Par Guillaume de Rouville, auteur de La Démocratie ambiguë ♦ Il y a quelques jours, nous publiions un long texte sur le « complotisme » de Guillaume de Rouville. Aujourd’hui, nous publions un autre texte de sa plume. Publié en septembre dernier, il reprend divers éléments de réflexion très intéressants sur la crise actuelle.
Polémia
Pensées éparses sur la Nouvelle Normalité
I
Depuis le début de la crise du Covid-19 nous vivons une expérience orwellienne à l’échelle planétaire, une sorte de test mis en scène par nos élites mondialistes, visant à éprouver la résistance de nos corps et de nos âmes au burin compresseur et sadique de la Nouvelle Normalité.
Il fallait une crise pour entériner la faillite d’un système à bout de souffle et imposer la révolution nécessaire au triomphe du Monde d’Après. Il fallait une peur mondiale pour accoucher d’un gouvernement mondial. Il fallait un événement auquel nul ne puisse échapper, ni par la pensée, ni par le corps. Il fallait une opportunité et un miracle totalitaires.
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Nous vivons et expérimentons un projet révolutionnaire dont les meneurs sont quelques milliardaires réunis au sein du Forum Économique Mondial de Davos qui annoncent eux-mêmes les trois axes de la révolution à venir : (i) la disparition de l’industrie basée sur les énergies fossiles (désindustrialisation et disparition des ouvriers au nom du progressisme écologique et de la haine du CO2) ; (ii) la digitalisation à outrance de l’économie et des rapports humains (Intelligence Artificielle et trans-humanisme) ; (iii) la lutte contre les discriminations, c’est-à-dire le contrôle et la criminalisation de l’homme blanc occidental, chrétien et hétérosexuel qui ne pourra qu’acquiescer à tous les délires et revendications particularistes des mille minorités rendues trop visibles. Ces minorités, transformées en foules hystériques, endosseront le rôle des représentants en mission de la révolution culturelle destinée à terroriser et traquer les partisans de l’ancien monde.
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Cette révolution, ils l’appellent le Great Reset ou la Grande Réinitialisation[1], résultat de leur grande marche vers la disparition progressive du réel. Ils feront donc table rase du passé, détruiront les derniers restes (du festin) des États-Nations, abattront les frontières physiques et substitueront à la peur des guerres entre pays, la peur des pandémies, la peur du réchauffement climatique, la peur des pensées réactionnaires et « déviantes ». La peur sera permanente, omniprésente et il nous sera demandé d’y vouer un culte aveugle de dévotion et de soumission.
La Distanciation Sociale généralisée (frontière transparente et invisible entre les êtres) est le premier acte du refus du réel et de l’apparition d’un monde factice, contrôlé et surveillé, où les rapports humains sont digitalisés et soumis à la censure des réseaux sociaux en charge de normaliser la société à coup d’algorithmes choisissant pour nous les paroles et les images autorisées à atteindre nos sens dépourvus désormais de leurs capacités critiques.
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Ils étaient milliardaires hier et doivent tout au système d’avant. Ils devancent ainsi la chute de leur ancien empire (que les mouvements populistes étaient en train de bousculer ici et là) pour en bâtir un nouveau dont ils sauront tirer tout aussi bien les profits prometteurs.
Ils ont précipité la ruine de l’ancienne économie pour laisser le champ libre à la nouvelle, basée sur l’Intelligence Artificielle et les énergies renouvelables, sans jamais lâcher les rênes de leur pouvoir ni les plaisirs de leur domination. Ils ont devancé le chaos annoncé pour choisir les digues qui devront céder et les territoires qui devront disparaître.
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La nouvelle harmonie qu’ils annoncent se fera donc sur le dos des pauvres et des classes trop moyennes, pas assez intelligents pour mériter un travail, et qui se verront à la fois (i) dépouillés de leur fierté par un revenu universel qui les transformera en mendiants éternels destinés à l’obésité des plaisirs médiocres et (ii) privés d’une révolution qui se fera sans eux et à leurs dépens. Il n’y a plus besoin d’agiter le peuple avant de s’en servir ; il suffit désormais de le déclarer obsolète pour l’asservir.
Devançant ainsi la chute chaotique de leurs privilèges, les milliardaires de Davos s’en assurent de nouveaux en contrôlant la direction du chaos à venir et volent ainsi tout espoir révolutionnaire à la barbe des gilets jaunes, des déplorables et des sans-dents. La révolution sera donc mondialiste ou ne sera pas.
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Nos comportements sont désormais soumis à des rituels sanitaires ésotériques, contradictoires et inutiles, comme pour nous habituer à une nouvelle religion (le New Normal), mais une religion sans autre fondement que la surveillance et la répression, sans autre révélation que le néant matérialiste, scientiste et digital, sans autre métaphysique que celle de la domination.
Dès le plus jeune âge, nous serons invités à réciter par cœur les injonctions paradoxales de notre credo sanitaire et moral : « Le masque est utile quand il ne sert à rien » ; « la peur nous rassure » ; « le confinement c’est la liberté » ; « les distanciations sociales nous rapprochent » ; « pour aimer les autres il faut s’en éloigner », etc.
Nous serons invités à dénoncer les déviants qui, par leurs comportements irresponsables, mettront l’humanité en danger. Les complotistes (autrement dit, les esprits cartésiens) seront comparés à des déchets et selon leur classification bureaucratique dans le nouveau code écolo-sanitaire seront envoyés dans des prisons (vidées auparavant de leurs délinquants de droits communs), dans des hôpitaux psychiatriques, des camps de rééducation ou, plus simplement, destinés au grand tri sélectif de l’écologie morale, c’est à dire recyclés dans la nouvelle société, s’ils sont amendables, ou euthanasiés avec du Rivotril, s’ils persistent dans leur hérésie.
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Les révolutionnaires de Davos voient dans la Peur le moteur de l’histoire bien plus que dans la Lutte des Classes.
Ils nous ont donc terrorisés en utilisant la peur comme moyen de conquête des corps et des esprits.
La peur du terrorisme, la peur du réchauffement climatique et la peur des pandémies : soit trois peurs qui forment la sainte trinité de leur hystérie collective permanente et mortifère, composantes liquides d’une idéologie qui s’acharne à tuer le logos et à paralyser les corps.
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Demain dès l’aube, il sera exigé de chacun d’entre nous que nous basculions dans l’autocensure, l’autocontrôle et pourquoi pas, dans l’auto-répression. L’honnête homme sera celui qui met un masque et soumet tout son être à un rituel mysophobique obsessionnel et abandonne sans broncher toutes ses libertés s’il est menacé d’une simple amende. L’honnête homme dénoncera son voisin si ce dernier ose encore embrasser sa mère sur le front. L’honnête homme se suicidera, si malgré toutes les précautions qu’il aura prises, il tombe malade et éternue.
Il se suicidera pour respecter la peur des autres.
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L’un de ces prophètes du mondialisme, cette forme édulcorée et présentable du messianisme communiste, nous annonçait, il y a quelques mois, la bonne nouvelle en ces termes : « L’auto-surveillance technologique est aussi un moyen de liberté. Si je me surveille moi-même et que j’en tire des conclusions pour moi, la technologie me permet d’être plus libre et non pas plus soumis. » (Jacques Attali – 20 avril 2020 – France24)
Autrement dit, la servitude volontaire nous rendra libres.
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La technologie nous libérera de toutes les peurs. Il suffira de nous en remettre à des modèles mathématiques, à des algorithmes obscurs pour trouver la vérité en toutes choses et la paix intérieure.
La peur nous contrôlera et les Tyrans de la Tech[2] contrôleront la peur. Des codeurs besogneux seront ainsi devenus les maîtres du monde et nous serons heureux de nous soumettre à leurs prédictions (« foireuses » il va sans dire) qui façonneront la Nouvelle Normalité de la nouvelle humanité.
Pour reprendre à nouveau les paroles du prophète : « Ce qui va se produire, de toute façon, c’est l’émergence de la technologie comme un facteur majeur de la gestion des sociétés » (Jacques Attali – 20 avril 2020 – France24).
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Journal du monde réel (28 mai 2039) :
« Depuis le début, c’était cela leur projet, faire de nous des milliards de solitudes. Nous faire tourner en rond sur nous-mêmes dans de petits cercles tracés à la craie au début, quand nous faisions la queue avant d’entrer dans un magasin pour acheter du pain ou pour séparer les enfants dans les dernières cours de récréation qui existaient encore, puis, quand le monde réel a été supprimé pour de bon, ils ont dessiné un nouveau cercle virtuel dans leurs enfers digitaux et nous y ont laissés perdre le sens des réalités. »
II
Le gouvernement mondial sera au bout de leur vaccin. Et au bout du vaccin, sera le transhumain, mi bête mi machine, bien au-delà de l’humain pour savoir encore ce qu’il est (une conscience ou un programme, une liberté ou un protocole, un destin ou une fatalité).
À suivre
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