mardi 25 septembre 2018

L’inquiétude de ce qu'on appelle les territoires

6a00d8341c715453ef022ad36d9684200c-320wi.jpgDepuis le 21 juin 2017, Jacqueline Gourault exerce d'assez imprécises fonctions de "ministre auprès du ministre de l'Intérieur". Cette sénatrice du Loir-et-Cher avait été nommée deux jours après que, le 19 juin, ses trois camarades du Modem, Marielle de Sarnez, Français Bayrou et Sylvie Goulard furent partis du gouvernement. Il s'agissait pour elle de représenter la sensibilité centriste, mais aussi, au sein du ministère en charge des collectivités locales, l'espoir de ce fameux pacte girondin qui allait être promis solennellement quelques jours plus tard, devant le Sénat en juillet, par le président nouvellement élu.
Tout la disposait donc, dans notre système qui reste d'essence jacobine à piloter une opération de compensation pseudo-régionaliste. Aussi délicate que psychologiquement nécessaire, sa mission actuelle tend à rendre une personnalité administrative à l'Alsace laquelle s'est trouvée engloutie dans l'artificiel ensemble appelé Grand Est, par la faute de l'aberrante contre-réforme territoriale imposée par François Hollande en 2015.[1]
La manœuvre en cours donne l'apparence d'une vague reprise du référendum alsacien saboté en 2013 par une partie de la classe politique locale. Or, si depuis 5 ans les œillères centralistes des dirigeants parisiens n'ont pas changé, le contexte financier des collectivités territoriales, lui, s'est totalement modifié sous l'effet des contraintes budgétaires.

Ces dernières années une nouvelle pratique de l'État central consiste à reporter sur les structures locales l'effort de diminution des dépenses. Ceci pourrait, vu de loin, paraître de bon sens. Mais le mécanisme tend en fait vers l'absurde dans la mesure où l'on demande aux communes, aux circonscriptions intermédiaires, aux départements, aux régions, de rogner sur des dépenses, qui dépendent hélas de décisions centralisées, alors qu'elles ne disposent elles-mêmes d'aucune liberté quant à leurs ressources.
Mme Gourault ose quand même déclarer qu'elle "ne sent pas la défiance des territoires"[2] (…) "Il peut y avoir, concède-t-elle, des interrogations, voire des inquiétudes, mais sur le terrain nous nous employons à répondre à toutes les préoccupations concrètes des élus locaux."
Voilà sans doute un effet de la mode, hélas probablement passagère, des bonnes nouvelles auxquelles personne ne peut plus croire.
Vieille entreprise de ménagement très parisienne, Le Figaro, annonçait pourtant deux jours plus tard ce 23 septembre[3] que [le président] Macron atteint son niveau le plus bas de popularité. Dans le baromètre mensuel de l'Ifop publié par Le Journal du dimanche, 70 % des personnes interrogées se disent mécontentes de son action. Passant de 34 % de citoyens et contribuables satisfaits en août à 29 % en septembre, son score apparaît comme le plus bas depuis le début du quinquennat.
Remarquons que cette nouvelle chute de 5 points intervient alors même que l'on commence à se lasser de l'affaire Benalla et que l'on mesure encore mal en France, aussi bien l'effet des interventions de la diplomatie présidentielle dans le dossier du Brexit que la portée, difficile à évaluer, du scandale apparu autour de la vente de 36 avions Rafale en Inde et auquel personne ne comprend rien.
Est-il donc interdit de penser que l’inquiétude de ce qu'on appelle les territoires, c'est-à-dire celle de la France profonde, entre pour beaucoup dans cette nouvelle baisse de popularité.
JG Malliarakis  
Apostilles
[1] cf. loi du 7 août portant sur la Nouvelle Organisation Territoriale de la République.
[2] cf. Entretien avec Emmanuel Galiero pour le Figaro le 20 septembre.
[3] cf. "Popularité : Emmanuel Macron atteint son niveau le plus bas" en ligne le 23, publié dans l'édition papier datée du 24.

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