vendredi 27 novembre 2020

Un vaste « Plan conso » pour la culture de mort (texte de 2015)

  


Derrière ses airs de fourre-tout, la loi sur la santé est avant tout une nouvelle étape vers la mise en place de la culture de mort universelle. À croire que c'est la priorité numéro un du mandat de François Hollande. Il s'agit de décliner la culture de mort en divers produits de consommation courante, pour la mettre toujours davantage à la portée du consommateur, car c'est cela aussi la démocratie.

La loi sur la santé a été adoptée en première lecture par l'Assemblée nationale par 311 voix contre 241, après avoir bénéficié d'une procédure accélérée. Au milieu de multiples considérations techniques, de dispositions poussant le système de santé français vers encore davantage de socialisme, le texte vise à apporter aux lois en vigueur des modifications qui ont pour objectif de faciliter l'accès à l'« IVG » et à la contraception. Mais encore à affirmer que « nul ne peut être exclu du don de sang en raison de son orientation sexuelle ». Ou à mettre en place des « salles de shoot » expérimentales. Ou encore à rendre systématique le prélèvement d'organes sans consultation des familles des défunts présumés donneurs s'ils ne s'y sont pas clairement opposés de leur vivant.

La plus spectaculaire des mesures - la plus idéologique et la plus contestée - aura été la légalisation du « mariage » des couples de même sexe. Plus discrets, les changements apportés au régime légal et financier de l’« interruption volontaire de grossesse » depuis 2012 ont suscité moins d'opposition. Hélas. Peut-être a-t-on voulu croire que tout cela ne changerait pas grand-chose. le remboursement à 100 %, la disparition de la condition de « détresse », la mise en place de sites d'information, l'affirmation de l'avortement comme « droit fondamental » par une résolution parlementaire, tout cela n'aura sans doute pas pour effet d'augmenter le nombre des « IVG » légales chaque année et voilà bien longtemps que plus rien n'empêche en pratique de considérer l'avortement comme un « droit » en France au cours des douze premières semaines de gestation.

À raison de plus de 200 000 « interruptions de grossesse » chaque année, on pourrait penser que la soif de sang des partisans de la mise à mort des tout petits dans le sanctuaire du sein maternel serait étanchée.

Alors pourquoi cette obsession ? Elle traduit une double volonté au plan international, celle de faire de l'avortement légal une condition pour être admis au concert des nations démocratiques, et au plan national et plus encore dans la tête des gens, le transformer en acte banal, en acte « normal » qui n'aurait pas plus de poids ou de conséquences qu'une opération de l’appendicite ou une intervention bénigne. Cela fait bien longtemps en effet que l'OMS, les instances des « droits de l'homme » et autres ONU-Femmes rêvent à voix plus ou moins haute de faire de l'« IVG sûre et légale » un droit de l'homme à part entière que la France soit pionnière sur ce chemin la conforterait dans son rôle de fille aînée… de la Révolution. Quant à l'avortement, acte banal, c'est une idée que l'on voit fleurir aujourd'hui dans nombre de pays, à commencer par le Royaume-Uni. Comme souvent, les avancées de la culture de mort se font en bande organisée au niveau des nations…

L'égalité femmes hommes n'est pas celle qu'on croit

Dès les premiers mots de la loi sur la santé portée par Marisol Touraine, on apprend quelle est sa dimension idéologique, véritable monomanie des gouvernements successifs sous la présidence de François Hollande : « Elle tend à assurer la promotion de conditions de vie favorables à la santé, l'amélioration de l'état de santé de la population… et l'égalité entre les femmes et les hommes. » On pourrait imaginer que ce dernier point n'a strictement rien à voir avec la santé, si ce n'est par le biais de la réduction d'une inégalité flagrante, celle de l'espérance de vie, domaine où les femmes ont un avantage aussi scandaleux que manifeste. Mais non. Le but est d'assurer que les femmes ne soient jamais désavantagées par ce qui constitue à la fois leur privilège et leur fardeau la grossesse et la maternité.

Il est aussi de nier toute spécificité de l’ « interruption volontaire de grossesse ». Le délai de réflexion qui s'impose encore aux femmes qui désirent avorter, les obligeant à deux consultations médicales espacées de sept jours pour que la confirmation de leur demande soit enregistrée par le médecin, faisait désordre à cet égard. Gomme une dépense impulsive, un coup de cœur mal avisé, ou une décision forcée par quelque bonimenteur ou quelque personne à l'ascendant trop appuyé, la décision d'une mère de mettre fin à la vie de son enfant bénéficiera jusqu'à l'entrée en vigueur de la nouvelle loi d'un régime destiné à la protéger d'elle-même. Les socialistes ont voulu y voir une « infantilisation », une « culpabilisation » de la femme. Le délai doit sauter !

Qu'une grande partie des avortements soit justement le fruit amer de pressions insupportables de l'entourage des femmes, et même le plus souvent de chantages ou de menaces de leur compagnon, voilà l'une des réalités que nie, ce faisant, la nouvelle loi sur la santé. L’autre réalité qu'elle nie est le syndrome post-avortement, qui affecte de nombreuses femmes une fois l'irréparable commis, en les poussant à hâter l'intervention. Même les féministes les plus endurcies assuraient jusqu'ici qu’ « aucune femme n’avorte de gaieté de cœur ». La femme de 2015, définitivement libérée, n'aura plus droit au doute, ni au soutien, ni aux conseils. L'avortement est la seule solution à tous ses maux, elle ne doit plus avoir de conscience et encore moins imaginer un futur repentir.

Les sages-femmes prescriront l’IVG médicamenteuse : un progrès ?

Pour « faciliter » l'accès à l'« IVG », comme le promettent depuis des années les ministres de la Santé de droite comme débauche, d'autres mesures seront mises en place, répondant à l'incantation selon laquelle il est de plus en plus malaisé d'accéder à l'intervention. Et ce bien que les statistiques de l'avortement demeurent stables, et tragiquement élevées, avec plus de 200 000 « IVG » par an en moyenne…

Première innovation l'autorisation pour les médecins de ville de pratiquer les avortements chirurgicaux en centres de santé de proximité : cela vise à répondre à la pénurie croissante de spécialistes disposés à pratiquer des « IVG » malgré leur revalorisation spectaculaire sous François Hollande. L'acte n'est pas bien perçu les médecins militants des années 1970 et 1980 arrivent doucement à l'âge de la retraite. Alors il faut multiplier le nombre des avorteurs potentiels.

Mais aujourd'hui, l'avortement se pratique déjà majoritairement par voie chimique : la pilule RU 486 est autorisée en France pendant les 5 premières semaines de la gestation (7 semaines de grossesse) et représente déjà 57 % des « IVG ». Avec la nouvelle loi de santé, ce moyen plus « léger » et moins traumatisant (sur le papier) pourra être proposé, prescrit, dispensé par les sages-femmes, arrachées ainsi définitivement à leur mission qui est d'aider les femmes à donner la vie. Cela n'est pas dit dans la loi mais la suppression du délai de réflexion de 7 jours a sans doute aussi pour but, peut-être même pour but principal de multiplier l’accès aux « IVG médicamenteuses » en évitant que les femmes candidates à l'avortement dépassent le délai de 5 semaines…

Des quotas d'avortements dans les régions

200 000 victimes par an, n'est-ce donc pas suffisant ? Un amendement introduit par plusieurs dizaines d'élus socialistes et adopté dans la version actuelle du projet de loi sur la santé le suggère : « Dans chaque région, un plan d'action pour l'accès à l'interruption volontaire de grossesse est élaboré par l'agence régionale de santé, en prenant en compte les orientations nationales définies par le ministre chargé de la santé. » C'est un plan de quotas, qui semble devoir être adossé sur le nombre d'accouchements réalisés par établissement et par région, il pourrait prendre la forme de contrats d'objectifs signés avec l'Agence régionale de santé. On reste pantois.

Il y aurait beaucoup à dire encore sur le détricotage systématique de toutes les mesures qui subsistent pour protéger les mineures, promouvoir la vie, respecter les femmes dans leur capacité d'être mères et dans la réalité de leur lien si profond avec les nouvelles vies qu'elles portent. Dans les infirmeries scolaires, les jeunes filles pourront obtenir de l'infirmier la pilule du lendemain, potentiellement abortive - là encore, on veut supprimer les conditions de « détresse » et d'« urgence ». Les professionnels de santé devront désormais informer toute personne qui le demande sur les « méthodes contraceptives ». L’État et son bras armé, l'Education nationale organisent ainsi la spoliation définitive des droits parentaux.

Et comme si tout cela ne suffisait pas, la loi sur la santé veut bouleverser profondément le régime de la recherche sur les embryons humains. Au détour d'un article, elle met à plat le (mauvais) compromis mis en place lors de la dernière révision des lois bioéthiques, en posant subrepticement le principe de la recherche sur des embryons fécondés « avant ou après son transfert à des fins de gestation » avec l'accord de leurs parents on touchera au vivant, et même au vivant destiné à avoir la vie sauve par le biais de l'implantation.

On n'en est pas encore à l'avortement gratuit et obligatoire ni à la recherche sur l'embryon érigée en système, mais pour la culture de mort, la politique des petits pas est décidément efficace. On n'en finit pas de les poser…

Jeanne Smits monde&vie 30 avril 2015 n°907

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