La liberté de la presse étant chère à tout journaliste, mes confrères n’hésiteront certainement pas à protester contre les propos du Pr Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique : le 16 décembre, interrogé par Thomas Sotto sur RTL, il s’est vanté d’avoir « interpellé le CSA », le Conseil supérieur de l’audiovisuel. La raison ? Tout simplement parce qu’il s’oppose à ce que des chaînes organisent des débats ! Surtout avec des personnalités opposées aux mesures concernant l’épidémie de Covid-19 : selon lui, « certaines chaînes ne font plus de l’information mais créent du débat, pour faire du buzz »…
Et il n’hésite pas à ajouter, sans que cela gêne l’ouïe de mes confrères : « …pour faire du fric ! » Petit rappel : le but des chaînes privées est de faire de l’audience pour augmenter leurs recettes publicitaires. C’est, d’ailleurs, ce qui m’a permis de gagner ma vie durant les 34 années que j’ai passées à RTL, alors « première radio de France » et qui, grâce aux recettes générées par le nombre et la fidélité de ses auditeurs, a pu informer les Français.
En revanche, le professeur Delfraissy ne s’en prend pas aux chaînes publiques qui, elles, n’ont nul besoin de « faire du fric » puisque même les Français ne s’y intéressant pas les financent en tant que contribuables.
Seules ses critiques contre d’autres journalistes me scandalisent : à aucun moment, je ne veux mettre en doute ses compétences d’éminent scientifique. D’ailleurs, je tiens à le rappeler, M. Delfraissy, est à la tête de l’Institut immunologie, inflammation, infectiologie et microbiologie de l’INSERM, établissement de renommée mondiale et… public ! Que j’ai donc, lui aussi, toute ma vie contribué à financer. Là, au profit, je l’admets, de ma santé…
Mais qu’il en appelle à vouloir réguler l’information de certaines télés parce qu’elles critiquent les responsables, dont lui-même, des mesures entraînant des milliers de Français dans la misère, voire parfois la fin de vie par suicide ou manque de soins, cela devrait pousser mes confrères à protester. Comme ils l’ont fait pour continuer à pouvoir filmer les policiers alors que cela peut permettre à des quidams de les identifier et, de ce fait, mettre la vie de leurs enfants en danger.
En cette « année de Gaulle », va-t-on ressusciter le fantôme de François Missoffe, oreilles de son maître dans les années 58-69 pour la radio-télévision française ?
Ah oui, j’allais oublier : il ne fait aucun doute que, parmi les « certaines chaînes [qui] créent du débat », la principale à laquelle on pense n’est ni de gauche ni proche du gouvernement… Je comprendrais donc que mes confrères ne réagissent pas, car quelle serait cette chaîne, sinon… CNews ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire