jeudi 31 janvier 2019

Trump face à une Amérique de moins en moins blanche, anglo-saxonne et protestante

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L’Amérique de l’Oncle Sam a de quoi s’inquiéter malgré l’élection, au demeurant inattendue, de Donald Trump à la tête de la Maison-Blanche en novembre 2016. En effet, le documentaire de Roxanne Frias diffusé par Arte (depuis le 22 janvier) intitulé Quand l’Amérique sera latine, sur un ton béat qui flirte avec l’apologie d’une désintégration douce des White Anglo-Saxon Protestants (WASP), décrit l’évolution démographique des États-Unis. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : au sein d’une population nationale qui s’élève, peu ou prou, à 327 millions d’habitants, les 55 millions de « Latinos » pèsent déjà très lourd dans la balance démographique. Les études actuelles sur le sujet estiment que ce chiffre passera à 100 millions en 2030, ce qui constituera plus d’un tiers de la population américaine.
La très culturelle, mais non moins morale, chaîne de télévision franco-allemande semble se satisfaire de ce scénario. À cette joie à peine dissimulée, on pourrait opposer une culture de l’angoisse qui s’efforce de faire preuve de bon sens. Pourquoi ne pas, alors, imaginer une chaîne américano-mexicaine qui diffuserait, par exemple, un documentaire dont le titre serait Quand la France sera arabe ? Bien qu’il soit stupide de repousser un individu pour ce qu’il est, il convient d’appréhender les peuples au vu de ce qu’ils font.

Le terme est certes galvaudé, mais celui de « remplacement » (Renaud Camus) peut logiquement s’employer pour faire état de cette révolution démographique qui ne connaît pas de réel précédent dans l’Histoire. Dans l’empire du chiffre consubstantiel à l’ordre libéral-libertaire qui veut un maximum d’échanges en un minimum de temps, la quantité n’a jamais été aussi valorisée au détriment de la qualité. Karl Marx n’avait-il pas écrit à Moses Hess « À partir d’un certain nombre, la quantité est une nouvelle qualité » ? La logique économique détermine la logique démographique qui détermine la logique linguistique.
Voilà pourquoi Trump doit étendre le mur qui longe sa frontière avec le Mexique. Les citoyens venus de l’ancienne terre des mayas (encore un remplacement de masse !) forment la majorité de l’immigration au pays des WASP (32 millions, en 2010). Ainsi, le bras de fer qu’a entretenu le milliardaire fantasque face à la majorité démocrate à la Chambre des représentants, et ce, afin de financer l’extension de ce mur, devait être crucial pour lui garantir sa réélection auprès de son électorat, des perdants de la mondialisation marginalisés par Wall Street et la Silicon Valley. Mais Trump a quelque peu cédé le 25 janvier. Pourra-t-il s’en sortir ? Rien n’est moins sûr.
L’aspect, peut-être positif dans tout ça, est le repeuplement des églises catholiques dans une nation majoritairement protestante. Les curés s’en réjouissent et donnent un blanc-seing à la ligne multiculturaliste du pape François, et dont les origines argentines ne sont pas étrangères à l’affaire. Le trumpisme sera, de fait, une parenthèse enchantée dans l’histoire de l’Amérique du Nord. Il ne fait que retarder l’inéluctable. Avec les attaques métapolitiques menées par les lobbies tels que LGBTQ+, les géants du Net et les médias de masse, les prochains candidats aux élections américaines ne manqueront pas de faire valoir leur nature hybride, autrement dit «intersectionnelle».

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