Le téléspectateur français a assisté le 12 mars dernier sur France 5,
dans l’émission C à vous, à une hallucinante leçon d’orwellisation de
la part de Patrick Cohen, journaliste à France Inter.
Les faits ? Frédéric Taddéï, invité de l’émission, est passé un court
instant à la question. Court, car gardant son calme, il réussit à
démonter la dangereuse dialectique orwellienne de son contradicteur.
Les arguments de Patrick Cohen ont le mérite d’avoir exprimé
l’inconscient de l’intelligentsia française. Notre sous-Big Brother
reproche dans un premier temps à Taddéï d’avoir invité Tariq Ramadan,
Marc-Edouard Nabe, Dieudonné et Alain Soral à Ce soir ou jamais. Puis il
enfonce le clou : lorsque l’on anime une émission de débat, on aurait «
la responsabilité de ne pas donner la parole à des cerveaux malades ».
Mais, cher Patrick Cohen, qui sont les cerveaux malades ? Les quatre
noms précités ? À titre purement personnel, l’auteur de ces lignes
qualifierait plutôt de cerveaux malades toutes les personnalités, reçues
par France Inter et autres médias, qui ont promu l’idéologie dominante
néolibérale, multiculturelle et mondialiste, dont Patrick Cohen est un
peu convaincant avocat.
Sont malades, à notre sens, ceux qui soutiennent bec et ongles le
système actuel, cousu des fils de la mondialisation, de l’Union
européenne, de la kosovarisation de la France, de la soumission à
l’oligarchie financière et du surmoi politiquement correct greffé sur le
peuple par nos médias de masse. Sont malades ceux qui maintiennent en
vie ce système qui, en France, a conduit à la mise en esclavage par la
dette, à l’effondrement culturel, à la haine de soi national, au
démantèlement de l’armée française, à l’érosion des services publics, au
renchérissement du coût de la vie, ainsi qu’à l’explosion de
l’insécurité, de l’incivilité, du stress, de la pauvreté, de la
mendicité, du chômage et de la violence. Sont malades ceux qui ne
veulent pas sortir de ce bateau dont le naufrage est annoncé. Mais pour
Patrick Cohen, sont malades ceux qui ne partagent pas son idéal
politiquement correct.
Dans un excès de franchise, lorsque la présentatrice réplique à
Patrick Cohen qu’il est encore permis de penser ce que l’on veut,
celui-ci répond sobrement : « non ». Et, cerise sur le gâteau, il ajoute
« On a le droit de penser ce qu’on veut dans les limites de la loi. »
Ainsi, selon Patrick Cohen, la loi devrait délimiter le champ de la
pensée. Outre que ceci soit juridiquement faux, puisque la liberté de
pensée est la seule liberté absolue en droit français, c’est-à-dire à ne
connaître aucune restriction légale, cette perspective est pour le
moins terrorisante. En effet, quelle dictature n’en a pas rêvé ? Quel
despote dans ses désirs les plus fous n’a pas souhaité, par
l’intermédiaire du législateur, contrôler les esprits de sa population
en délimitant ce qu’elle a ou pas le droit de penser ? Voilà un fantasme
de domination absolue qui nous paraît bien éloigné de l’idéal
démocratique et « républicain » dont Patrick Cohen se veut certainement
être un paladin.
Que conclure ? Simplement que, dans notre inquiétant début de XXIe
siècle, on reconnaît un ennemi de la liberté en ceci qu’il prétend en
être le meilleur défenseur.
Adrien Abauzit dans Boulevard Voltaire
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