Entretien avec Renaud Camus
Qu’avez-vous pensé de la polémique au sujet de l’installation d’une crèche de Noël dans la gare de Villefranche-de-Rouergue ?
Je pense que l’égalité, si on la laisse faire, va détruire l’identité
nationale, comme elle a détruit l’école et la culture. Ne nous y
trompons pas : pourquoi la laïcité revient-elle sur le devant de la
scène ? Parce que de bons républicains voient en elle un rempart contre
l’islamisation de la société. Mais ce rempart mal bâti va retomber sur
eux, et sur nous. Il en va là comme des lois natalistes, qui en fait
précipitent le changement de peuple. Pour interdire le voile islamique,
on se croit obligé d’interdire en même temps tous les signes religieux.
Et nous tolérons que la visibilité chrétienne soit bafouée, dans le vain
espoir de pouvoir limiter grâce à cette concession la visibilité
islamique, chaque jour plus manifeste. Cette conception de la laïcité
est un piège fatal, mais, derrière elle, c’est l’égalité elle-même qu’il
faut remettre en cause. L’égalité, dès qu’elle sort de son lit
strictement juridique — l’égalité en droit des citoyens —, emporte et
détruit tout ce qu’elle touche : la famille, le champ culturel,
l’identité nationale. Si l’on veut que la France survive, il ne peut pas
y avoir d’égalité, en France, entre ce qui est français et ce qui ne
l’est pas ; entre ce qui fait partie de notre culture, de notre
civilisation, de nos traditions, et ce qui leur est étranger ; entre la
religion de nos pères et celle des colonisateurs.
L’Espagne vient de proposer une loi qui limiterait le droit à l’avortement. Votre réaction ?
Aïe… Vous avez décidé, pour fêter Noël, de me brouiller avec la
moitié (au moins) de vos lecteurs ? Les lois espagnoles sur l’avortement
étaient peut-être trop laxistes, je ne sais — de là à les abolir tout à
fait, ou presque, c’est passer d’un excès à l’autre.
La dernière gaffe de François Hollande au dîner du CRIF au sujet de l’Algérie : cela vous fait sourire ou vous afflige ?
Tout m’afflige de ce qui survient mais cela ne m’empêche pas de
sourire, ni même de rire. L’inconscient de François Hollande est assez
distrayant. Manifestement, il juge de la métropole d’après ses colonies,
et de l’Algérie elle-même d’après le 9-3 ou Roubaix-Tourcoing.
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