lundi 30 mars 2020

Le pouvoir macronien face à la crise sanitaire : on annonçait un chef de guerre, on a des épiciers bavards

Le pouvoir macronien face à la crise sanitaire : on annonçait un chef de guerre, on a des épiciers bavards
Bien sûr, nous ne sommes pas en guerre : nous sommes en situation de crise. Et Emmanuel Macron, son Premier ministre, ses ministres et son directeur général de la santé nous submergent d’une vague de paroles incessante (amplifiée, c’est vrai, par le phénomène des chaînes dites d’information continue). Encore samedi avec cet exercice interminable de la conférence de presse d’Edouard Philippe, parce que voulu pédagogique. Comme si nous étions des enfants, la pédagogie étant la direction des enfants (et comme si d’ailleurs être pédagogue, c’était forcément être long et ennuyeux).
On aura remarqué que, dans toute cette gesticulation, le nombre joue un rôle considérable. On compte, on décompte, on recompte, on additionne, on soustrait : une gestion d’épicier bavard, avec ses mouvements de stocks, ses entrées, ses sorties, ses transferts d’un magasin à l’autre, ses mises en rayon, ses commandes qui n’arrivent pas, ses réappros, ses fournisseurs défaillants…

Ceci étant, l’épicier bavard Edouard nous assure que ses deux moyens sont la confiance et la transparence (comme si la transparence était en soi une action !). On n’est pas sûr d’être vraiment rassurés. Parce que, au demeurant, s’il y a une chose dont, depuis le début, nous avons eu confirmation, c’est qu’on fait dire aux chiffres ce qu’on veut. Deux exemples :
  • Le nombre des personnes infectées par le virus. En réalité, ce sont les personnes qui ont aussi été testées. Et on sait que le nombre de tests est très réduit. De ce fait, quelle est la capacité à déduire d’une part un taux effectif de létalité du virus ; d’autre part la progression de ce qu’on appelle parfois l’immunité collective?
  • Le nombre de morts liées au coronavirus. On sait maintenant qu’il ne s’agit que des morts à l’hôpital. Les morts en Ehpad, en particulier, sont exclus des statistiques (au moins jusqu’à ce jour). Ce qui également influe sur le calcul du taux de létalité du virus.
Et toujours en terme de nombres, on voudrait poser une petite question au pouvoir macronien. Hier, un exemple magnifiant son action héroïque était l’augmentation du nombre de lits de réanimation. Il était, au début de la crise, de 5000. Il est maintenant de 14500. Or, 5000, c’est connu, c’était le nombre de lits disponibles en hôpital public. On voudrait juste savoir, pour la cohérence, si 14500 est le nouveau nombre en hôpital public toujours, ou bien s’il incorpore maintenant le nombre de lits en hospitalisation privée.
Juste parce qu’en fait, on se méfie des épiciers qui, en période de crise, gonflent leurs marges…

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