Bernard Antony communique :
Emmanuel Macron avait choisi de faire de son discours aux Mureaux devant ministres et notables un acte fondateur d’une affirmation de renouvellement politique face au « séparatisme islamiste ».
Ce discours, dont nous avons attentivement analysé le verbatim intégral publié par le Figaro est simultanément marqué par une conception foncièrement archéo-jacobine et totalitaire de l’État et par une grave méconnaissance de la réalité de l’islam.
De plus, sous le couvert de la lutte contre l’islamisme, M. Macron a manifestement tenu à pouvoir désormais se glorifier d’avoir été le premier chef de l’État français à mettre sur le même plan « la liberté d’expression, la liberté de conscience, le droit au blasphème ».
Ceci, sans aucunement prendre en considération le fait que le blasphème est toujours ressenti comme une injure par une partie de la communauté nationale et que, pour le moins, il n’est pas un facteur de respect mutuel et de concorde civique.
Ajoutons que sans être de telle religion ciblée par le blasphème, ou même sans être de quelque religion que ce soit, un grand nombre de personnes ne peuvent ressentir que du dégoût, que de la nausée devant les vomissures, les excrémentations, les obscénités massivement étalées des blasphémateurs scatologiques de certains périodiques, de surcroît financés par des collectivités avec l’argent de tous.
Il manque notamment à M. Macron, certes délié intellectuellement en certains domaines, une élémentaire sensibilité pour ne pas comprendre cela, pour ne pas voir que le blasphème est toujours une expression de haine et vise bien sûr à propager cette haine.
Voilà pourquoi, catholiques certes totalement opposés à l’idéologie islamique, nous le sommes tout autant aux injures blasphématoires contre le « prophète » des musulmans. Elles ne font que renforcer le fanatisme islamiste, entraînant notamment d’atroces massacres de chrétiens.
La position du président de la République est en parfaite contradiction avec la loi qui réprime l’injure et l’incitation à la haine !
Comment M. Macron peut-il ne pas se souvenir que c’est aussi par la « culture » du blasphème qu’ont été propagées les haines et les abominations génocidaires des jacobins, des nazis, des communistes ?
À tel point qu’on pourrait se demander ce qui l’habite secrètement !
Au sommet de l’État il promeut le droit au blasphème, on peut ne pas s’étonner de ce que la majorité de son mouvement politique défende maintenant un droit à l‘extension de l’acte de mort de l’avortement jusqu’à l’infanticide.
Venons-en à ses propos sur l’islam et l’islamisme.
Il écrit :
« (Il faut) accepter aussi que nous sommes face à un défi qui a mis des décennies à se constituer dans notre pays et que nous ne le terrasserons pas en un jour ».
Propos accablant pour ses prédécesseurs depuis des décennies mais aussi pour lui-même quand il n’évoque même pas le mot « immigration » !
On ne peut être ensuite que consterné par la médiocrité de ses réflexions. Ainsi :
« L’islam est une religion qui vit une crise aujourd’hui, partout dans le monde ».
Non, M. Macron, l’islam depuis l’Hégire a toujours été une idéologie totalitaire politico-religieuse, diffusée par son prophète Mahomet. Ce dernier fut simultanément un chef politique, un chef de guerre, un chef religieux, le modèle absolu pour l’oumma en matière de mœurs, la référence primordiale pour toutes les dispositions de la charia, y compris les plus cruelles.
Parlant ensuite avec une suffisance autoritariste qui n’a d’égal que sa méconnaissance de ce qu’il en est depuis longtemps, il fixe une perspective grandiose de réinvestissement de l’État dans l’enseignement et le développement de la culture islamique. Il dit :
« Je veux que la France devienne ce pays où on puisse enseigner la pensée d’Averroès, d’ibn Khaldum… »
Ce disant, il se couvre de ridicule. Comme si en France, on avait attendu Macron pour enseigner la pensée d’Averroès (en arabe Ibn Rushd) !
Dès les immédiates années après sa mort à Marrakech en 1198, Michel Scot (+ 1235) traduit plusieurs de ses ouvrages (comme aussi le De animalibus d’Avicenne) et nombre d’autres penseurs disputent sur son aristotélisme. Saint Thomas d’Aquin, surtout, lui consacre son important « Contra Averroès » manifestant ainsi à la fois la considération en laquelle il le tient et la nécessité de réfuter certaines de ses interprétations d’Aristote.
Mais à notre époque, et bien avant Macron, le penseur musulman est enseigné dans nos universités et notamment à la faculté de Toulouse-Le Mirail, notamment par le professeur de pensée et de civilisation arabes, le philosophe et écrivain Dominique Urvoy, auteur d’un remarquable « Averroès » (ed. Flammarion).
Macron sait-il au moins que si la pensée d’Averroès a fait l’objet d’un enseignement constant en France comme d’ailleurs dans la plupart des universités des pays de chrétienté, il n’en est pas de même dans tous les pays d’islam et notamment au Maroc où ce médecin, philosophe et cadi n’est guère, si l’on peut dire, en odeur de sainteté.
Au demeurant, Averroès, en tant que cadi, a toujours défendu une stricte application de la charia selon l’école malikite.
On ne doute pas de la manière dont il aurait jugé les blasphémateurs ! Et de même pour Ibn Khaldum.
Nous mettons au défi monsieur Macron de pouvoir parler dans quelque établissement que ce soit dans le monde islamique du droit au blasphème en se référant à Averroès et Ibn Khaldum !
M. Macron professe également que l’on puisse « enseigner l’arabe à l’école ou dans un périscolaire que nous maîtrisons ». Il ne précise pas de quelle langue arabe il s’agirait. Celle du Coran ? Ou celle des formes très différentes usitées dans le monde arabe ?
Mais en plein délire logorrhéique il veut que l’on enseigne aussi « beaucoup d’autres langues qui sont la richesse même de nos enfants, de leurs familles… ».
Vaste ambition !
Hélas, l’ambition qu’il ne manifeste pas, c’est que tous les enfants de France apprennent bien la langue française, à bien l’écrire, à bien la parler. L’étude d’autres langues est certes souhaitable. Mais aujourd’hui, des millions de Français, jeunes et moins jeunes sont les victimes des lourdes carences du système d’une dite Éducation Nationale qui instruit de moins en moins et n’est plus du tout nationale.
Nous ne nous étendrons pas ici sur les considérations du chef de l’État sur les dérives « communautaristes ». C’est comme dans la chanson de Johnny Halliday : « Toujours les mêmes mots, toujours le même refrain, bla bla bla, tu parles trop, c’est ton défaut… »
M. Macron dénonce des effets. D’évidence il n’entend pas s’en prendre aux causes.
Au passage, pour ce qui est de la mixité des piscines qu’il défend, il ne dit rien des dispositions nécessaires pour empêcher en ces lieux les nuisances des voyous à l’égard des femmes. Il n’est pas besoin d’être féministe pour les juger insupportables.
La mixité n’est pas toujours et partout un progrès. Mais, plus gravement, en parfait disciple de Rousseau, en parfait jacobin, dans la continuité de tous les systèmes totalitaires il a décidé que « l’instruction à l’école sera rendue obligatoire pour tous dès 3 ans ». Ceci est évidemment une décision liberticide, piétinant le principe universel du droit fondamental des parents de choisir l’éducation de leurs enfants.
Pire, comme les plus acharnés francs-maçons non seulement anticléricaux mais antireligieux des vieilles obédiences les plus laïcardocratiques, le fanatique Macron présente l’école comme ce qui « protège les enfants de manière complète par rapport à tout signe religieux, à la religion ».
On a dû fêter cela avec force libations dans les agapes les plus étatistement fanatiques de la franc-maçonnerie.
Tout un clergé catholique débilité comprendra-t-il enfin qu’il ne sert à rien de se coucher devant un pouvoir dirigé par un personnage manifestant, apparemment sans distinction de religion, autant d’aversion – lisons-le bien – contre « tout signe religieux », contre « la religion » ?
C’est là que M. Macron trompe les Français. S’il prétend vouloir combattre ce qu’il appelle le séparatisme islamiste, il explique longuement en effet vouloir simultanément favoriser par toutes sortes d’initiatives la connaissance de l’islam, le développement de la culture islamique.
Plus amoureux que lui de l’islam, on ne trouvera pas !
On cherchera en vain pareil élan d’affection pour le christianisme, pour la chrétienté. Qu’il veuille combattre « l’islam radical », c’est peut-être son intention mais il ne veut le faire qu’en prônant de favoriser toujours plus la culture islamique, en brandissant Averroès et Khaldum… dont il affirme niaisement qu’on ne les enseignait pas.
M. Macron est l’exemple le plus emblématique des gogos grâce auxquels l’islam progresse selon les grosses ficelles d’une dialectique d’opposition d’un repoussant « islam mains rouges », l’islam terroriste, et d’un avenant islam « patte blanche ».
Cet islam « patte blanche », c’est le soi-disant « islam des Lumières » que font miroiter les maîtres en taqqyia que sont les Tariq Obrou et les Rachid Benzine, coqueluches des ignares des medias comme l’était naguère Tariq Ramadan.
Comment ne pas percevoir que sous couvert d’une proclamation d’intention de vouloir faire régresser le séparatisme islamiste, M. Macron est surtout mû par une profonde détestation de la religion chrétienne ? Son ignorance n’est pas telle qu’il ne peut savoir qu’à la différence du christianisme, l’islam n’est pas essentiellement une religion mais le phénomène politico-social et totalitaire de l’oumma ; qu’il n’est pas une orthodoxie religieuse mais une orthopraxis sociale où les gestes de chacun sont contrôlés par le regard de tous.
Peut-être le sent-il confusément lorsque, dans une emphase délirante, il ose proclamer : « Notre horizon est simple : c’est assurer une présence républicaine au bas de chaque tour, au bas de chaque immeuble ». (sic !)
Que voilà du Macron bipolaire : d’une part son credo en un islam des Lumières, mais simultanément son réflexe jacobin : des flics partout pour garantir le bel ordre républicain !
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