lundi 10 août 2020

Une longue marche identitaire

 

6a00d8341c715453ef026bde88a82e200c-320wiÀ propos de son voisin, le chef de gouvernement islamiste pakistanais Imran Khan ne cache pas ses sentiments. Il déclarait en effet le 5 août : "L'Inde est révélée au monde, une fois de plus, comme un oppresseur et un agresseur". Fallait oser.

Mais au fait, "pourquoi tant de haine" ?

En réalité, la renaissance nationale et le développement économique de l'Inde, sous le gouvernement de Narendra Modi, irritent puissamment aussi bien la bien-pensance mondiale, les islamistes pakistanais que leurs alliés communistes chinois. Les commentaires fielleux et biaisés des médias conformistes, lesquels pourtant se réclament de la démocratie, ne laissent aucun doute à ce sujet. Tous s'emploient à dénigrer systématiquement ce pays, contrepoids asiatique évident des ambitions hégémoniques de Pékin.

Rappelons à ce sujet d'abord que, dans cet immense pays de structure fédérale, si le parti national indien BJP[1] détient actuellement le pouvoir, ce n'est pas à la suite d'un coup d'État. C'est parce qu'il a remporté, le plus démocratiquement du monde, par deux fois, les élections législatives et la majorité absolue à la chambre des députés Lok Sabah : en 2014, puis en 2019.  Il y détient aujourd'hui 303 sièges sur 545.[2]

Cette victoire s'est produite après une période de 30 ans ouverte en 1984 par la défaite du parti du congrès. Fondé par Gandhi, celui-ci gouvernait le pays depuis l'indépendance, acquise en 1947. Pendant des années l'Union indienne sembla ingouvernable. Elle paraissait vouée à des gouvernements minoritaires et à la poussées des partis séparatistes au sein des différents États. Mais, dans le cadre d'élections libres, les nationalistes du BJP ont progressivement réussi à déjouer tous les schémas pessimistes. Ils étaient conduits par le très efficace gouverneur du Gujarat que fut Narendra Modi, à partir de 2001, avant d'accéder au pouvoir à New Delhi, en 2014.

En même temps la personnalité même de ce dirigeant politique, petit entrepreneur issu lui-même d'un milieu fort modeste, – et "dalit" c'est-à-dire "intouchable", – démentait une autre vision caricaturale de la société indienne, telle que dépeinte par les bobos misérabilistes et autres touristes superficiels.

La vérité de l'Inde, aujourd'hui majoritairement identitaire, c'est qu'il s'agit tout simplement de la plus grande démocratie du monde.

C'est en accord avec l'opinion d'un peuple hindouiste à 80 % que, le 5 août, à Ayodhya le Premier ministre posa donc la première pierre d'un temple de Rama qui sera reconstruit au lieu et place de la mosquée détruite. Celle-ci avait été édifiée au XVIe siècle par le conquérant Babur, descendant de Gengis Khan et fondateur de l'empire moghol.

Priant et psalmodiant, Narendra Modi se tenait ce jour-là aux côtés de Sri Yogi Adityanath, gouverneur élu en 2017 de l'Uttar Pradesh, le plus important État de l'Union indienne – et de Mohan Bhagwat, chef du Rashtriya Swayamsevak Sangh, mouvement d'action patriotique revendiquant quelque 5 millions de militants.

C'était la première fois depuis 1991, que Narendra Modi revenait sur ces lieux, hautement symboliques de ses engagements nationalistes de toujours. Car lui-même et son parti ont toujours fait campagne dans ce sens. Et c'est en novembre 2019 que la Cour suprême a autorisé, enfin, la reconstruction du temple hindouiste.

Narendra Modi a pu installer ainsi une brique d'argent de 40 kg avant de déclarer: "L'attente des siècles est terminée."

Les nationalistes indiens considèrent en effet qu'ils ont subi au cours de la domination moghole, et du fait de l'islamisation forcée d'une partie de la population, le préjudice du plus grand génocide de l'Histoire humaine.

La construction du sanctuaire est l'aboutissement d'une campagne de 30 ans. En septembre et octobre 1990, alors âgé de 40 ans et militant nationaliste et fervent hindouiste depuis sa jeunesse, Narendra Modi contribuait à une procession politique qui se déroula alors, un mois durant, dans le nord de l'Inde. Ce périple appelé Ram Rath Yatra[3]partait de la ville de Somnath, dans le Gujarat, son État d'origine. Les partisans ont ainsi serpenté à travers le pays, sur quelque 300 km, en direction d'Ayodhya et de ce qui était encore une mosquée, bâtie par l'oppresseur islamiste sur le lieu de la naissance supposée du roi mythologique Rama.

Leur longue marche, après cet épisode, aura duré jusqu'ici 30 ans. Elle se prolongera dans les mois et les années à venir par la lente construction d'une puissance indienne.

Ce projet dérange tous les ennemis de l'Inde identitaire, allant des communistes chinois aux islamistes pakistanais, en même temps qu'elle indispose chez nous les bobos conformistes : tant mieux, pensera-t-on, eux sont aussi nos adversaires.

JG Malliarakis

Apostilles

[1] Le sigle BJP correspond au Bharatiya Janata Party, parti indien du peuple, comme Créé en 1980, en tant qu'expression politique du Rashtriya Swayamsevak Sangh, RSS, Organisation des volontaires nationaux remontant elle-même à 1925, il succédait à d'autres appellations : en 1951 le Bharatiya Jana Sangh, en 1975 le Janata Party.

[2] cf. L'Insolent du 21 mai 2014 "L'Inde est de retour"

[3] "Le voyage en char de Rama."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire