Énième allocution mardi soir ; lassitude des auditeurs. Pour que soient crus ses froids appels à l’unité nationale, deux choses manquent à Macron : le sens de l’unité et le sens de la nation.
La nature diviseuse et méprisante du macronisme s’est trop affichée depuis 2017 : non seulement ce système est inapte à soigner une société malade, mais il a aggravé son mal.
Le mal a gagné les esprits. Dans tous les pays occidentaux et particulièrement en France, les enquêtes des psychosociologues constatent une vague d’angoisses individuelles et collectives : les gens se dressent les uns contre les autres sous tous les prétextes, les réseaux sociaux recréent moins de liens qu’ils ne résonnent de délires et d’insultes réciproques. Ce sont des symptômes. Les gens disent : “On n’en peut plus, on ne peut plus se projeter 1, la vie devient impossible !”. C’est une épidémie de pathologie dépressive, qui vient doubler celle du Covid. (Paradoxalement beaucoup de dépressifs nient l’existence du Covid : la perte de contact avec les réalités est signe de psychose).
Sous ce drame mental et moral, il y a la dissolution du tissu social opérée depuis plusieurs dizaines d’années par le système socio-économique. Corrodés par la nouvelle “règle du jeu” – mot de passe d’une idéologie prétendument “entrepreneuriale” étendue à toute la vie sociale –, les liens sociaux sont tombés en poussière ; les individus laissés à eux-mêmes (et sommés d’être des winners) se retrouvent nus et transis devant le fléau du Covid et ses effrayants effets sociaux dérivés : suppressions de postes, délocalisations etc ; car nombre d’entreprises “françaises” profitent de la situation pour ré-enclencher leur exode ultralibéral vers le rest of the world. M. Macron parlait récemment de relocaliser des productions ; l’aile marchante du patronat ne s'en soucie pas et fait ses bagages, pour l’Est-UE ou pour l’Asie. L'Elysée et Matignon ne réagissent pas.
Dans vingt ans, l’incapacité ou la connivence de notre classe politique feront l’objet de jugements sévères. D’ici là, les populations vont souffrir... C'est le moment de relire – ou de lire – Laudato Si’ et Fratelli tutti.
1. "Se projeter" : terme pédant passé dans l'usage commun mais venu du marketing, qui l'a emprunté au langage des études de psycho. (Naguère on aurait dit simplement : "faire des projets" ).
Source : http://plunkett.hautetfort.com/
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