PARIS (NOVOpress) - À l’occasion des fêtes de fin
d’année, les rédacteurs de Novopress vous proposent de découvrir une
sélection de livres à travers des extraits choisis. Aujourd’hui, nous
vous proposons un extrait d’un livre de Dominique Venner, que l’on ne
présente plus, Le Siècle de 1914. Note de l’éditeur : La guerre de 1914 fut l’événement fondateur du XXème
siècle. Après avoir tué neuf millions d’hommes, cette guerre liquida
les trois empires et les aristocraties qui charpentaient l’Europe. De ce
séisme, tout le reste a procédé : de terribles colères et d’immenses
espoirs, la montée des utopies révolutionnaires et l’avènement de
régimes nouveaux, puis une Seconde Guerre mondiale plus destructrice
encore que la Première. Elle engendra le déclin de l’Europe, la
décolonisation, la destruction de la sociabilité européenne,
l’américanisation des mœurs, l’immigration et le terrorisme. Après 1918,
sur les décombres de l’ancienne Europe, quatre figures, le président
américain Wilson, Lénine, Mussolini et Hitler ont incarné les grandes
utopies du XXème siècle. Ils sont à l’origine de la
lutte sans merci de quatre systèmes rivaux. De celle-ci, qui occupa une
large partie du siècle, est issu le monde dans lequel nous vivons. Ce
livre analyse les idéologies et leur influence sur le comportement des
hommes et le déroulement de l’histoire. Dominique Venner décrit la
genèse et la succession des luttes mortelles qui prirent leur source
dans le conflit de l’été 1914 et dont le libéralisme américain est sorti
vainqueur. Pour combien de temps ? Sur cette question, l’auteur avance
des hypothèses originales.
Dans le monde des affaires, les personnes qui ont intégré la
mentalité transnationale et cosmopolite ont de meilleures chances de
faire carrière que celles qui se sentent des attaches nationales. Par un
effet d’hétérotélie (Hétérotélie ou paradoxe des
conséquences : opposition entre les intentions et le résultat de
l’action historique), les Américains, acteurs de cette globalisation, en
sont aussi en partie les victimes. Ayant adopté la mentalité
transnationale, leurs élites se sont dénationalisées elles aussi et sont
devenues cosmocratiques, réalisant en quelque sorte l’utopie
wilsonienne.
La cosmocratie fabrique l’homo œconomicus de l’avenir, le zombi,
l’homme nouveau, vidé de contenu, possédé par l’esprit du marché
(Montcorbier). Le zombi se multiplie sous nos yeux. Il est apparemment
heureux. « L’esprit du marché lui souffle que le bonheur consiste à
satisfaire tous ses désirs. » Et ses désirs étant ceux du marché ne sont
suscités que pour être satisfaits. Le zombi est heureux tant qu’il ne
pense pas et ne souffre pas. S’il pense, ce n’est plus un zombi.
Une revanche populiste sur Mai 68
Pour assurer l’emprise cosmocratique, l’un de ses instruments
privilégiés est l’exploitation du sentiment de culpabilité collective
des Européens et de leur penchant compassionnel provenant de leur
héritage chrétien. La « victimologie » est devenue le système de
légitimation d’une société peu légitime. Pour faire oublier ce qu’elle a
de contestable, elle s’instaure en tribunal permanent d’un passé
criminalisé. Ainsi fait-elle coup double. Dénonçant les crimes du passé
ou ceux de dictatures exotiques, elle s’attribue à bon compte un brevet
de moralité. Par comparaison elle suggère que, malgré sa corruption et
ses tares, elle est quand même la plus morale et la meilleure.
Comme se manifestent cependant des résistances appelées
« populismes » dans la novlangue cosmocratique, le trait de génie fut
d’utiliser les anciens communistes, les ex-soixante-huitards et leurs
successeurs, recyclés dans la glorification du marché ou de
l’altermondialisme version archéo-gauchiste. Ils fournissent le clergé
inquisitorial de la religion de l’Humanité, ce nouvel opium du peuple
dont le foot charpente les grand-messes. C’est une religion qui a ses
tables de la loi avec les droits de l’homme, autrement dit les droits du
zombi (Montcorbier). Elle a ses dogmes et ses bras séculiers. Elle
pourchasse le Mal : être différents, cultiver l’esprit critique ou ne
pas être dupe de l’humanisme moralisateur.
Pourtant au tournant du nouveau siècle, des signes se sont accumulés
qui montrent l’effritement du système, ses difficultés à faire accepter
la pensée unique qu’il sécrète. En France plusieurs alertes ont retenue
l’attention des observateurs, fussent-ils de parti pris. Ce fut par
exemple le « séisme » de l’élection présidentielle du 21 avril 2002 qui a
vu l’élimination du premier ministre socialiste, favori des médias,
devancé par un candidat « populiste », objet de nombreuses campagnes
diffamatoire, dont les médias annonçaient depuis vingt ans la
disparition imminente. Ce fut aussi le choc du référendum du 29 mai 2005
sur la Constitution européenne. Alors que la quasi-totalité des médias
avaient fait campagne en faveur du « oui », répétant que les partisans
du « non » ne pouvaient être que des demeurés, le « non » l’a emporté
contre toute attente avec 55% des suffrages. À la suite de quoi, sous
l’effet du traumatisme, un journaliste proche du système se livra à une
analyse pertinente qui vaut d’être cité comme jalon dans l’appréciation
de l’époque :
« La rébellion du 29 mai 2005, écrivait-il, est peut être la revanche
sur celle de Mai 1968. Dans les années 1070 et 1980, les
soixante-huitards, leurs clones ou leurs disciples (…) prirent le
pouvoir dans les médias, la culture, la pub, la politique, puis bientôt
dans la sphère économique et financière. Inutile de préciser qu’à mesure
que leur sort s’améliorait (…), leur idéologie première se lézardait
jusqu’à laisser place à un ralliement quasi total, au nom de la
modernité ( et même de l’internationalisme), au dogme du mondialisme
néo-libéral.
« Basculement dans l’autre camp ? Non, puisque cette conversion à
l’économie de marché se doublait d’une rhétorique de fidélité à
l’activisme soixante-huitard en ce qui concerne les mœurs et le
sociétal : liberté pour la circulation des capitaux et du cannabis !
Baisse du coût du travail, mais mariage gay ! Film porno sur chaîne
privatisée !
« Aucune contradiction, poursuit l’analyste en plaidant en faveur
d’une immigration totalement libre et en dénonçant comme
« sécuritaire », c’est à dire quasiment « fasciste », toute velléité de
durcissement de la lutte contre la délinquance ou le crime, on
peinturlurait d’une couche de laque gauchiste un propos qui ne pouvait
que séduire un ultracapitalisme moderne et radicalement insécuritaire et
à la recherche de main-d’œuvre bon marché. »
Dominique Venner, Le Siècle de 1914. Pygmalion Éditions (2006). Acheter sur Amazon.
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