Précarité. Un mot que l'on entend, dans les discussions, et dans les médias. Ce mot est surtout l'apanage de la "sacro-sainte gauche humaniste", s'emparant de ce terme afin de dénoncer la situation des sans-papiers et autres immigrés clandestins. Ce qui est une grave erreur.
En effet, la précarité existe, tout autour de nous, et plus particulièrement pour les français enracinés, ce que s'attache à montrer Florence Aubenas dans son ouvrage. Cette journaliste, a pendant plusieurs mois, sous un nom d'emprunt, vécu la situation de ces travailleurs pauvres, injustement oubliés, et qui pourtant font fonctionner la société. Vie dure, enchaînement de contrats à défaut de périodes de chômage, non reconnaissance, et (je me répète) oubli de la part du reste de la population. Pourtant ils sont bien présents, et font les petits boulots que la classe moyenne refuse de faire, par mépris, et par un orgueil de classe.
Cet ouvrage montre aussi les lacunes flagrantes d'un système outrageant, l'ANPE avec ses pseudos-formations, et son manque d'intérêt envers des personnes qui cherchent par tous les moyens de sortir de cette misère.
Il ne faut pas oublier que plus de la moitié de la population française gagne le Smic, et une autre partie non négligeable gagne en-deça du Smic, autant dire qu'ici, il n'est pas question de vivre mais de survivre.
Cependant, ces personnes qu'on appelle malheureusement de manière négative "petites gens" ont une qualité, qui aujourd'hui tend à disparaître, la solidarité, le sens de l'aide de manière désintéressée, car ils savent "ce qu'est la galère" et il n'est pas question de laisser tomber les autres, par exemple, la journaliste, n'ayant pas de moyen de locomotion pour aller travailler, s'est vue prêter une automobile par une personne qu'elle venait juste de rencontrer afin qu'elle puisse travailler.
Ce livre reste un reportage, cependant le style est fluide, se lit remarquablement bien, et se focalise sur les points importants sur la situation d'une catégorie de la population d'un des pays les plus riches au monde.
Il est clair qu'il est plus simple de montrer à la télé, les reportages sur les vacances de luxe, yachts et soirées "jet-set" que de montrer ces français qui vivent dans des caravanes sans chauffage et sans eau courante (alors qu'ils travaillent!), ces enfants allant en pyjama à l'école et faisant le tour des pâtés de maisons le midi (les parents n'ayant pas les moyens de leur payer la cantine) en attendant que leurs camarades aient fini de déjeuner.
Si la misère du monde à travers les médias vend plus, il est impensable dans notre pays d'oublier ceux qui vivent près de chez nous et qui donnent l'impression de sortir d'un roman de Zola.
Pourtant un petit pas a été fait, la dernière campagne des restos du coeur, où sont montrés des retraités avec une pension misérable, des étudiants en situation de précarité et des travailleurs pauvres qui ne gagnent pas assez pour pouvoir manger convenablement. Une association, peu médiatisée malheureusement existe, ATD Quart-Monde (désignant par ce terme la pauvreté dans les pays riches), en effet quand la gauche s'emeut pour le Tiers-Monde, elle en oublie presque (et parfois volontairement) que la misère est aussi chez nous, qu'elle concerne des personnes nées en France, travaillant en France, mais qui sont d'origine française, avec un nom typiquement français, et d'origine catholique.
L'ouvrage de Florence Aubenas est un livre qu'il faut lire, il sensibilise par la force de sa vérité, d'autant plus qu'elle ne se laisse aller à aucun type de jugement pouvant altérer la qualité de son livre, dans la mesure où ce sont les faits et l'expérience du terrain qui révèlent une situation que l'on essaie d'oublier par omission.
Leu Xan
Leu Xan
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