Comment un président de la République a-t-il pu aussi rapidement offrir son appui alors que l’enquête est encore en cours ?
Il m’arrive rarement de me mettre en colère, mais l’affaire d’Aulnay-sous-Bois aujourd’hui me scandalise.
Quatre policiers sont mis en examen dans cette affaire : trois le sont pour violences volontaires en réunion, tandis que le dernier est accusé d’avoir introduit sa matraque télescopique dans le rectum du jeune Théo. Les grands médias se sont, dès le départ, faits les avocats de l’Aulnaysien. Nous savons tout (le positif) sur lui et sur sa version des faits. Pour la relation du policier, il a fallu attendre un reportage de BFM. Que nous précise, dans celui-ci, le gardien de la paix mis en cause ?
Avec trois collègues il patrouillait dans la Cité des 3.000, connue pour être un haut lieu du trafic de stupéfiants. Son unité, la brigade spécialisée de terrain (BST), avait pour mission de quadriller les zones où pullule le trafic de drogue. Jeudi soir, ils interpellent un groupe de dix individus, le ton monte, les « jeunes » défient les forces de l’ordre. Théo, selon le récit du fonctionnaire de police, attrape un agent par le col et l’insulte, il lui donne un coup de poing au visage. Les fonctionnaires décident de l’interpeller, il se débat « très violemment ». Une rixe s’ensuit, le policier utilise alors sa matraque pour « frapper Théo aux jambes », « pour l’empêcher » dit-il, « de donner des coups de pied ». Les policiers réaffirmeront, lors de leurs auditions, n’avoir jamais eu l’intention de commettre un viol.
Depuis cette arrestation intempestive, les manifestations se succèdent non seulement à Aulnay, mais dans tout le 93, et souvent, à la nuit tombée, elles dégénèrent avec voitures brûlées et caillassages, cela malgré de nombreux appels au calme, dont celui de Théo.
Cette affaire est complexe mais je voudrais préciser trois points :
– Une arrestation, quand l’interpellé a la volonté de s’y soustraire, est un exercice compliqué et difficile. Il faut qu’elle soit rapide pour que l’action ne s’amplifie pas avec l’arrivée de nouveaux protagonistes, mais il faut aussi qu’elle soit ferme et dissuasive pour que l’individu appréhendé ne pense pas qu’il peut s’y dérober, tout cela en évitant des violences gratuites.
– Or, ce jeune policier de 27 ans a été envoyé, dès sa sortie d’école, dans ce secteur sensible et difficile. Sans expérience véritable du terrain, il prend conscience d’une criminalité qu’il imaginait mal. Dans ces zones de non-droit, les patrouilles se font la peur au ventre et cela ne favorise pas les prises de décision sereines.
– Ce mardi, le chef de l’État s’est rendu au chevet de Théo. Il n’a pas fait que serrer la paluche de l’adolescent, il lui a apporté un message de soutien explicite :
« Il [Théo] a réagi avec dignité et responsabilité. La justice est saisie et va aller jusqu’au bout. J’ai une pensée pour Théo qui a un comportement exemplaire. »
Comment un président de la République a-t-il pu aussi rapidement offrir son appui alors que l’enquête est encore en cours ? Comment peut-il parler de comportement exemplaire si Théo s’est rebellé lors du contrôle ?
Pour Hollande, quatre policiers enfermés dans leur véhicule, brûlés par un cocktail Molotov, c’est moins dramatique qu’un jeune de banlieue d’origine congolaise à qui a été attribuée une ITT de 60 jours. Je suis pour que ces policiers soient punis s’ils le méritent, mais que le Président se déplace exclusivement au chevet d’un individu dont la conduite est encore mal définie alors qu’il a négligé de se rendre auprès de femmes violentées, d’enfants victimes de pédophiles, de vieillards tabassés ou de policiers blessés est intolérable. Encore une fois, on constate que les socialistes sont d’abord du côté des autres avant d’être du côté des nôtres.
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