RENNES (NOVOpress Breizh) – À lire la presse française de ces
dernières années, on s’étonne que Barack Obama n’ait pas été réélu avec
99 % des voix tant le président américain cumule les vertus et ses
adversaires les défauts. À lire le livre Tea Party : L’Amérique à la reconquête de ses libertés,
on comprend surtout que les commentaires usuels relèvent soit de la
désinformation, soit de la nullité crasse. D’origines vendéennes et
bretonnes, Évelyne Joslain connaît à fond les arcanes des idées
politiques américaines et les expose ici avec passion.
Loin de la caricature présentée de ce côté-ci de l’Atlantique – front
bas, intégrisme biblique et winchester en pogne – on découvre que le
Tea Party est une « nébuleuse » où coexistent féministes conservatrices
dégoûtées d’une « gent masculine à l’évidence dépassée par la situation »,
mâles blancs exaspérés par la discrimination à l’envers, et patriotes
identitaires désireux de retrouver les valeurs fondatrices des
États-Unis. De nombreuses idées infusent dans la théière du Tea Party :
sur le plan intellectuel, le mouvement n’a rien à envier au clan
« progressiste ».
Obama occupe une grande place dans ce livre, mais pas l’Obama sanctifié qu’on connaît en France. Évelyne Joslain s’étonne de « l’écart entre le mythe Obama et l’inquiétante personnalité de cet étrange président », élevé à Hawaï par des grands-parents maternels blancs et de gauche. Elle dénonce ses « mauvaises fréquentations »
comme Jon Corzine, ancien trader de Goldman Sachs devenu gouverneur
démocrate du New Jersey avant de diriger MF Global qui sera l’une des
dix plus grosses faillites de l’histoire américaine suite à des
spéculations financières malheureuses. Elle a des mots très durs sur le
dilettantisme géopolitique d’Obama, son indulgence envers l’islamisme,
sa gestion invraisemblable de la guerre d’Afghanistan (où la « guerre
contre la terreur » s’accommode d’assassinats « ciblés » en territoire
pakistanais) et son immigrationnisme qui, au-delà du simple calcul
électoral, pourrait dénoter une haine viscérale de l’Amérique blanche.
Impitoyable, elle conclut : « C’est bien aux névroses d’Obama que
l’Amérique doit d’avoir vu en trois ans s’exacerber les tensions
raciales et se créer des clivages sociaux tandis que s’aggravaient
rapidement la politisation et la racialisation de toutes les questions,
sans oublier le chaos géopolitique au Moyen-Orient ».
Si les dérives européennes (alliance entre universalisme et
financiarisation, entre business et immigration, etc.) ressemblent fort à
celles de l’Amérique, la France n’a rien produit d’analogue au Tea
Party à ce jour. Ce livre très documenté est donc une exploration utile
d’un puissant courant émergent encore très mal connu.
François Kernan http://fr.novopress.info
*** Évelyne Joslain, Tea Party : L’Amérique à la reconquête de ses libertés, éditions Jean Picollec, 298 p., 21 €.
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