Ce qui est bien, lorsqu’on est de gauche, c’est qu’on peut tout dire. Ou presque. La preuve par Daniel Cohn-Bendit.
Réagissant, ce lundi matin, sur LCI, aux propos du maire écolo de Poitiers Léonore Moncond’huy (« L’aérien, c’est triste, mais ne doit plus faire partie des rêves d’enfant d’aujourd’hui »), l’homme qui tape sur l’épaule d’Emmanuel Macron n’a pas mâché ses mots. « Moi, j’ai pleuré quand le premier homme a marché sur la Lune, et maintenant arrive une écologiste qui me dit d’arrêter de rêver. Mais qu’elle aille se faire foutre ! » Ça, c’est dit, comme on dit.
En janvier dernier, toujours sur le plateau de LCI où il a rond de serviette, Dany le rouge avait envoyé « se faire foutre » ceux qui ne veulent pas se faire vacciner (et pas le contraire). À l’époque, ça faisait pas mal de monde. Moins, semble-t-il, aujourd’hui. La délicieuse Léonore de Poitiers va-t-elle devoir faire la queue en prenant son tour pour « se faire foutre » ? Pas tant qu’au « vaccinodrome ».
Il est comme ça, Daniel Cohn-Bendit. Pas de langue de bois. Ainsi, en 2009, sur le plateau de France 2, dans un débat plus qu’animé avec François Bayrou, il avait lâché, alors que le président du MoDem lui reprochait d’entretenir avec Nicolas Sarkozy des « relations amicales, sympathiques, formidables » (il n’avait pas encore rencontré Emmanuel Macron…) : « Eh bien, mon pote, je te dis, jamais tu ne seras président de la République, parce que t’es trop minable. » En 2014, les députés Front national furent traités de « crétins finis » au Parlement européen. Bruno Gollnisch prit alors la parole pour s’incliner « devant ce monument de l’intelligence foisonnante ». Gilbert Collard, lui, en 2019, au soir des résultats des élections européennes, eut droit aux doux qualificatifs d’« ignoble ordure » et de « connard » sur le plateau de TF1.
Donc, rien de neuf sous le soleil. Si, quand même. D’abord parce que, maintenant, Daniel Cohn-Bendit n’hésite pas à taper dans ce qui fut son camp. Mais surtout, il se lance dans ce qu’il est convenu d’appeler des « propos sexistes ». Du coup, acte réflexe : votre serviteur se précipite sur le compte Twitter de Marlène Schiappa, si prompte à dégainer lorsque le sexisme pointe son vilain bout du groin. À cette heure : rien. Peut pas être partout, non plus.
Maintenant, imaginons qu’un Gilbert Collard, par exemple, ait envoyé Mme Moncond’huy se « faire foutre ». Imaginons, juste un instant… Comme ça, pour voir. Faut avouer que c’est quand même drôlement chouette d’être dans le bon camp.
Georges Michel
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