Les islamistes turcs, quelles que soient leurs
sensibilités respectives, démontrent piteusement qu’ils sont aussi des
hommes comme les autres.
Istamboul, c’est pas cool. Certes, les
empires byzantin et ottoman n’étaient pas forcément connus pour leur
rectitude morale, mais la corruption étant un travers universel, se
riant des âges et des latitudes, le régime kémaliste n’était pas
toujours propre non plus. Et le nôtre guère moins. Là, en Turquie, ça
sent la grande lessive. Dix ministres débarqués d’un coup, d’un seul… Et
pas des moindres, puisque ceux de l’Intérieur, de l’Économie et de
l’Environnement font partie de la charrette.
Certains ne sont même pas directement coupables de malversations,
sachant que ce sont leurs enfants qui ont été pris la main dans le pot
de confiture, façon progéniture à la Fabius. En Turquie, ça suffit pour
pousser le père à la démission ; ici, non…
Du coup, les manifestations se multiplient pour exiger que le Premier
ministre, Recep Tayyip Erdoğan, prenne lui aussi la porte. Au fait, ces
affaires de corruption, quelles sont-elles ? Principalement des trafics
avec l’Iran consistant à contourner l’embargo international.
Et c’est là que Recep Tayyip Erdoğan aura trébuché. Depuis plus de
dix ans, sa politique intérieure lui a assuré une popularité hors du
commun. Armée remise au pas et croissance économique à deux chiffres.
Certes, de nombreux journalistes mis en prison, surtout dans la foulée
du fameux procès Ergenekon à l’occasion duquel, de 2007 à 2009, furent
condamnés de nombreux parlementaires, intellectuels et généraux, accusés
d’avoir comploté contre l’État turc au sein de ce que l’on peut tenir
pour équivalent local des anciens réseaux Gladio en Italie. Soit une
nébuleuse d’extrême droite, inféodée aux USA, et chargée par ces
derniers de servir de « cinquième colonne » en cas d’affrontement avec
la défunte URSS. Il est parfois des fantômes du passé qui ressurgissent.
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