Abidjan.
Une priorité d’autant plus urgente que, sur le terrain, les force
maliennes et françaises vont de surprise en surprise : obus de char, lance-roquettes
multiples, fusils de précision, M16… dans la région de Gao (nord),
l’armée malienne doit faire face à un ennemi aussi bien, sinon mieux
équipé qu’elle. La principale menace restant, selon les militaires
français, les engins explosifs artisanaux. Alignés sur la base 1 de
l’aéroport de Gao, aux côtés de fusils d’assaut américains M16, de
fusils de précision de fabrication tchèque, et autres roquettes russes
ou chinoises, des explosifs et des détonateurs mais aussi des uniformes
de différents corps de l’armée malienne.
Pour le colonel-major Didier Dacko, commandant opérationnel de la zone, « l’impression
qu’on a, c’est qu’eux et nous (armée malienne) avons quasiment les
mêmes armes, sauf la troisième dimension, l’aviation, qu’ils n’ont pas ». « Ils ont aussi des engins blindés, mais on s’est rendu compte qu’ils ne savaient pas les utiliser ou les réparer », relève-t-il. « Ca
nous donne une idée d’une armée, en fait des organisations qui ont les
capacités d’une armée, la capacité de destruction d’une armée », a
déclaré pour sa part le colonel Laurent Mariko, commandant de la zone de
Gao, lors d’une présentation dimanche à la presse d’armements saisis
depuis le 26 janvier, date de la reprise de la principale ville du nord
du Mali aux islamistes armés qui l’occupaient depuis dix mois.
Ces armes, récupérées par les forces spéciales maliennes, l’armée française ou encore par des groupes de « jeunes patriotes », proviennent de « stocks
de l’armée malienne -il y a eu des défections massives avec des
capacités militaires-, mais aussi de la gendarmerie sénégalaise ou
d’autres pays limitrophes », a indiqué le colonel Mariko. Au milieu
du stock d’armes, un panier de roquettes de fabrication russe, à monter
sur hélicoptère, mais aussi des autocollants du drapeau des Emirats
arabes unis, présentés par erreur à la presse comme « libyens ».
La crainte des « IED »
Les forces françaises s’inquiètent en
particulier de la découverte d’IED (Improvised Explosive Device), qui
étaient déjà leur cauchemar en Afghanistan. « Ce qui nous inquiète le plus ce sont les moyens artisanaux mis en oeuvre, avec les roquettes, notamment de 122 », déclare le colonel Denis Mistral. Selon lui, « les
groupes armés jihadistes arrivent à mettre en place des systèmes
télécommandés avec des téléphones et ils le font pour faire peser une
menace permanente sur la ville de Gao ».
« On cherche ces systèmes-là en
permanence de manière à les détruire. On en a encore trouvé la nuit
dernière. C’est une des choses difficiles à gérer », ajoute-t-il,
soulignant qu’« il faut innover en permanence, de jour et de nuit, pour
surprendre l’ennemi ». Selon des sources militaires maliennes et
françaises, plusieurs des éléments islamistes infiltrés jeudi au centre
de Gao étaient porteurs de ceintures d’explosifs. Un IED avait été
installé précisément à l’entrée des jardins de la mairie, mais les
démineurs français ont découvert que son artificier n’avait pas eu le
temps de l’activer.
http://fortune.fdesouche.com
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire