mardi 16 juin 2015

L'inculture satisfaite, ou pourquoi il n'y aura pas de soulèvement populaire.

Dans le milieu, nous avons coutume de mettre en avant le rôle néfaste des médias de masse ; vous savez, ces chaines d’informations en continue qui sont tenues par l’oligarchie, ou encore la presse papier moribonde et les « premières radios de France »…
Et si, en réalité, nous surestimions de manière grossière le rôle et l’influence de ces armes de désinformation ?
Le constat est terrible, mais une part majeure de la population hexagonale, autochtone ou non, n’est tout simplement pas en mesure de comprendre et d’interpréter les messages véhiculés sur BFMTV. Le niveau de langue y est tout simplement trop élevé…
- Un peu exagéré, mon bon Jacques, tu ne crois pas ? Ne pas comprendre ce qui se passe sur I-Télé ou France Info… Faut vraiment être très bas de plafond !
Eh bien oui… J’ose affirmer que le niveau est si bas que cela. Et qu’une part majeure de la population n’écoute pas les médias « mainstream » car ils ne peuvent les comprendre… Trop complexes. Il faut maîtriser certains prérequis pour pouvoir écouter Yves Calvi, Ruth Elkrief ou encore Franz Olivier Giesbert... Or ces prérequis manquent cruellement, surtout parmi les jeunes générations.
Nous parlons régulièrement de sidération ou de manipulation des masses. Nous passons une part importante de notre temps à dénoncer les bobards médiatiques… Mais au final, ne serait-ce pas l’inculture généralisée qu’il faudrait pointer du doigt ? Il suffit d’observer, et surtout d’écouter, les sujets de conversation lorsque nous prenons un café à une terrasse, en marchant dans la rue ou encore en côtoyant les collègues du bureau ou de l’atelier…
Ainsi, j’ai récemment pu entendre que :
- La France avait toujours été un « pays musulman », et que c’était les Français qui les avaient fait partir. « Ils ne font que reprendre ce qui leur revient de droit… » (Mais si, renseigne-toi !!! Tu n’y connais rien en histoire !!).
- Que Game Of Thrones était une série historique relatant le cours d’événements réels et irréfutables. (Mais si, renseigne-toi !!!).
- Que les expressions aller « au docteur » et « au coiffeur » relevaient du français académique, dixit un étudiant en licence (Mais si, renseigne-toi, je suis à l’université, moi. Non, mais allô !!).
Ce sont de jeunes européens (entre 18 et 25 ans), issus de la classe moyenne, qui ont tenu ces propos. Et franchement, vous vous attendez à un réveil des populations contre le Traité Transatlantique ou Monsanto ?...
L’ouvrier communiste des années 50 était dans le bas de l’échelle sociale, mais son niveau intellectuel et sa formation politique excédait de très loin les acquis d’un cadre d’aujourd’hui… Il était en mesure de parler d’art, de littérature, d’histoire, etc… Il était animé par une « foi » et connaissait sa fonction au sein du syndicat. Il luttait pour l’instauration de la dictature du prolétariat (Proléta… quoi ? A tes souhaits !). Lui était prêt pour la Révolution.
Le Putsch, le Grand-Soir… cela réclame une tête solide. Impossible aujourd’hu
NEANMOINS, NE DRAMATISONS PAS
Il reste des hommes debout au milieu des ruines, il y en aura toujours.
Force est de constater, pour caricaturer, que les anciens, toute cette masse grisonnante qui votent UMP (oups, Les Républicains, pardon !) par réflexe gaulliste et qui nous place systématiquement dans une position merdique, suivent encore les médias « mainstream ». Je connais toute une frange des 65-90 ans pour qui le rituel du 20H est sacro-saint et qui est tout à fait en mesure de pondre un caca nerveux sans leur séance de Radio-France dans l’auto… Je ne vous raconte pas lorsque la monnaie manque pour acheter Le Point ou L’Obs !!
Les jeunes générations, elles, (les 15 – 50 ans. Oui, je vois large) se partagent, selon moi, selon un ratio 80/20 (principe de Pareto) :
- 80% de ce groupe est incapable de tenir le fil d’une réflexion élaborée et solide. Ils ne regardent pas les programmes d’infos « officiels ». Ces 80% ne suivent aucun média « sérieux », ils ne s’intéressent pas à la politique, encore moins à l’histoire. Ils aiment M6 et Cyril Hanouna. Ils se rassurent quant à leurs capacités de réflexion en se rattrapant sur Canal+ grâce au Petit Journal (un programme de haut niveau, ils envoient des journalistes en Syrie, tu te rends compte !) et Ardisson. Certains votent. Beaucoup non.
- Ce sont les 20% restant qui sont intéressants… Ils ne regardent quasiment pas la télé. Ils s’informent, ou plutôt se ré-informent, essentiellement par le web. Certains militent dans des mouvements dissidents, d’autres sont moins actifs. La plupart ont néanmoins le « niveau » pour comprendre les enjeux de l’époque. Ils achètent des revues « sérieuses », s’intéressent à toutes les actualités, etc… Beaucoup souhaitent refaire un retour à la terre, au réel. Certains lisent même autre chose que du Marc Levy !
Ces 20% peuvent être les grands gagnants de demain. 

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