Les Veilleurs de Paris organisaient
leur nouvelle veillée du mardi 30 avril. Depuis la toute première fois
le 16 avril, la lueur de leurs bougies s’est propagée et illumine chaque
jour où presque plus de 80 villes de France. Nous sommes allés à la
rencontre de ceux par qui tout a commencé.
[NDLR : Sur le mouvement Les Veilleurs, voir aussi leurs textes, le compte Facebook des Veilleurs de Paris et leur compte Twitter.
De nombreuses autres villes ou régions ont aussi des comptes Facebook
et Twitter des Veilleurs qui leur servent à communiquer.]
Un temps maussade qui n’entame pas la détermination
Les montres indiquent à peine plus de 22 heures quand nous approchons
de là où le lieu de rendez-vous a été fixé un peu plus tôt dans la
journée. Déjà les veilleurs présents quittent les pelouses du Louvre.
Ils avaient prévenu sur les réseaux sociaux : « Pour les veilleurs qui ont peur de la pluie, n’hésitez pas à prendre un sac en plastique pour le sol. A ce soir! ».
Mais le froid de ce soir de printemps se suffit à lui-même, inutile de
rester sous la pluie quand les arcades de la cour Napoléon peuvent sous
leurs arches majestueuses accueillir et protéger la foule des anonymes
venus protester pacifiquement, armés uniquement de l’armure de leur foi.
Tout se fait dans le calme et chacun prend place sur le sol fait de
marbre. Quelques haut-parleurs sont installés, et les consignes sont
données. Il ne faut pas applaudir, mais secouer les mains. Seuls les
chants et les textes lus doivent briser le silence de protestation.
Celles et ceux qui ont amené des bougies sont invités à les allumer. Il
est également conseillé de respecter une certaine parité entre les
femmes et les hommes assis au sol. Ainsi le rapport de force est plus
équilibré en cas de recours à la force de la police pour nous évacuer.
Bien que les réseaux sociaux soient sans aucun doute surveillés, de
police il n’en est pas question pour le moment. Pas l’ombre d’un
uniforme ou d’un gyrophare à l’horizon. A moins que quelques mouchards
en civil se soient glissés parmi nous ?
« La beauté sauvera le monde »
Maintenant que tout est en place, la veillée peut débuter. Après un
extrait de Dostoïevski qui nous est lu par un jeune-homme, c’est au tour
d’une jeune-fille de prendre la parole, et de nous expliquer ce qu’est,
selon elle, le sens de la démarche entreprise par les veilleurs. Elle
profite du lieu dans lequel nous sommes pour faire une comparaison : « Notre perspective est celle du temps long, comme les bâtisseurs du Louvre. Nous cherchons à recevoir et à transmettre. ».
Je ne sais pas quel peut être l’âge de cette jeune-fille, mais la
jeunesse de sa voix mêlée à la sincérité et à la conviction qui s’en
dégage forcent l’admiration. C’est maintenant au tour d’un garçon et
d’une fille de chanter un duo. Est-ce un chant religieux ? Je ne le sais
pas, mais la magie du cadre qui nous entoure et la résonance de
l’arcade qui nous abrite contribue à magnifier la prestation. Viendra
ensuite le tour de l’Espérance. Ce chant, qui est devenu hymne des
veillées aux quatre coins de la France, sera repris en chœur par tous
les veilleurs.
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