Le
potentiel de troubles sociaux est plus élevé en Europe qu’il ne l’est
dans le reste du monde, et les écarts grandissants entre les riches et
les pauvres pourraient en être le déclencheur, affirme un rapport annuel de l’Organisation internationale du Travail (OIT).
Emeute en Grèce, 2012
Dans son « World of Work Report » annuel, l’OIT explique
que l’agitation sociale, c’est-à-dire les grèves, les arrêts de travail
et les manifestations, ont augmenté dans la plupart des pays depuis le
début de la crise économique et financière en 2008. Mais au sein de
l’UE, ces phénomènes ont augmenté plus qu’ailleurs, passant de 34% à 46%
en 2011-2012.
Toutefois, les risques ne sont pas les mêmes dans tous les pays, et le
rapport indique qu’ils se sont en fait réduits en Belgique, en
Allemagne, en Finlande, en Slovaquie et en Suède depuis le début de la
décennie. Le risque de troubles sociaux « est probablement lié aux
réactions suscitées par la politique pour gérer la crise de la dette
souveraine et son impact sur la vie des gens et leur perception du
bien-être », indiquent les Nations Unies. « Les conditions
économiques difficiles ont créé un environnement social fragile, alors
que de moins en moins de gens entrevoient des opportunités pour obtenir
un emploi satisfaisant et améliorer leur niveau de vie », ajoute le rapport.
La menace de troubles sociaux a également augmenté en Russie et dans
les autres pays satellites de l’ex-Union soviétique qui ne sont pas
membres de l’UE, en Asie du Sud et dans les autres pays développés hors
UE. Mais elle a diminué en Amérique latine, en Afrique, en Asie du
Sud-Est et dans le Pacifique.
L’OIT note que les politiques d’austérité de ces dernières années se
sont accompagnées d’une augmentation des inégalités en termes de
salaires. Les revenus de la classe moyenne se sont érodés, alors que les
salaires plus élevés ont augmenté. Dans les pays les plus riches, les
plus grandes compagnies ont amélioré leurs marges bénéficiaires. Mais « plutôt
que de faire bénéficier ces profits au travail dans l’économie
réelle au travers d’investissements productifs, les recettes
supplémentaires ont plus souvent été utilisées à augmenter les encaisses
de liquidités », commente le rapport.
L’organisation souligne également que les taux de chômage records au
sein de l’UE n’arrangent rien, et que le chômage de longue durée
augmente le découragement des chômeurs. Elle recommande une politique
davantage orientée vers la création d’emplois pour favoriser la
croissance. « Cela implique de s’attaquer aux vulnérabilités
structurelles derrière la crise, telles que les problèmes systémiques
dans le secteur financier », comme « débloquer les flux de crédit pour les entreprises productives, de telle sorte qu’elles puissent stimuler la croissance ». Le rapport salue au passage les « programmes pour le marché du travail bien conçus » de l’Allemagne et de la Belgique qui favorisent cette relance basée sur la création d’emplois.
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