Trompettes, déclarations, le 19 octobre 2021, le président de la République promulguait la loi EGalim 2 (Équilibre des relations commerciales dans le secteur agroalimentaire) votée par le Parlement : elle complète et perfectionne la loi EGalim 1 votée en 2018. Une loi made in LREM, pleine de bonnes intentions : il s’agit de protéger les revenus de nos agriculteurs en incitant les Français à acheter leurs produits. Enfin ! Encore faut-il que le Français qui fait ses courses sache différencier le produit venu de France des produits d’importation. Parmi les mesures de cette loi, une obligation si simple qu’on se demande comment on n’y avait pas pensé avant. Les trois articles 12,13 et 14 prévoient notamment que l’utilisation des symboles de la France sur l’étiquette (le drapeau français, le coq gaulois, la carte de France, la tour Eiffel...) soit réservée à des aliments produits… en France. Magnifique ! La modernité en marche. On applaudit ? Pas vraiment ! Car les décrets d’application de cette loi n’ont… toujours pas été pris. Et pourquoi cette loi prend-elle la poussière ? Parce que le ministère de l’Agriculture ne veut pas les prendre, ces décrets : il craint que le Conseil d’État, compétent sur les affaires publiques, retoque les fameux décrets pour… non-conformité aux textes européens, en l’occurrence avec le règlement INCO de 2011 sur l’étiquetage en Europe. C'est en tous cas ce qu'a répondu le ministère de l'Agriculture lors de la mission, une position du ministère confirmée et réitérée le 21 septembre dernier.
Fantastique ! L’Assemblée a donc débattu et voté une loi. Le Sénat a fait de même. Le gouvernement et le ministre ont communiqué sur cette grande avancée pour les agriculteurs (Votez pour nous !) sauf que la France est soumise à la tutelle bruxelloise. On rentre à la niche. On oublie les rêves d'indépendance. Qui a promené les députés français ? En attendant, rien n’a bougé. Ainsi, vous pouvez toujours en toute légalité acheter en grande surface un pot de confiture de fraises muni d’un avantageux drapeau français mais empli de fraises venues tout droit de... la mer de plastic espagnole. Il suffit que lesdites fraises aient été mises en pot à la frontière, côté français. Aberrant ! Les haricots verts ou les abricots au sirop peuvent venir de partout dans le monde et profiter du drapeau français sur l’emballage. C’est la fête pour les agriculteurs du monde entier, excepté pour les agriculteurs français ! Merci Macron, merci l'Europe !
Chargé de la mission de contrôle de l'application d'EGalim 2 en juillet dernier, le député RN de Gironde Grégoire de Fournas, corapporteur du texte et viticulteur du Bordelais tout juste élu, le confie à BV : « On est assez perplexes. L'étiquetage des produits français est-il une compétence exclusive de la Commission européenne ? » Bonne question. En attendant d'avoir une vue précise sur la peau de chagrin des compétences de nos députés après la censure européenne, nos élus doivent donc « faire évoluer la réglementation européenne INCO », explique Fournas. Autant gravir l'Europe par la face nord. « Le pouvoir se proposait de sauver l’agriculture, or, ces articles ont été votés en connaissance de cause, accuse-t-il. Déjà, deux tentatives de solutions se sont écrasées sur le mur de Bruxelles. »
Pourtant, Dieu sait si le Président français, tapant sur les épaules des autres chefs d’État européens, a su mettre en scène son mandat de président du Conseil de l'Union européenne ! « Dommage que la France n’ait pas profité de cette présidence pour aborder le sujet », regrette Fournas qui stigmatise « une soumission aveugle aux directives nuisibles de Bruxelles ». Les agriculteurs attendront que leur Président militant de l’Europe se penche sur l’intérêt de la France.
L’étiquetage n’est pas le seul dossier. Impossible, par exemple, de contraindre les collectivités publiques ou les cantines d’acheter français ou d’acheter local. Certains maires en sont réduits à trouver des astuces pour acheter local : ils inscrivent dans le contrat avec leurs fournisseurs que les élèves doivent pouvoir visiter facilement l’usine de conditionnement ou la ferme productrice. Tous ces produits débarquent chez nous sans taxes, sans frontières et sans difficultés, aussi libres qu’un sans-papiers algérien, marocain ou soudanais. « L'agriculture française n'a plus le temps ni les moyens de payer le prix de l'idéologie », tance Grégoire de Fournas.
L’Europe a éradiqué de France l’industrie textile, l’industrie lourde, l’automobile est mal en point, on ne parlera pas de l’énergie, par pudeur. Quant à notre agriculture, qui fit si longtemps la fierté du pays, on voit à quel point elle peut compter sur le tandem destructeur Macronie-Europe !
Marc Baudriller
https://www.bvoltaire.fr/macronie-europe-danse-macabre-sur-ce-qui-reste-de-lagriculture-francaise/
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