Les grands médias et les spécialistes de la politique américaine se sont peu ou prou accordés pour le dire, Donald Trump et le camp républicain ont plutôt bien tiré leur épingle du jeu lors des Midterms, les élections de mi-mandats dont les résultats sont tombés hier. Certes, cela était attendu, les Démocrates regagnent la majorité des sièges à la chambre des représentants, ce qui peut laisse craindre au camp Trump le blocage de mesures phares -baisses des impôts pour les classes moyennes, tour de vis dans le domaine de l’accueil de l’immigration, mur anti-migrants... - voire la réactivation de la menace d’empeachment, de la procédure de destitution du président américain. Mais ladite procédure nécessiterait pour aboutir un vote du Sénat avec 60% des voix; or le Sénat est resté hier majoritairement aux mains des Républicains. Le nombre des gouverneurs pro-Trump est lui aussi toujours le plus important. Comme en 2016, le locataire de la Maison Blanche a pu compter principalement sur l’Amérique populaire blanche, rurale, des petites agglomérations; les démocrates se sont eux appuyés sur les minorités et les populations des grosses villes. La différence s’est faite dans les banlieues aisées où les bourgeois ont largement voté contre le parti de l’actuel président américain…
Mais le camp démocrate enregistre des défaites très symboliques de ses vedettes médiatiques. En Floride par exemple , Andrew Gillum, candidat au poste de gouverneur, a mordu la poussière face au républicain Ron De Santis. Au Texas, le sénateur Ted Cruz (ex candidat à la primaire présidentielle républicaine), soutenu ici personnellement par Donald Trump, l’a emporté face à Beto O’Rourke. Le site pro Trump (et pro Likoud) Dreuzinfo ne cache pas sa joie de voir qu’ « Obama a encore perdu »(« quatre des quatre candidats qu’il a soutenus ont perdu l’élection»), mais qu’ «en revanche, les candidats directement soutenus par Trump sont réélus. » Il est rappelé que « la chambre des représentants n’est restée que deux fois dans l’histoire récente du côté du président aux élections de mi-mandat » et qu’ « il n’y a eu que 5 fois au cours des 105 dernières années qu’un président a remporté des sièges au Sénat lors des élections de mi-mandat. » Or, « souvenons-nous que par comparaison, Obama a plus perdu en 2014 que Trump en 2018 : Obama avait perdu les deux chambres. » Bref, Donald Trump resterait plus que jamais un candidat sérieux et bien placé pour sa propre réélection en 2020…
Une échéance qui trotte bien évidemment déjà dans la tête d‘Emmanuel Macron, lequel sait bien que sur sa route les élections européennes de mai prochain seront une étape importante, voire décisive. Son projet européiste n’est-il pas la colonne vertébrale de son action politique comme il n’a cessé de le dire? Ses communicants pour se faire lui ont suggéré de mener une campagne anxyogène visant à pourfendre les méchants populistes-nationalistes. Le couteau entre les dents, ces derniers s’apprêteraient à renverser notre édifice démocratique… celui-là même qui a donné en juin dernier à 45% des électeurs, 4 % des députés à l’ Assemblée nationale... On apprenait ainsi mardi, quel hasard!, que les services antiterroristes avaient de nouveau procédé à six interpellations dans la mouvance de l’ultra-droite, « dans le cadre d’une enquête sur un projet d’action violente aux contours imprécis visant le président Emmanuel Macron», rapporte l’AFP.
Sur le même mode, le clip de campagne pour les européennes du camp macroniste est un modèle du genre, assez sidérant, qui coche toutes les cases de la grossière, primaire et binaire publicité euromondialiste…mais depuis quand la propagande visant les masses s’embarrasse-t-elle de finesse? Ici le message est clair: ce sera moi Jupiter, moi et mes amis éclairés, en marche vers la prospérité promise, la sécurité, la paix progressiste, écologiquement et climatiquement régulée, de l‘Europe de Bruxelles; ou alors ce sera le déluge, les cyclones, la guerre, le chaos généralisé, Salvini, Orban, Le Pen…
Certes, quand Emmanuel Macron entend sortir du manichéisme, s’affranchir des réflexes pavloviens, faire appel à l’intelligence, introduire des nuances, il se fait rabrouer non seulement par l’extrême gauche mais aussi par ses soutiens. Sa semaine de déplacement dans le cadre des commémorations de la fin de la Grande guerre en a apporté un exemple assez frappant. Ce n’est pas à Verdun mardi, - où il a été vivement invectivé par des Français manifestant leur ras-le-bol - ni dans le village des Eparges que le président a choqué. Il y a dit son souhait de voir entrer au Panthéon le normalien, Académicien, homme de lettres et lieutenant pendant la Grande Guerre Maurice Genevoix. » «Mais aussi, à titre collectif rapportait Le Figaro ceux de 14: les Français civils et militaires engagés dans la Grande Guerre, qui ont donné son titre au recueil emblématique de l’écrivain. »
Voilà au moins un grand écrivain, voyageur et poète, qui mérite d’être honoré , non seulement pour ses écrits de guerre – Sous Verdun, Les Eparges, Nuits de guerre…- qui en font un peu le Ersnt Jünger Français, mais aussi pour ses magnifiques romans. Il faut que les jeunes générations lisent des chef-d’oeuvres comme Raboliot, La dernière harde, La Forêt perdue, enracinés dans notre terroir, portant nos mythes fondateurs et faisant appel à notre longue mémoire…
Non, ce qui a valu au Président Macron une avalanche de récriminations c’est son souhait de ne pas occulter Philippe Pétain des commémorations samedi aux Invalides. Le locataire de l’Elysée souhait ici très prosaïquement se placer dans la filiation des propos du Général De Gaulle à l’occasion du soixantième anniversaire de la bataille de Verdun en 1966, voire des autres présidents qui jusqu’à Jacques Chirac firent fleurir sa tombe
Ses propos quels sont-ils? M. Macron a déclaré ces derniers jours que « le Maréchal Pétain a été aussi, pendant la Première Guerre mondiale, un grand soldat » mais qui a « conduit à des choix funestes» pendant la Seconde Guerre mondiale. « J’ai toujours regardé l’histoire de notre pays en face. (…) Je n’occulte aucune page de l’histoire. » Du Crif de Françis Kalifat à Jean-Luc Mélenchon, de LFI aux différentes chapelles de ce qui reste du PS, les représentants peuple de gauche, mais aussi un Meyer Habib, un Roger Karoutchi, et même un Florian Philippot n’ont pas manqué de crier au scandale révisionniste
Résultat indiquait Le Figaro, l’Élysée a fait volte-face en indiquant que « seuls les maréchaux présents aux Invalides – Foch, Lyautey, Franchet d’Esperey, Maunoury et Fayolle – seront honorés samedi. Exit, donc, l’hommage à Philippe Pétain, que le chef de l’État avait pourtant défendu précédemment. » Le phare de la pensée Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’égalité femmes-hommes et à la lutte contre les discriminations a fait part de son soulagement: « le Maréchal Pétain, traître à la patrie, a été condamné à l’indignité nationale. Le Président de la République ne va PAS le célébrer. » En plein rétropédalage Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, a indiqué lui aussi qu’ «aucun hommage ne sera rendu à Pétain samedi. Il n’en a jamais été question » (sic). «Les maréchaux dont l’honneur n’a pas été entaché, ceux-là, et ceux-là seuls, recevront l’hommage de la République(…) Pas Pétain, qui a été frappé d’indignité nationale pour avoir collaboré avec la barbarie nazie de façon odieuse et criminelle. »
Et Le Figaro de citer encore Michel Goya, historien et ancien colonel des troupes de marine: « Cette polémique me paraissait prévisible, mais, par ses propos, Emmanuel Macron ne fait que rappeler l’histoire. Évoquer le général Pétain en parlant de la Première Guerre mondiale me paraît incontournable. Le Pétain de Vichy n’aurait jamais existé sans celui de 1918. Pétain est le général qui a le mieux compris les enjeux de la guerre moderne, ce n’est pas pour rien qu’on lui a confié la bataille de Verdun en 1916, puis le commandement de l’armée française à partir de mai 1917.»
Mais peut-encore dire dans ce climat négationniste que le général Pétain fut aussi un chef humain, dont l’action épargna la vie de centaines de milliers de poilus, un chef de guerre prudent, économe de la vie des hommes (ce qui explique que Clémenceau l’écarta du commandement des troupes alliés en 1918…) dont le rôle fut en effet décisif à Verdun en 1916 et en 1917? Est-il possible, comme l’ont fait un Henri Amouroux, un Dominique Venner, un Eric Zemmour de sortir du portrait à charge? Est-il encore permis d’exprimer les nuances apportées sur l’action du chef de l’Etat français par d’authentiques résistants, de rappeler notamment les tentatives pour protéger nos compatriotes de confession juive, là ou des ânes bâtés paraît-il insoumis comparent Pétain à Hitler?
Les propos mesurés de Bruno Gollnisch sur la place de ce Maréchal de France dans l’Histoire de notre pays restent d’actualité. Il ne s’agit pas de rouvrir un débat qui est l’affaire des historiens. Mais le courage consiste aussi à ne pas accepter le travestissement du passé à la lumière des obsessions, des haines, des lâchetés, des maquillages de certains, ce que M. Macron, disant tout et son contraire , a très timidement esquissé avant de se faire taper sur les doigts et de courber l’échine. D’ailleurs, comment aurait-il pu en être autrement? Il faut être un national pour refuser aussi l’omniprésente propagande de repentance et de culpabilisation des Français, laquelle ne fait que croître au fur et à mesure que cette page sombre de la défaite de 40 et de l’occupation s’éloigne dans le temps.
« (Philippe Pétain) doit avoir la place que mérite la vérité avait déclaré Bruno Gollnisch. La vérité d’un régime corrompu et incapable de dirigeants élus par le Front populaire, qui, dans la catastrophe à laquelle ils ont été incapables de faire face, se sont lamentablement débinés et ont refilé à ce vieillard l’ardoise de leurs erreurs (…). Je dis simplement ceci: il y a des gens de bonne foi qui ont suivi Pétain, il y a des gens de bonne foi qui ont suivi De Gaulle, qu’on arrête de nous emmerder avec toute cette histoire! ».
« Ce dont je suis sûr c’est que les dirigeants actuels sont 100 fois plus coupables, si tant est qu’il l’ait été, que le Maréchal Pétain. Il avait au moins une excuse, celle d’une armée victorieuse et implacable qui campait sur le territoire national. Tandis que les traîtres qui sont aujourd’hui au pouvoir, c’est en toute connaissance de cause qu’ils bradent la France, qu’ils livrent son économie, qu’ils livrent son identité à l’étranger, portant atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat, pour le seul profit de leurs intérêts abjects. » Aux errements mémoriels des uns, aux indignations sélectives des autres, continuons d’opposer notre regard lucide, sur le passé comme sur le présent. C’est cette ludicité-là qui fait que l’opposition nationale est légitime pour conduire demain les destinées du pays et qui fait qu’elle assume toute l’Histoire de France, ses pages sombres comme ses pages lumineuses.
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