À part Marine Le Pen, quel candidat génère une adhésion franche de son électorat ? Personne.
Le « Grand Débat » organisé par la première chaîne, duquel étaient absents les six « petits » candidats, sur lesquels Fillon et Macron n’ont pas manqué de verser quelques larmes de crocodile, n’a pas tenu toutes ses promesses. Il aura renforcé les électeurs dans leurs convictions sans forcément les bousculer. Chacun y sera allé de sa partition habituelle.
À gauche toute, Jean-Luc Mélenchon s’est fait tribun de la plèbe avec un talent oratoire que je ne lui contesterai pas – et dieu sait, pourtant, que ses cabotinages m’agacent. Quant à Benoît Hamon, il a définitivement endossé l’habit du champion incontesté du multiculturalisme Terra Nova, défendant avec le plus grand zèle les fameux « indigènes de la République » à défaut d’en séduire les indigents. Avec eux, l’État rasera gratis.
Mi-figue mi-raisin, Emmanuel Macron a montré ses faiblesses et ses lacunes. Perdant souvent le fil de ses arguments, il a dû confondre le débat présidentiel avec une réunion de start-up, délivrant des satisfecit aux uns et aux autres afin de donner de lui l’image d’un consensualisme pur et parfait. Parfaitement ridicule sur la question du burkini face à Marine Le Pen, il a usé de ces sophismes qui lui sont habituels. Adolescent, timide, suffisant et brouillon, il a déçu ceux qui l’imaginaient fin dialecticien. Mais, au fond, il incarne bien le zeitgeist post-politique.
François Fillon s’en est tenu à ce qu’il sait faire… Peu nerveux, il a cherché à apparaître rassurant, oscillant entre le père Fouettard antisocial et le protecteur des familles françaises. S’il a certainement plu à la partie de son électorat la plus convaincue, il n’aura pas su élargir sa base.
Son programme ordo-libéral, présenté de la manière la plus austère, ne me semble pas de nature à susciter une vague d’enthousiasme général.
Marine Le Pen a su faire montre de force de caractère. Parfois durement attaquée par les quatre autres candidats, elle a répondu avec ses armes, déroulant un programme conçu comme un tout. De tous, elle fut la seule à déclarer que la France devait en finir avec l’immigration. Candidate de l’ordre, elle n’oublie pas non plus d’avoir une pensée pour ceux d’entre nous qui souffrent le plus des effets pervers de la financiarisation de l’économie mondiale.
À part Marine Le Pen, quel candidat génère une adhésion franche de son électorat ? Personne. Les autres candidats, tous d’anciens ministres, seront des choix par défaut. Les commentaires consécutifs au débat démontrent, s’il en était besoin, que les Français auront principalement conforté leurs choix initiaux. Ceux qui n’appréciaient pas, hier, les envolées lyriques du socialiste Mélenchon ne les apprécieront pas aujourd’hui.
L’histoire pourrait être différente lors du prochain débat. Rodés, baptisés pour certains, les impétrants devront prendre plus de risques et se dévoiler. Espérons qu’ils ne réciteront pas leur programme tels des premiers communiants, à l’image de ce qu’a pu faire Emmanuel Macron. Les Français attendent qu’on leur présente une vision pour leur civilisation. Il faudra aussi qu’un mensonge tombe : non, la gauche et le centre n’ont pas le monopole du progrès, de la liberté et de l’optimisme. Car ce sont bien les politiques qu’ils ont menées qui ont rendu le pays dépressif.
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