vendredi 26 novembre 2021

Huit profils anti-Zemmour 1/2

 Chronique de Paysan Savoyard  (n° 260 – Novembre 2021)

Ceux qui ne veulent pas voter Zemmour, seul à même de battre Macron, opteront par là-même pour la poursuite de la politique actuelle en matière migratoire :  le laxisme face à l’invasion du pays. Ces anti-Zemmour sont de plusieurs types : on peut en distinguer huit. Il est utile de distinguer leurs différents profils, afin d’identifier ceux qui, à l’aide d’arguments efficaces, pourraient changer d’avis et rejoindre le camp des Français voulant mettre fin à l’invasion. 

Précisons que nous ne parlerons ici ni des immigrés, ni des responsables du Système (CAC 40, politiciens, responsables des médias) : il ne s’agira dans le cadre de cet article que des Français de souche anonymes. Précisons également que nous n’évoquerons pas non plus les électeurs du RN et la concurrence qui existe entre Marine le Pen et Eric Zemmour : nous parlerons uniquement des gens qui n’envisagent pas à ce stade de voter pour l’extrême-droite. Quels sont, parmi eux, ceux qu’E. Zemmour peut espérer convaincre et comment doit-il s’y prendre ?

  • Les satisfaits

Les satisfaits sont les bénéficiaires des évolutions intervenues ces dernières décennies. Ils ont tiré parti en particulier de la mondialisation et de ses différentes caractéristiques (délocalisations, forte diminution des droits de douane, dumping fiscal, financiarisation…), qui ont considérablement augmenté les profits, à l’avantage des propriétaires des entreprises, des détenteurs de leurs actions et de leurs cadres dirigeants et supérieurs. Aux propriétaires des entreprises et aux cadres supérieurs, il faut ajouter les commerçants et professions libérales, qui profitent du pouvoir d’achat des précédents. Tous sont les gagnants des évolutions engagées depuis les années 80 et qui se sont accélérées depuis les années 2000. On peut agréger à cette catégorie des winners satisfaits les bobos, les bourgeois de gauche, qui exercent des professions directement reliées à l’économie mondialisée (informatique, internet) ou des professions subventionnées par les pouvoirs publics et chargés de diffuser la propagande du Système (médias, milieux culturels et intellectuels).

Ces winners habitent les grandes agglomérations. Ils sont friands de mobilité et de voyages lointains. Ils sont tout prêts à s’expatrier plus ou moins durablement (2,5 millions de Français sont installés à l’étranger). Ils profitent directement de l’immigration, en employant des immigrés dans leur entreprise ou en ayant recours à eux dans leur vie quotidienne (livreurs à domicile, chauffeurs Uber, nounous…). Bourgeois individualistes essentiellement préoccupés de leur intérêt privé, ils vivent à l’échelle d’un monde ouvert, qui multiplie pour eux les opportunités.

Autant dire que les satisfaits sont pour la plupart aux antipodes des problématiques identitaires posées par la candidature d’E. Zemmour. Ils votent Macron, LR, ou à gauche dans le cas des bobos, et se mobiliseront massivement au deuxième tour en faveur de Macron. 

On notera cependant que la bourgeoisie ne se résume pas à la catégorie des winners apatrides : elle est composée également de personnes attachées aux cadres sociaux et aux valeurs morales traditionnels. Ces personnes, qui composent une partie de l’électorat LR, ont formé les rangs des Manifs pour tous. Elles ont voté Fillon en 2017. On trouve même parmi elles un milliardaire, dont le rôle dans la candidature Zemmour est manifestement décisif. E. Zemmour parvient semble-t-il à intéresser et même à convaincre cette droite « versaillaise », ce que Marine Le Pen n’a jamais réussi à faire. Pour conserver l’appui des Versaillais, E. Zemmour doit garder le cap sur deux points : maintenir une position ferme et claire en faveur des valeurs morales traditionnelles ; s’attacher à la rigueur et à la crédibilité de ses analyses et propositions, notamment sur le plan économique, aussi bien quant au fond qu’à la forme.

  • Les idéalistes sans frontières

Les idéalistes sont les partisans d’un monde sans frontières : ils se voient comme citoyens du monde. Ils considèrent qu’un monde débarrassé des frontières, une fois passée une période de transition peut-être douloureuse, sera finalement meilleur, moins atteint par le racisme, plus juste et plus pacifique.

Il y a des nuances entre les positions des idéalistes. Certains sont avant tout des pacifistes. Les frontières et les nations leur paraissent être des facteurs majeurs de guerre et de haine entre les peuples.

D’autres sont avant toute chose à la recherche de l’égalité. L’idée qu’il puisse exister des nations riches tandis que d’autres sont en difficulté leur apparaît insupportable.

D’autres enfin sont surtout motivés par l’antiracisme et soucieux de mettre fin à la domination de l’homme blanc. La France apparaît à beaucoup de ceux-là comme essentiellement détestable, coupable dans le passé de trop de crimes et aujourd’hui trop riche, trop égoïste, trop xénophobe. Cette catégorie d’idéalistes hait les Français de souche, franchouillards, racistes et d’extrême droite. Elle les hait bien davantage qu’elle ne hait les terroristes, qui sont pour eux des victimes de la France raciste.

Les cathos, nous parlons ici des cathos conciliaires, sont l’incarnation même de l’idéalisme sans frontiériste et en épousent toutes les nuances à la fois. Ils sont pacifistes absolus, souhaitant suivre à la lettre l’Evangile (Tend la joue gauche). Ce sont des obsédés de l’égalité (Les premiers seront les derniers). Ils donnent la priorité à l’Autre, jusqu’à la haine de soi (Aime tes ennemis). C’est pourquoi, même s’ils sont parfois conscients des conséquences catastrophiques de l’immigration, ils refusent l’idée même de devoir défendre leur pays et leur civilisation.

Ces idéalistes ont un autre point commun, le dogmatisme : aucun fait, même ceux qui s’accumulent et démontrent l’inanité de leurs analyses, n’est susceptible de les conduire à remettre en cause leur idéologie. Leur sans-frontiérisme dogmatique fait d’eux des adversaires irréductibles et définitifs d’E. Zemmour et des thèmes qu’il met en avant. 

  • Les naïfs 

Les naïfs sont ceux qui font confiance par principe aux autorités. Le président en exercice, ses ministres et ses hauts-fonctionnaires, bénéficient pour eux d’une crédibilité automatique. La couverture médiatique et les occasions d’apparaître en majesté dont jouit le président en place renforcent sa position auprès de cette partie de l’électorat. Qu’il s’agisse des politiciens, des experts ou des journalistes, cet électorat croit ce que l’on lui raconte et absorbe sans barguigner la propagande qu’on lui sert. Les Français naïfs ne sont d’ailleurs pas à blâmer. La confiance qu’ils placent par principe dans l’autorité est en soi louable : c’est celle qu’on attend des soldats d’une armée bien commandée, celle qu’on espère chez les fidèles d’une Eglise pieusement guidée, celle qu’on escompte de la population laborieuse d’un pays habilement gouverné. Mais cette attitude de confiance aveugle rend ce type d’électeurs incapable de détecter la propagande, les mensonges et la trahison de leurs dirigeants.

Parmi ces Français naïfs, on trouve de nombreuses personnes âgées, qui sont, avec les CSP+, le second pilier de l’électorat macronien. Cette partie de l’électorat est pour E. Zemmour inaccessible.

  • Les losers

Les losers sont tous ces Français à la ramasse. Tous ceux qui malheureusement sont noyés dans leurs problèmes personnels, de vie quotidienne ou de marginalité. Tous ceux qui sont, de fait, mis à l’écart de l’enjeu politique par leur inculture ou leur stupidité. Ces losers ne sont pas inscrits sur les listes, ils s’abstiennent ou ils votent n’importe quoi au dernier moment. Pour E. Zemmour il est malheureusement impossible de s’adresser à eux.

À suivre

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