L’Europe ou le « populisme » ! L’Europe ou la guerre. Voilà la cage dans laquelle Macron souhaite enfermer le débat de ces prochains mois. La méthode n’est pas de lui. Elle a l’âge de la construction européenne. Robert Schuman, un de ses « pères », déclarait alors : « Nous avons eu la guerre car nous n’avions pas fait l’Europe. » Quelques décennies plus tard, François Mitterrand ne disait pas autre chose que le jeune Macron ou le vieux Schuman lorsqu’il accusait les « nationalismes » de porter la guerre comme la nuée porte l’orage.
Pourtant, à bien y réfléchir, rien n’est plus faux que ces axiomes de bazar intellectuel. Ce n’est pas l’Europe et sa « construction » qui ont chassé la guerre, ce sont les guerres civiles européennes qui, ayant épuisé biologiquement l’Europe, l’ont amenée à être incapable d’en mener d’autres. Ce n’est pas l’Union européenne qui a permis que le continent vive en paix mais, dans un premier temps, l’équilibre entre la force américaine et la force soviétique, puis la sujétion de l’Europe à la pax americana. On peut s’en féliciter ou le déplorer, mais tels sont les faits.
Autre point fondamental : de quelle Europe parle Emmanuel Macron ? Dans son discours de la Sorbonne du 27 septembre 2017, il le dit clairement : « L’Europe est une idée. » Laquelle ? Celle d’un « équilibre de valeur, (d’un) rapport à la liberté, aux Droits de l’Homme, à la justice (qui) est inédit sur la planète. (Un) attachement à une économie de marché et à la justice sociale. » Il s’agit donc d’une conception clairement de gauche qui vient de loin, au moins du XVIIIe siècle. Les « populistes », quant à eux, voient et entendent défendre des choses concrètes, construites, définissables, bref, des déterminismes.
A ces réalités, Emmanuel Macron, comme la gauche, oppose « une idée », c’est-à-dire la capacité à masquer le réel et à inverser le rapport des êtres avec celui-ci. La question identitaire en est la première victime. Fonder l’Europe sur une « idée », celle de la prospérité grâce à un grand marché mondial, c’est méconnaître les fondements de la vie des nations et des hommes, c’est, refusant le réel, livrer les Européens pieds et poings liés aux appétits des peuples du sud ou d’Orient.
L’Europe de Macron n’est donc pas celle de la paix, mais celle de la guerre qui vient et dont les tensions ethniques actuelles ne sont que les premières secousses. L’Europe de Macron est l’exact contraire de ce qu’a été l’Europe en 40 000 ans d’histoire. Cette Europe macronienne se caractérise par son refus de l’élan vital, par sa perte de substance biologique. C’est une Europe du grand suicide. Voilà donc l’enjeu de l’élection de mai 2019. Savoir quelle conception de l’Europe va (temporairement) gagner. Celle du réel, celle des peuples, ou bien celle du mondialisme affairiste et de l’utopie de gauche ?
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