mardi 25 septembre 2018

Le Mirage des valeurs de la République, par Bernard Gantois

mirage-valeurs-republique-bernard-gantois-588x330.jpg
Par Camille Galic, journaliste, essayiste ♦ Le Mirage des valeurs de la République : voici un petit essai (par le format) que tous les animaux politiques, y compris et surtout ceux de notre mouvance, devraient avoir comme livre de chevet, ce qui leur éviterait de débiter force solennelles sornettes. Car ces valeurs sans cesse ressassées reposent sur un vide abyssal.
Polytechnicien et ingénieur des Ponts et Chaussées ayant effectué toute sa carrière à la RATP, Bernard Gantois est donc issu de la « société civile », ce qui ne l’empêche pas d’être féru d’histoire – comme en témoigne sa Saga des Louis (qui gouvernèrent la France), également publiée par Via Romana – et de sémantique. C’est justement cette passion, couplée avec sa formation hautement technicienne, qui l’a convaincu que les fameuses valeurs dont on nous tympanise relèvent non seulement du mythe mais, plus grave encore, du « mirage ». Par essence inatteignable et souvent mortifère.
Le flou artistique organisé par les lois
Selon le Littré de 1872-1877, « valeur » peut en effet prendre « quatorze sens possibles », dont un seul « se réfère au “prix que l’on attache à une chose intellectuelle ou morale” sans que rien n’indique la nature de la “chose” ni surtout que le “prix” soir plus qu’une appréciation strictement personnelle, donc sans aucun caractère ni intérêt général ». Quant au terme « République », respublica, il est tout aussi vague puisque le Littré le définit comme « en général, toute espèce de gouvernement ». La République (oligarchique) de Venise, la République démocratique du Congo ou celle du Kampuchéa des Khmers rouges étant ainsi mises dans le même couffin que la République parlementaire d’Islande, premier Etat à s’être, dès l’an 930 de notre ère, doté d’un Parlement, l’Althing qui siège toujours — après une interruption de 1800 à 1944.

Un flou artistique en quelque sorte programmé par Jean-Jacques Rousseau, « grand prêtre des Lumières, esprit fondateur de la Révolution et de notre République actuelle », qui écrit dans Le Contrat social « J’appelle donc république tout état régi par des lois, sous quelque forme d’administration que ce puisse être ; car alors seulement l’intérêt public gouverne. »
Au-delà du vœu pieux, qu’est-ce que cela veut dire ? Rien, comme le souligne Bernard Gantois quand il évoque l’article 16, pilier de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 prescrivant la nécessité de la « garantie des droits » pour qu’une société soit constitutionnellement créée : « Comme les droits sont pratiquement tous soumis à une Loi essentiellement variable au gré de la volonté générale [dûment orientée et conditionnée, ajouterons-nous], cet article n’affirme rien d’autre que l’instabilité de principe de toute constitution dans les régime(s) sous-tendu(s) par la déclaration de 1789. Et, de fait, les constitutions se sont succédé en rafale pendant deux siècles et demi, sans compter leurs révisions multiples pendant leur période de validité. » Ainsi, loin de garantir la pérennité, « l’article 16 de la déclaration des droits de l’homme est la clé de voûte de l’instabilité du régime républicain à la française ».
La fraternité selon Jacques Attali
 Le triptyque Liberté-Egalité-Fraternité est-il plus solide ? Avec la même précision, qui n’exclut pas la causticité, Bernard Gantois dissèque ces notions ambitieuses mais vidées de toute réalité par des rafales de lois « essentiellement variables ».
Que reste-t-il de la liberté quand il suffit de catégoriser une population ou une opinion pour leur  interdire tout droit d’expression, d’ailleurs strictement limité par tout un arsenal législatif ?
Que reste-t-il de l’égalité quand, au nom de la discrimination positive, les indigènes de ce pays sont sacrifiés ?
Que reste-t-il de la fraternité, forme subvertie de la charité, quand l’Autre, le plus lointain possible, est systématiquement préféré au frère de sang ?
Et ces interrogations essentielles ne sont pas rhétoriques. Ainsi, la notion de race étant désormais expressément interdite par la Constitution, le grand ancêtre Jules Ferry devrait être ostracisé à l’égal d’un Alexis Carrel, lui qui professait qu’« il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures », un « droit, parce qu’il y a un devoir pour elles… Le devoir de civiliser les races inférieures ».
Et preuve que la fraternité nationale est elle aussi un mythe, c’est en toute impunité que Jacques Attali, gourou de la République et mentor d’Emmanuel Macron qui lui doit largement son accession à l’Elysée, a pu écrire en 2003 que puisque « dès qu’il dépasse 60/65 ans, l’homme vit plus longtemps qu’il ne produit et coûte alors cher à la société », cela n’est supportable qu’« à condition de rendre les vieux [sic] solvables et de créer ainsi un marché » (1). Mais mieux vaudrait encore, selon lui, faire de l’euthanasie « un des instruments essentiels de nos sociétés dans tous les cas de figure ». Et, de crainte de n’avoir pas été compris, Attali (polytechnicien comme notre auteur, qui le cite longuement) de répéter au terme de son argumentation : « L’euthanasie deviendra un instrument essentiel de gouvernement ».
Egalement auteur d’un Dictionnaire amoureux du Judaïsme (Plon-Fayard, 2009), qu’eût fait l’ancien conseiller spécial de Mitterrand  de Mathusalem et de Lamech, patriarches bibliques pluricentenaires et donc peu rentables ? Les eût-il convaincus de mettre fin à leurs jours car « la logique socialiste c’est la liberté et la liberté fondamentale c’est le suicide » ? En conséquence de quoi, « le droit au suicide direct ou indirect [resic]est donc une valeur absolue dans ce type de société ».
Le nomadisme, voie royale vers la mondialisation
Ce type de société est celui qu’Attali expose dans L’Homme nomade, Plon 2003, Livre de Poche 2005), « vaste fresque historique et prospective » destinée à prouver selon le prière d’insérer rédigé par Attali soi-même que l’homme, « nomade depuis ses origines », est en train « de redevenir, par la mondialisation, un nomade d’un genre nouveau ». Ce dont il faut se réjouir car «  quand elles se ferment aux nomades, aux itinérants, aux étrangers, aux mouvements de toutes sortes, les sociétés déclinent et périclitent » alors que nous avons besoin de « perspectives radicalement neuves pour l’humanité». Ainsi, à l’ancien monde succéderont « les trois forces nomades qui aspirent à le remplacer : le marché, la démocratie, la foi » — en la nouvelle religion des droits de l’homme, de « l’homme sans Dieu » disait Jean Madiran.
Le réveil des peuples
Voilà qui a le mérite de la clarté, et qui explique le prodigieux champignonnement d’institutions et de fondations mondialistes tels le Council of Foreign Relations, le Club Bilderberg, les agences onusiennes, l’Open Society du milliardaire judéo-hungaro-américain George Sörös ou encore les Georgia Guidestones, aussi mystérieux qu’influents qu’évoque longuement Bernard Gantois à la fin de son livre. Tous ayant pour mission de nous bombarder de concepts abstraits et de mots ronflants, mais promettant tous des lendemains qui chantent dans le village planétaire, afin de nous faire oublier nos racines et nos véritables intérêts.
Mais les peuples sont moins abrutis que ne le pensent les mauvais bergers militant pour une gouvernance unique et globale. De la Suède à l’Italie, des Pays-Bas à la Slovaquie, les Européens commencent à rejeter massivement les mirages et les mensonges qui nous ont fait tant de mal, et le mouvement s’étend. La reconquête de la Syrie en est la preuve ainsi que ce sondage réalisé en Tunisie et qui a consterné les officines mondialistes : présenté début septembre, cette enquête réalisée par l’Afrobaromètre que subventionnent la Banque mondiale, la Fondation Bill et Melinda Gates, le Département et plusieurs ONG mondialistes a en effet révélé que si, en 2013, quelque 71 % des Tunisiens voyaient en la démocratie « le meilleur des régimes », ils n’étaient plus que 46% dans ce cas en 2017. Pis, ils ne sont plus que 61 % à rejeter un régime dictatorial,  46 % un régime militaire et 51 % à refuser le système du parti unique tant les conséquences de la tant célébrée « révolution de jasmin » ont été dévastatrices après la destitution du raïs Ben Ali.
On n’en est certes pas encore là en Europe mais les choses pourraient s’accélérer si, nourri de citations souvent succulentes (2), le véritable catalogue des fausses valeurs et des vrais pièges qu’est Le Mirage des valeurs de la Républiqueobtenait l’audience qu’il mérite.
Camille Galic 22/09/2018
Bernard Gantois, Le Mirage des valeurs de la République, 236 pages, 13 euros, éditions Via Romana, septembre 2018.
(1) Ce qui a commencé avec l’amputation des retraites et le déremboursement de nombreux médicaments décidés par Emmanuel Macron (jeune banquier prometteur coopté par Attali au sein de la Commission pour la libération de la croissance française mise en place par Nicolas Sarkozy en 2008) et le ballon d’essai sur le relèvement des droits de succession — nouvelle attaque contre la transmission —lancé avant que le même Macron ne s’avise le 17 septembre qu’il valait mieux ne pas « trop emmerder les retraités ».
(2) Ainsi celle de l’omniscient Léon Blum, futur chef du Front populaire, dans Le Populaire du 8 novembre 1932 : « Hitler est désormais exclu du pouvoir. Il est même exclu […] de l’espérance du pouvoir. » Quelques jours plus tard, la NSDAP remportait les élections et, le 30 janvier 1933, l’exclu accédait à la Chancellerie.
Source : Correspondance Polémia
Crédit photo : Via Romana

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire