Annoncée subrepticement à la fin du mois de janvier, l’implantation du centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) à Beyssenac, petit village de 370 habitants, reste toujours vivement contestée. Après la levée de boucliers des habitants, le conseil municipal a émis, le 23 février, un avis défavorable à la poursuite du projet. « En cause : l’opacité et le manque d’informations communiquées par les services de l’État », écrivait Clémence de Longraye dans BV.
À ce jour, l’État reste sourd à l’angoisse de ces Français ruraux qui n’ont rien demandé. Cette affaire emblématique oppose David et Goliath : les habitants de cette petite commune rurale font face à l’État macronien dans toute sa puissance et sa duplicité, appuyé par les puissantes associations de soutien aux migrants généreusement subventionnées. En l’occurrence, l’association Viltaïs. « Ce qui est reproché, c’est surtout l’opacité de ce projet que le maire et les habitants ont appris par des fuites de presse entre décembre et janvier, explique Edwige Diaz. Le conseil municipal n’avait toujours pas été mis officiellement au courant en février. Nous sommes en mars, les médias en parlent, le centre doit ouvrir en avril », précise l’élue RN. Et rien n’a changé.
L’État joue-t-il le pourrissement et la division ? Dans une lettre à ses administrés, le courageux maire de Beyssenac, Francis Comby, très opposé au projet, se défend d’avoir été mis au courant. « Les gens s’inquiètent, c’est normal, écrit-il dans une lettre à ses administrés datée du 28 février. On ne sait pas ce qui va arriver. Comme on ne sait pas, il se dit beaucoup de choses […] Arrêtons de dire que j’ai autorisé un CADA. Quand ? Par quelle délibération ? Par quel courrier ? » Le piège tendu en toute duplicité par le pouvoir à cette petite commune française se referme sur les habitants. « J’ai demandé voilà trois semaines à Monsieur le préfet de la Corrèze de tenir une réunion d’information à Beyssenac, poursuit le maire. À ce jour, je n’ai toujours pas reçu une lettre, un mail ou un mot officiel à la mairie au sujet de ce projet », alors que le conseil municipal a pris une motion, le 23 janvier, qui s’oppose formellement à l’ouverture du centre.
Cette rencontre du préfet avec la population, les deux élus RN l’ont exigée. Et obtenue. À la préfecture de Tulle, le directeur de cabinet du préfet Loïc Loupret s’est engagé à tenir une réunion dans les prochains jours. Contactée par BV, la préfecture de la Corrèze confirme qu'une réunion publique se tiendra le 16 mars mais refuse de préciser la teneur du message qui sera donné. Selon Edwige Diaz, il ne sera pas question de concertation. Le directeur de cabinet l’a dit clairement, selon elle, aux élus accompagnés de deux habitants du village, tendus et émus face à l’enjeu : il ne reviendra pas en arrière. Il est trop tard pour que la mairie préempte le bâtiment. Le directeur de cabinet du préfet fait porter ce raté au maire, soi-disant mis au courant. Et évacue l’affaire, en une heure, un sourire ironique aux lèvres, raconte Edwige Diaz.
Face au mur froid de l’administration macroniste, les élus RN questionnent : combien de créations de places dans ce CADA ? Quels sont les objectifs, à terme ? Combien l’État va-t-il investir, directement ou indirectement via l’association Viltaïs, dans ce projet ? Combien cette association va-t-elle toucher, en plus, par personne accueillie et par jour ? Quel impact sur les prix de l’immobilier local ? La baisse de valeur des maisons des habitants sera-t-elle compensée ? Quels sont les salaires des responsables de ces associations ultra-subventionnées ? Comment sont choisies les communes rurales qui accueilleront les migrants dont le pouvoir souhaite débarrasser les grandes villes ? Le représentant de l’État ne donne aucune réponse.
Cette forme de hold-up d’un État tout-puissant vis-à-vis des habitants d’une petite commune rurale respire le mépris de ces Limousins dont la famille s’enracine là, parfois depuis des siècles. Elle trahit l'indifférence face à leur angoisse et à leurs souffrances, à leur identité, à leur histoire aussi. Car c’est ainsi, nos communes ont une histoire.
Le 16 février, le maire de Beyssenac, ses élus, les autorités locales et 400 personnes participaient à la cérémonie en souvenir du 79e anniversaire du massacre du Pont Lasveyras, un drame de la dernière guerre, daté du 16 février 1944.
Parmi eux, les représentants de l’Amicale des familles et amis des victimes, des délégations d’Oradour-sur-Glane et de Saintes et plus de 70 porte-drapeau. Ils ont chanté « Ma Terre », un chant écrit en hommage aux victimes, déposé des gerbes au pied de la stèle des maquis et procédé à l’appel des morts : 34 hommes exécutés sur place et 6 morts en déportation. Ils ont respecté une minute de silence. Francis Comby, maire de Beyssenac et président du Moulin de la Résistance, a évoqué la tragédie vécue par ces jeunes de 18 à 24 ans, surpris par une division allemande au matin. Il insistait sur l’importance de ne pas oublier le passé et de faire perdurer le devoir de mémoire.
Cette mémoire, que pèse-t-elle face aux projets de répartition des migrants décrétée par Ursula von der Leyen, imposée aux préfets par Emmanuel Macron, arrosée de subventions dans des proportions inconnues de ces communes rurales, appliquée de gré ou de force aux populations. Aujourd’hui, la France qu’on aime, celle des clochers, celle de nos campagnes, fait face, seule, à cette immense entreprise de démolition et de remplacement.
Marc Baudriller
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