D’accord, il faut montrer l’exemple en faisant appel à des « emplois aidés », et l’Élysée ne pouvait échapper à cet exercice des plus citoyens. Était-il, pour autant, indispensable de confier le bon ordonnancement du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale à un hydrocéphale ? Là est toute la question. En effet, dans quelle cervelle autre qu’en voie de désintégration terminale a bien pu germer le concept d’« itinérance mémorielle » ? On se le demande.
Qu’importe, le vin chaud du soldat est tiré et il faut le boire. Jusqu’à l’hallali. Car dans les rédactions, parisiennes comme provinciales, on s’interroge sur le bien-fondé de cet étrange intitulé et de sa feuille de route. Onze départements bientôt visités en une seule semaine : même les Rolling Stones, à l’époque de leurs tournées marathoniennes, ne pouvaient en aligner autant.
C’est Le Républicain lorrain qui donne le ton : « Le centenaire de l’armistice tombe opportunément pour le chef de l’État qui compte bien profiter de ce voyage dans le passé pour renouer avec des territoires frappés par une double tragédie. Hier, ils étaient le théâtre d’atroces carnages dictés par la folie des dirigeants de l’époque. Aujourd’hui, ils sont victimes d’une casse industrielle et sociale à laquelle les héritiers de ces dirigeants se sont montrés incapables de remédier. » Bien vu ! Mais fallait pas appeler à voter Emmanuel contre Marine, cher petit plumitif, serions-nous tentés d’objecter…
Au fait, qu’est-ce qu’Emmanuel Macron commémore, en la circonstance ? Là, le temps se couvre et on se dit qu’au lieu d’escalader sa professeur.e de français par sa face nord, le plus jupitérien de nos Présidents, depuis au moins Patrice de Mac Mahon, aurait été bien inspiré d’agiter le jupon de sa maîtress.e d’histoir.e. Ce qui nous aurait au moins épargné ce galimatias des plus réjouissants : « On a eu tort de penser que dans la modernité des démocraties contemporaines, il n’y avait plus de héros. Résultat, soit les jeunes vont chercher des modèles chez les figures du sport ou des variétés, ce qui est très bien. Soit ils vont chercher les héros chez d’autres combattants, et cela peut avoir des conséquences dramatiques. » Certes, oui. Mais lesquelles ?
Des Italiens tenus pour « lépreux » ? Des Hongrois accusés de « jouer sur les peurs » ? Emmanuel Macron se garde bien de préciser son propos, se contentant, lui aussi, de « jouer sur les peurs » en menaçant : « Les nationalismes ne sont-ils pas là ? A-t-on oublié quel est le parti qui avait gagné les dernières élections européennes en France ? Le Front national. J’espère qu’il ne gagnera pas et que d’autres forces politiques qui sont dans le champ républicain l’emporteront. » Tout ça, quelques jours après Halloween, effet garanti. Il y en a qui sont entre deux vins ; lui persiste à se situer entre deux guerres, réduction ad hitlerum en guise de digestif.
Plus sérieusement, sachant que sa tournée de galas est censée rappeler aux jeunes générations ce que fut l’idéal des poilus de 14-18, trop souvent sacrifiés par des généraux ineptes, des ganaches promues parce que « républicaines », aux dépens d’officiers supérieurs écartés pour affaires des fiches et de Dreyfus, dont le seul crime consista trop souvent à ne pas mettre sous le boisseau leurs opinions catholiques, royalistes et patriotes, que peut encore nous apprendre Emmanuel Macron de l’idéal en question ?
Rien ; sachant qu’à l’époque, le sang fut versé en abondance pour sauvegarder nos frontières et préserver la France d’une invasion de migrants, fussent-ils plus portés sur le casque à pointe que le tarbouche. Il s’agissait donc, comme lors de l’autre déflagration mondiale qui s’ensuivit, d’un assez sain réflexe xénophobe et nationaliste. Ce que les « lépreux » peuvent se montrer susceptibles, parfois, lorsque peu ouverts à « l’Autre »…
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