jeudi 17 mars 2016

Les Indo-Européens, origine de la société occidentale blanche

Évoquer les Indo-Européens dans ce livre peut paraître surpre­nant. Leur faire place, c'est rappeler l'unité de culture et d'origine des peuples européens, et nous persuader que leurs qualités et leurs défauts, ayant traversé les siècles, nous posent encore des problèmes aujourd'hui, dont la solution n'est pas évidente.
ie_jp_5.jpgDe l'Inde à l'Islande, presque toutes les populations blanches ont la même origine culturelle, et une parenté ethnologique, confirmée par la distribution spécifique des groupes sanguins. Aujourd'hui leurs descendants, expatriés en Amérique du Nord, du Sud, en Australie, sont partout disséminés dans le monde.
Ces populations occupent tout l'espace européen et iranien, après avoir balayé en deux vagues d'invasion (2200 à 2000 av. J.-C. et 1200 av. J.-C.) les populations plus anciennes dont il ne subsiste plus que des traces culturelles et raciales.
Ainsi, de la race néolithique primitive, qui occupait l'Aqui­taine, le Sud-Est de la France, l'Espagne, l'Afrique du Nord et les Canaries, les seuls éléments, importants et originaux qui survivent sont les Basques. Les autres populations, conquises par les Indo-Européens, se sont fondues à eux. A l'autre bout de l'Europe, seules les tribus pacifiques finno-ougriennes (Finnois, Lapons, Estoniens, Livoniens, etc.) ont échappé elles aussi, grâce au rude climat et à une nature dangereuse, à l'assimilation.
L'unité linguistique

Le terme « Indo-Européen » est une définition linguistique plutôt que raciale. Thomas Young l'utilise le premier pour désigner un ensemble de langues qui lui semblent apparentées par la racine de nombreux mots (1).
Les travaux de Franz Bopp, puis ceux de Schlegel, de Grimm et surtout d'Adolphe Pictet, publiés en 1859, marquèrent les ressemblances, plus ou moins étroites, existant entre différentes langues.

Les recherches ont été poussées plus loin. Elles viennent démontrer que les langues Indo-Européennes ont bien une origine commune certaine qui préjuge une certaine forme d'unité raciale. Ces langues se sont diversifiées et ont des traits caractéristiques qui les répartissent en deux groupes.
Dans le premier, caractérisé par les gutturales (Kentum), on trouve :
le grec avec ses dialectes aéolique, ionique, dorique, etc. ;
* le latin et les langues ou dialectes qui en ont découlé
(français, espagnol, italien, provençal, etc.);
les langues celtiques (ancien gaulois, gaélique, breton,
gaélique écossais, irlandais, langue de Manx sur l'île de Man);
le germanique avec ses trois branches :
-gothique,
-norse (danois, norvégien, suédois, islandais)
-germanique de l'Ouest (anglais, hollandais, frison, fla­mand, bas-allemand, etc.);
le hittite.
La seconde série caractérisée par les chuintantes (Satem) regroupe :
* le sanscrit, dont la transcription moderne est parlée aux
Indes, par près de 300 millions d'hommes;
l'iranien;
le zend;
l'arménien;
les langues slaves ;
les langues baltes (letton, vieux prussien et surtout le
lituanien dont les racines paraissent les plus primitives et les plus
anciennes parmi les langues Indo-Européennes).
Ces travaux scientifiques ont permis aux Allemands de bâtir le mythe d'une race pure de type aryen constituée de blonds aux yeux bleus. Il s'agit en fait de races diverses, rassemblées dans une zone géographique délimitée, et qui se sont, plus ou moins, mélangées et métissées entre elles. « L'agrégation, qui provoquera la formation des peuples Indo-Européens, se manifeste dans les milieux néolithiques, probablement au Ve millénaire (2). » L'histoire, formidable et mouvementée, des Indo-Européens s'étend sur toute la protohistoire européenne, de la fin de l'époque préhistorique à l'aube de l'ère historique. Ce sont ces peuples, particulièrement aptes à la chasse, à l'aventure et à la conquête guerrière, qui vont jeter les bases de notre civilisation européenne.
Vers la fin de la période néolithique occidentale (aux environs de 4000 avant J.-C.) apparaît, dans le Nord-Est européen, un type culturel nouveau caractéristique du groupe Indo-Européen.
Il s'est vite imposé, rejoignant puis dépassant le niveau culturel et social des groupes humains qu'il relayait.
Je suis surpris de voir combien chez nous le fait Indo-­Européen a toujours été éludé. Bien que nous ayons en France, avec le Pr. Georges Dumézil, le plus grand spécialiste des questions Indo-Européennes, notre pays marque un total désintérêt pour ce sujet qui est l'histoire de nos origines. Les Indo-Européens ne figurent dans aucun programme de lycée ou de faculté. Les études les concernant sont heureusement fournies et nombreuses en Angleterre, en Allemagne, dans certains pays d'Europe de l'Est, et aux Etats-Unis (3).
Là, pourtant, sont nos véritables sources, communes à toute l'Europe. Là, est notre culture primitive. Ces hommes, qui nous ont directement précédés, sont à travers nous à l'origine des civilisations et de la science les plus avancées, de l'art et de la culture les plus raffinés. L'esprit d'invention, de création, les a conduits, en 4 500 ans, par une longue marche progressive, des bords de la Baltique jusqu'à la Lune.
Le foyer de la dispersion
Le « peuple » Indo-Européen se présentait, à l'origine, sous la forme d'une sorte de confédération de sociétés, éparpillées sur un large territoire, dont l'unité linguistique constituait le lien le plus conscient.
L'emplacement du foyer où apparut, et d'où se dispersa, la race blanche, a été circonscrit dans une région comprise entre l'Elbe à l'ouest, la Vistule et le Dniepr à l'est, le Jutland au nord, et la région montagneuse des Carparthes au sud.
Cette région venait de connaître de grands bouleversements. « Vers —8000 avant notre ère, les glaciers Scandinaves se retirèrent, définitivement, vers le Nord. Les îles Britanniques se séparèrent du continent. La Baltique fit sa jonction avec la Mer du Nord. La toundra se couvrit de forêts épaisses. L'Europe jouit dès lors d'un climat tempéré (4). »
Ces transformations climatiques et géographiques devaient permettre les conditions assez exceptionnelles du développement d'une économie agricole se substituant à celle de chasseurs nomadisants. Les hommes se consacrent à l'élevage et les femmes et les enfants à une agriculture rudimentaire. La société s'organise en génos, grandes familles, de caractère exogamique, qui sur des territoires héréditaires, établissent d'étroits liens familiaux entre elles selon des modes prédéterminés.
Chaque génos, composée d'hommes libres, est une commu­nauté de sang, de caractère fondamentalement patriarcal. La lignée remonte au dieu père le « Deiwos peter ». Lorsque la situation l'exige, les chefs de génos se réunissent et élisent un chef parmi eux, le « regs » (rex en latin, rix en gaulois, raja en sanscrit).
Le regs est contrôlé par l'assemblée des chefs de génos : les peteres, assemblée dont nous retrouverons le principe dans la suite des temps avec le « senatus » des Romains, la « gerousia » des Grecs, la « Sahba » des Indo-Aryens, le « thing » germanique et « l'althing » islandais. Dès le début de leur histoire, la souveraineté, chez les Indo-Européens, s'exprime par une sorte d'aristodémocratie qui permet d'allier l'efficacité de commandement du chef avec le contrôle de ses actes par l'assemblée.
L'esprit de conquête
Vers l'an 2500 av. J.-C, la souche originelle Indo-Européenne se fractionne. L'une après l'autre, ses branches se mettent en mouvement. Les peuples Indo-Européens partent pour de loin­taines migrations. Pourquoi ces déplacements d'hommes et de familles qui constituent le premier mouvement d'expansion de nos ancêtres?
La raison, la plus communément avancée, est une modifica­tion des conditions climatiques dans l'Europe de l'époque. Le milieu du troisième millénaire fut, en effet, marqué par une amélioration du climat, provoquant un brusque réchauffement du Nord européen. Le développement de l'agriculture et de l'élevage en fut plus favorisé encore. L'accroissement de la population qui en résulte, entraîne un surpeuplement relatif, dans la zone de forêts, d'îlots lacustres et de marécages où les espaces agricoles demeurent limités. Les récoltes s'avèrent bientôt insuffisantes et les migrations commencent.
Sans doute, est-ce une raison valable, mais ce n'est pas la seule. Bien des peuples manquant de subsistance et, placés dans les mêmes conditions, n'entreprendront pas pour autant des migra­tions aventureuses de cette envergure. Dans le cas des Indo-Européens domine l'esprit de conquête qui les caractérisera constamment. Il s'agit d'une race animée par un tempérament batailleur, sensible à l'attrait de l'aventure pleine de curiosité de l'inconnu, forte d'une volonté de domination, animée aussi par une mentalité impérialiste que l'on ne retrouve, à ce degré, chez aucun autre peuple.
A la veille de la dispersion, on évalue les Indo-Européens à environ une dizaine de millions d'hommes. Les migrations les conduisent vers le sud, vers un climat moins rude, où ils pourront donner libre cours à leurs activités créatrices. A partir de 2400 avant J.-C., les vagues de migrants se succèdent, de plus en plus nombreuses, qui conduiront ces peuples à la conquête de la moitié de la terre. Certains groupes vont disparaître en route, ou rejoindre d'autres rameaux. D'autres vont marcher, sans trêve, jusqu'au bout, jusqu'au terme de leur histoire.
Leur progression ne se fait pas en un mouvement de pénétration pacifique, mais par la conquête. Les envahisseurs Indo­-Européens apportent avec eux une technologie supérieure et ils ont domestiqué le cheval et le bœuf, grâce auxquels ils peuvent couvrir de grandes distances.
Les éléments indigènes, trouvés sur place par les Indo-Européens, leur étaient, presque toujours, supérieurs en nombre. C'est particulièrement sensible en Orient, où les Indo-Aryens représentaient une minorité infime au milieu des autochtones. La conquête Indo-Européenne a donc provoqué la création d'un système de castes destiné à préserver sa domination. Ce système était d'autant plus rigoureux que la proportion d'Indo-Européens dans la population était plus faible. Il a survécu dans une certaine mesure aux Indes jusqu'à ce jour et certaines formes de recrute­ment des élites s'en inspirent encore même si elles sont fondées sur des critères tout différents.
L'homme indo-européen
Un sentiment unissait les peuples Indo-Européens, celui d'appartenir à une même communauté de langues et d'institutions. Les études linguistiques ont mis en évidence que les langues des Indo-Européens constituaient un outil incomparable, parfaitement adapté au raisonnement abstrait et au développement des sciences.
Hommes actifs, durs pour eux-mêmes, comme pour les autres, ne corrigeant leur emportement que par leur intelligence, ils étaient habités par la volonté de puissance, le goût de l'héroïsme et de la création. Attachés à ce qui enracine, famille, fonction, cité, culture, race, ils alliaient la sûreté technique au génie impulsif.
Religion et société
Dans les communautés Indo-Européennes, existait une simili­tude, étroite, entre la religion et la communauté elle-même. Avant la première dispersion, celle-ci dispose, déjà, d'une « idéologie » reposant sur une vue commune du monde, se traduisant par une conception, propre, du fait religieux, de la société, de la souverai­neté et des rapports entre les hommes et les dieux. Elle s'appuie, également, sur une théologie, une liturgie, une poésie et une littérature épique, que l'on retrouve semblables quant au fond, mais adaptées quant aux formes, chez les différents rameaux Indo­-Européens.
A l'image des hommes, les dieux Indo-Européens, forment une communauté, un « panthéon ». Ils sont dotés d'attributs fonction­nels correspondant aux classes humaines primitives, qui répar­tissent les hommes libres en prêtres, guerriers et paysans. L'organisation sociale est, en effet, fondée sur la distinction entre ces trois niveaux de fonctions : le niveau sacerdotal et souverain, le niveau guerrier, le niveau populaire et producteur. Hiérarchique­ment ordonnés, ces groupes sociaux connaissent un équilibre interne, qui permet à chacun de porter sa part de responsabilité et d'initiative, dans l'action commune.
La société Indo-Européenne est paysanne et guerrière à la fois. Cette ambivalence, constante dans son histoire, est symbolisée par la scène fameuse du consul romain, requis pour prendre la tête d'une armée et trouvé labourant ses terres... Quant au mode de gouvernement, s'il varie d'un peuple à l'autre, il est toujours chargé de traduire, dans les faits, une tolérance qui exprime une conception concrète de la liberté et de la dignité individuelle. Il est très rare que le pouvoir royal soit héréditaire. Le plus souvent, le roi, élu, ne règne pas en souverain absolu, bien qu'il soit responsable, sur sa tête, de la bonne marche du gouvernement. Il est entouré des conseils et du contrôle d'une assemblée aristocra­tique comme nous l'avons déjà noté.
Les conquêtes Indo-Européennes
Ce sont ces peuples qui vont conquérir tout un continent. Les expéditions, victorieuses, des premiers Indo-Européens les amè­nent aux confins de l'Europe centrale, puis, après une halte de quelques décennies, jusqu'aux bornes de la Chine à l'est, de l'Afrique noire au sud. Les contingents de cavaliers qui débou­chent, entre le XXe et le XVIIe siècle avant J.-C, dans les plaines du pourtour méditerranéen, les troupes combattantes et paysannes qui, dans un deuxième temps, coloniseront les péninsules hellé­nique et italique, puis ibérique et britannique, sont les premiers représentants de ce type nouveau, d'homme et de civilisation, d'où nous sommes issus.
Dès 2500 avant J.-C., et jusqu'en 2000, voire 1600, les vagues migrantes sortent, l'une après l'autre, du réduit et se dispersent, souvent sans marquer culturellement et socialement les peuples autochtones, si ce n'est en laissant en place une aristocratie dominante. Une dernière grande vague, vers —1250, va permettre aux Indo-Européens de fixer les limites de leur domaine. Il englobera les sociétés védique et iranienne, l'empire hittite, les royaumes des plateaux d'Anatolie, les civilisations historiques des Grecs, des Latins, des Celtes et des Germains, la Gaule, la péninsule Ibérique, l'Angleterre, l'Islande et la Scandinavie.
La même énergie inépuisable, la même âpreté à la guerre et la volonté de conquête, qui ont caractérisé les peuples Indo-­Européens, seront à l'origine de tous les grands mouvements ultérieurs de l'histoire de l'Occident : la tentative de conquête du Proche-Orient à l'occasion des croisades; l'occupation de l'Amé­rique centrale et de l'Amérique du Sud, puis celle de l'Amérique du Nord; la conquête de l'Australie et des terres de l'Océanie; l'occupation de l'Afrique, à l'époque romaine et plus tard aux siècles des conquêtes coloniales...
Lorsque aucun conflit ni aucune expansion n'est envisageable à l'extérieur, les peuples Indo-Européens, dans leur impétuosité vitale, retournent le fer contre eux-mêmes dans des guerres entre voisins — comme on l'a vu à travers toute l'histoire et jusqu'au cours des deux dernières guerres « mondiales », qui étaient d'abord des conflits fratricides entre Européens.
Quand le maître devient apprenti sorcier…
Cette insatiable volonté de conquête ne se traduit pas seulement en termes guerriers. C'est la race Indo-Européenne qui porte l'élan scientifique, technique, culturel et qui imprime sa marque à l'essor de nos sociétés. Mais ce développement positif a son revers négatif. Maître et dominateur, l'homme Indo-Européen est devenu apprenti sorcier. Les bouleversements qu'il a imposés à la société humaine, ont pris une telle ampleur qu'il parvient difficilement à les maîtriser.
La division du monde entre des blocs antagonistes, la continuation des conflits et des guerres sont un risque majeur parce qu'ils déboucheront inéluctablement sur un anéantissement absolu. L'agressivité naturelle des peuples Indo-Européens les place, aujourd'hui encore, à la tête de cette compétition terrible, comme en témoigne la lutte pour l'hégémonie qui oppose depuis trente ans les États-Unis et l'Union soviétique, les deux peuples Indo-Européens les plus puissants.
L'héritage génétique Indo-Européen, positif par certains aspects, est dangereux par d'autres. Il doit trouver en lui les moyens de son nouveau destin
Un monde, fini et limité, où n'existent plus d'espaces vierges à conquérir, est en effet un monde fragile où la moindre étincelle peut déclencher une explosion fatale. Il faut canaliser notre agressivité naturelle vers des expressions autres que la domina­tion. Il faut l'orienter vers des défoulements positifs et créateurs. Faute d'objectifs concrets et de desseins généreux, notre trop-plein d'énergie se décharge, encore aujourd'hui, comme aux débuts de l'espèce. Ce que les ethnologues appellent pompeusement la « lutte intraspécifique », la guerre fratricide, est un élan vital qu'il faut sublimer parce qu'il devient mortel.
Ce risque est actuel et la géopolitique nous montre clairement les éléments possibles de l'affrontement entre les deux plus grandes puissances Indo-Européennes.
Sources : Michel Poniatowski, L’avenir n’est écrit nulle part-Ed. Albin Michel-1978
Notes :
(1) Dans le Quaterly Review d'octobre 1813, article de Thomas Young (1773-1829). C'est l'un des meilleurs philologues de son époque, mais il a aussi contribué à la théorie ondulatoire de la lumière et à l'analyse de la perception des couleurs
(2) P. Bosch Gimpera, Les Indo-Européens, Payot, 1961.
(3) Où est éditée une importante revue trimestrielle The Journal of Indo-
European Studies (Suite 108, 1785 Massachusetts avenue, N. W., Washington
B.C. 20.036).
(4)John Geipel-Laffont, L'Anthropologie de l'Europe.

Pour en savoir plus :

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire