jeudi 23 juillet 2020

Gaz de schiste, charbon, nucléaire : le mythe des énergies alternatives au pétrole 3/3

D'autant que, outre les contaminations liées aux techniques de récupération des gaz, la plupart de ces zones souterraines sont fortement radioactives et ne doivent pas, sous quelque forme, être exposées à la lumière. Ce qui ne laisse pas d'inquiéter. Marcellus et Utica ne se limitent pas à une zone retirée de la chaîne des Appalaches. Elle englobe l’État de New York, le New Jersey, une partie de l'Ontario, au Canada, couvrant tout ou partie du Kentucky, du Maryland, de l'Ohio, de la Pennsylvanie, du Tennessee, des deux Virginie, se glissant même sous les lacs Ontario et Erié, c'est-à-dire certains des territoires les plus peuplés d'Amérique du Nord. Pour le moment les groupes d'auto-défense qui se sont constitués ne sont arrivés à aucun résultat, les chantiers ne cessent de se multiplier. Un schéma qui laisse à penser que dans le monde entier le même phénomène aboutira au même résultat.

Les écologistes : grimaces et verbiage

En France où on se proclame toujours à l'abri des infortunes qui frappent les autres on affirme bien entendu que de telles mésaventures ne sauraient survenir. D'abord parce que les substances renfermées dans le sous sol restent propriété de l'Etat, contrairement à ce qui existe en Amérique du Nord, où une formidable spéculation sur les terrains a accéléré le mouvement. Mais également parce que le gaz méthane est difficile à transporter. Et que nous ne disposons pas du réseau de gazoducs qu'ont les Américains.

Or croire que l’État gèlerait ce gente d'activités au prétexte qu'elle serait polluante, dangereuse ou coûteuse est d'une grande naïveté alors que le « pic pétrolier » en dépit des dénégations ne cesse de se rapprocher grâce à la gourmandise de la Chine, de l'Inde, du Brésil et de quelques autres.

D'ailleurs les deux géants français des hydrocarbures, Total et GDF-Suez sont déjà engagés dans le processus, ayant en particulier intégré le GASH (Gas Shale In Europe) qui, se fondant sur l'expérience américaine, entend étudier l'application de programmes identiques pour l'Europe. L’IFP, l'Institut Français des Pétroles - qui a parmi ses missions de « de repousser les limites du possible dans l'exploration et la production du pétrole et du gaz » - en fait également partie. La plupart des innombrables sociétés créées dans le but de chercher et produire du gaz de schiste en Europe ont également passé des partenariats avec des sociétés américaines dont on doute qu'elles respectent en Europe les codes de bonne conduite écologique dont elles n'ont que faire aux États-Unis.

Les réserves mondiales sont actuellement évaluées à 850 000 milliards de m3 dont 45 %, soit 380 000 milliards, utilisables en gaz. Des chiffres qui font frémir les écologistes. C'est qu'il s'agit là de gaz méthane, leur bête noire depuis que Mamère a accusé les vaches de réchauffer la planète. Des études très minutieuses, citées dans un article publié en janvier 2011 par Science et Avenir, ont en effet mis en évidence que les gaz de schiste émettraient 33 gr d'équivalent C02 par million de joules d'énergie fournie, contre 31,9 pour le charbon et 20,3 pour l'essence ou le gazole. Pas bon cela pour les militants de la "décarbonisation'' du monde.

Pourtant quelles que soient les menaces que cette technique ferait peser sur l'environnement, il n'y a pas d'illusion à se faire. L'exploitation des gaz schisteux se fera tant sont puissants les intérêts concernés. Et les écologistes mettront une sourdine à leurs protestations. Intégrés en Occident aux systèmes politiques ils se comportent comme eux et n'entendent surtout pas déroger à la société de consommation à laquelle ils émargent. Les grimaces auxquelles ils s'efforcent en toutes circonstances ne sont que des grimaces. Leur adhésion à la nécessité de décroissance ressemble plus à un argument de campagne qu'à une conviction militante.

Après vingt et quelques années de bobards ils tiennent encore leurs vieux discours ringards sur les économies d'énergie, le vélo, le co-voiturage, la marche à pied, la multiplication des éco-taxes etc. Maintenant un mutisme rigoureux sur le phénomène de la surpopulation, principal responsable de cette course folle à la consommation d'énergie. La France serait-elle réduite à sa seule reproduction naturelle, dépassant à peine les 40 millions d'habitants, son infrastructure hydraulique suffirait largement à son approvisionnement électrique et elle n'aurait nul besoin de centrales thermiques ou nucléaires. Or non seulement, depuis un demi siècle, la courbe démographique française est calquée sur celle de l'immigration et de son fort taux de natalité, mais encore l'Europe exige-t-elle, applaudie par tous les économistes et les géographes du Système, que la France accueille 10 millions d'immigrés supplémentaires au cours des 40 prochaines années. Afin de maintenir une croissance qui est au cœur de l'idéologie économique progressiste. 75 millions d'habitants, un chiffre équivalent de touristes, cela signifiera plus de production, plus d'importations, plus de consommation encore. Soit plus d'énergie et, nécessairement, plus de centrales nucléaires.

L'extravagante avidité des savants fous

Devant les risques graves de pollution environnementale soulevés, après le pétrole et le nucléaire, par l'extraction des gaz de schiste, un violent débat s'est donc instauré aux Etats-Unis. Alimenté par la gauche et l'extrême gauche plus ou moins écologiste et plus ou moins "libérale" (c'est-à-dire socialiste) qui n'hésitent pas à prendre à partie les partisans, "libertariens", du « tout sans état ». Faisant des catastrophes du genre Golfe du Mexique l'exemple de ce que serait un monde sans réglementation et annonçant qu'il en sera de même avec les Gaz de schiste, si de vigoureuses législations ne venaient pas placer ces nouvelles technologies sous un contrôle sévère. Sauf que c'est dans un monde de plus en plus régulé que de telles catastrophes surviennent - De Seveso à Bophal, de l'Amoco Cadiz à AZF Et désormais Fukushima, le Japon étant réputé pour sa bureaucratie et ses contrôles administratifs. Dans une société sans morale et déresponsabilisée on pourra multiplier les nouvelles réglementations et les nouveaux services ou les nouveaux gendarmes pour les faire appliquer, il y aura toujours des malins pour les contourner. BP en a montré la voie et aujourd'hui encore, dans le silence des média du monde entier, les côtes de la Louisiane n'ont pas fini d'ajouter l'empoisonnement à la stérilisation.

La philosophie "libertarienne", elle, s'appuie précisément sur le développement de la conscience, de la responsabilité et d'un sens individualiste de la morale commune. Celui qui fait courir des risques à autrui par imprudence ou malveillance doit en assumer les conséquences. Ce n'est ni à l’État ni à la solidarité commandée de se substituer à la négligence. Et cela vaut aussi bien pour ceux qui, poussés par une vision extravagante du progrès et de la science, construisent des centrales nucléaires en bord de mer, à la jointure de plaques tectoniques.

René BLANC. Écrits de Paris N°741 Avril 2011

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