Quels sont les atouts du PS à 15 mois de la présidentielle ? La masse militante ? Il n’y a plus de militants. La cohérence de sa doctrine ? Personne n’est en mesure d’identifier une « ligne du parti » différente de celle des écolos ou même de LREM, dans sa phase actuelle, étatiste et centralisatrice. Sa culture du débat ? Mais pour qu’il y ait débat, il faut clivages, courants, motions. Il n’y a plus rien de tout cela au PS. Et pourtant les candidats se bousculent. Car, comme chez les généraux de l’Empire, chaque personnalité du PS peut penser que la gloire est à conquérir à la pointe du sabre. Hidalgo et Montebourg ont dégainé les premiers et lancé la charge.
Ils ne sont pas les seuls, au PS, à rêver de la magistrature suprême. Hollande se verrait bien revenir aux affaires, en surfant sur la nostalgie de l’avant-Covid. Quant à Christine Taubira, elle bénéficie déjà d’un comité de soutien médiatique assez tapageur. Elle a un statut envié d’icône, à gauche, qui donne de la densité à sa candidature, quoi qu’elle fasse, quoi qu’elle dise. Ce qui fait déjà quatre candidats potentiels pour un PS pourtant évanescent, et coincé entre écolos et mélenchonistes. Mathématiquement, donc, quel que soit le candidat socialiste, il ne sera pas au second tour, en mai prochain.
Mais Hidalgo comme Montebourg parient sur la personnalisation, les débats télévisés, les sondages qui, au fil des semaines, peuvent faire bouger le « vote utile » de gauche. Le maire socialiste de Paris annonce le lancement prochain d’une plate-forme électorale, « Idées en commun ». Son bilan à la mairie de Paris n’est pas brillant, mais ce siège de maire lui donne de la visibilité, des moyens d’expression. Elle a le soutien d’Olivier Faure, le premier secrétaire du parti, qui ne contrôle certes plus grand-chose, si ce n’est, quand même, un gros paquet de notables enracinés. Montebourg essaie pour sa part de se construire une image « à la Chevènement », celle d’un « patriote de gauche », qui serait susceptible de siphonner des voix sur sa droite, dans le cadre d’une habile triangulation, ce qu’avait raté Ségolène Royal en 2007 (une Ségolène Royal qui n’a d’ailleurs pas totalement renoncé à se présenter, elle aussi). Les amis de Montebourg viennent de créer une structure dédiée, appelée « L’Engagement ».
Le candidat adoubé par le PS se présentera-t-il réellement ?
Nous voici donc avec quatre, voire cinq, candidats potentiels pour le seul PS : Montebourg, Hidalgo, Royal, Hollande, Taubira. Le match final, au sein du PS pourrait se jouer entre Hidalgo et Taubira.
Mais nous ne sommes qu’à la première étape du processus. Il faudra en effet ensuite que le candidat adoubé se présente réellement. Cela dépendra en fait de l’offre politique, sur sa droite, sur sa gauche. Le dernier obstacle à franchir sera d’arriver en tête de tous les candidats de gauche. Et là, ce n’est pas gagné !
Mais les cinq prétendants actuels se disent que, quelle que soit l’évolution politique, le développement de leur notoriété grâce à leur candidature – au moins interne au PS – peut fait espérer un portefeuille sous une présidence verte, ou LFI, voire LREM. Ce serait déjà ça.
Francis Bergeron pour Présent
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