On doit évidemment, d'abord, s'entendre sur les mots. Celui de terrorisme était employé par la presse parisienne au temps de l'occupation pour désigner la résistance. Un quart de siècle plus tard, dans les années 1970, on accolait toujours ce mot à celui de palestinien. Depuis les accords d'Oslo de 1993 et quel que soit l'avenir promis au plan de paix et à la carte des deux États twittés ce 28 janvier par Donald Trump, cette assimilation automatique n'existe plus dans le langage quotidien.
Le vocabulaire évolue, les goûts et les couleurs aussi. Pendant longtemps on a, par exemple, associé à l'islam son étendard vert : aujourd'hui on attribue cette couleur aux écologistes. Idem pour le bleu que l'on considère désormais comme la douce nuance préférée des Français, alors que dans les guerres de l'ouest elle désigne les cruels jacobins et plus généralement ces républicains qui s'employaient à noyer dans la Loire les Vendéens et les Nantais, à massacrer les Lyonnais, à guillotiner les royalistes, etc.
Le terrorisme, tel qu'un tel concept nous semble devoir être entendu, ne doit pas être considéré seulement comme le fait d'aller au-delà de la violence la plus extrême. Il convient plutôt d'y reconnaître l'expression, par des actes, en effet, systématiquement meurtriers, d'une pensée en action.
Il ne peut être combattu sans être compris, et regardé dans sa réalité comme dans la doctrine qui l'inspire. Car la même théorie peut se diffuser d'abord de manière rampante, insidieuse, progressive, avant de passer à l'acte.
C'est donc par convention, que l'on conviendra de marquer ici les territoires des trois formes de Terreurs, théorisées et pratiquées historiquement, de trois couleurs différentes, noire, bleue et rouge. On ne perdra pas de vue de vue leurs connexions.
Une Terreur noire correspond ainsi, à la fois, au drapeau adopté par les combattants de l'organisation État islamique, et leur éphémère califat, comme à ces voiles communautaristes arborés par les femmes qui les ont rejoints. On peut la faire remonter au VIIe siècle, à partir de la mort de Mahomet en 632, scellée par le règne des quatre premiers califes jusqu'à l'assassinat, le 24 janvier 661 de son gendre Ali.
On peut observer aussi que les fameux califes appelés rachidoun, éclairés, par la tradition mahométane, et aux temps desquels les salafistes se proposent de revenir régnèrent de façon très brève et disparurent tragiquement : seul le premier, Abou Bakr As-Siddiq, meurt dans son lit en 634, deux ans seulement après celui qui se présentait comme l'Envoyé (rasoul) ; Omar ibn al-Khattâb est assassiné en 644 ; Othman ibn Affan assassiné en 656, et enfin Ali ibn Abi Talib, le seul légitime aux yeux des chiites, sera assassiné à son tour, après n'avoir gouverné la communauté que pendant 5 ans. Les omeyyades qui leur succèdent, de 661 à 750, à Damas se distinguèrent avant tout comme des conquérants. La dynastie des abbassides leur succéda à Bagdad, mais à partir de leur avènement la communauté des Croyants n'a plus jamais été unie.
Une Terreur bleue s'illustra en Vendée, dans les provinces de l'ouest mais aussi dans certaines grandes villes, particulièrement à partir de 1793.
Nous devons nous interroger sur les dates plus antérieures caractérisant un processus que nous nommerons terrorisation.
Celui-ci peut être retrouvé aussi bien dans l'Histoire réelle, et dans les développements actuels de l'islamisme mais également dans le phénomène communiste qui se revendique explicitement comme continuateur de la révolution française.
La Terreur rouge, celle de Lénine, Trotski et Staline prit quant à elle son essor en Russie dès le coup d'État bolchevik de novembre 1917. Elle fonctionna, de façon institutionnelle et continuelle, après la victoire dans la guerre civile en 1921, et après les accords de Yalta de 1945, tout au long de l'Histoire soviétique.
La disparition de l'URSS et du pacte de Varsovie entre 1989 et 1991 n'en a pas entièrement liquidé l'héritage. Rouge reste aussi le drapeau de la Chine continentale conquise par Mao Tsé-toung en 1949.
JG Malliarakis
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