Ci-dessus : colonne de combattants islamistes au Sahel.
L’aventure militaire libyenne a provoqué celle du Mali.
L’intervention au Mali oblige à retourner en Libye. La France a enfin sa
tempête du désert et se retrouve dans un piège de sable sur l’ensemble
du monde saharien.
On affirme bien sûr qu’il n’y aura pas de nouvelle intervention
française en Libye, sauf si on y est obligé ! Car les islamistes chassés
du Mali se sont regroupés en Libye, dans le sud saharien où ils
menacent un pouvoir chaotique et notre sécurité au Mali et au delà.
« Il n’y a plus un seul morceau du Mali qui puisse être sous contrôle de terroristes ». François Hollande, interrogé vendredi sur RFI, France 24 et TV5 Monde, a assuré que l’objectif de l’opération Serval de “libérer le Mali de toute emprise terroriste” avait été “atteint militairement et pratiquement”.
François Hollande s’est montré cependant prudent quant à la persistance
de la menace terroriste au Sahel. Si, selon lui, “une grande part” des
groupes présents au Mali ont été mis hors d’état de nuire, les autres se
seraient repliés “quelque part”, vraisemblablement “au sud de la Libye”. Le problème s’est déporté mais reste entier.
Les forces spéciales françaises pousseraient-elles donc jusqu’en
Libye pour aller pourchasser les djihadistes d’Aqmi qui s’y seraient
réfugiés, comme le laisse entendre Le Parisien du 31 mai. Malgré
les démentis ultérieurs, c’est une certitude puisque c’est une
obligation. Les sorties aériennes au-dessus du Mali, dans le cadre du
dispositif Serval, se poursuivent d’ailleurs à un rythme soutenu, en
appui aux opérations au sol, a indiqué jeudi 30 mai le ministère de la
défense français, faisant état de quelque 110 sorties depuis jeudi
dernier, contre 120 la semaine précédente.
Selon Le Parisien, l’état-major français s’intéresse désormais à une partie du sud-ouest de Libye, « une immense zone désertique [qui] est en passe de devenir le nouveau sanctuaire djihadiste ». « Des chefs et des sous-chefs terroristes se trouvent là », rapporte Le Parisien. « Ils
recrutent à nouveau et se réorganisent. Certains ont quitté le Mali
avant les combats. D’autres profitent du chaos qui règne en Libye pour
aller et venir à leur guise. Nous parlons de plusieurs centaines
d’activistes. » Ces combattants pourraient être responsables de
l’attentat contre l’ambassade de France en Libye, le 23 avril, et des
deux attaques au Niger, le 23 mai. On ne peut limiter au Mali une guerre
du Sahara. On ne peut aussi prévoir de gérer le temps de cette guerre.
Le président nigérien Mahamadou Issoufou avait indiqué que les
assaillants qui ont commis le 23 mai deux attentats suicide au Niger
venaient du Sud libyen. Selon lui, ils préparaient parallèlement une
“attaque” contre le Tchad. Le Premier ministre libyen Ali Zeidan a
démenti ces “allégations sans fondements”, répétant que son pays “ne
pourrait devenir en aucun cas une source de souci ou de déstabilisation
pour ses voisins” du sud, en proie eux-mêmes à l’instabilité depuis des
années.
Des experts et des diplomates occidentaux estiment toutefois que le
Sud libyen serait devenu ces derniers mois l’un des sanctuaires où se
sont reconstituées les cellules jihadistes après que les mouvements
islamistes armés ont été délogés du nord du Mali.
La France, qui est intervenue dans le nord du Mali contre des groupes
armés islamistes en janvier, espère pouvoir passer la main aux casques
bleus en juillet pour stabiliser le pays, où des élections sont prévues à
partir du 28 juillet.
Espérance illusoire.
Jean Bonnevey http://fr.novopress.info
Crédit photo en Une : Magharebia, via Flickr (cc). Crédit photo dans le texte : DR.
Source : Metamag.
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