Sur fond de crise énergétique et de coopération industrielle sur l’armement, l’aéronautique et l’espace, les relations franco-allemandes se sont dégradées. Avec en arrière-plan « l’ami américain » et la diabolisation de toutes les opinions dissidentes. Interrogé pour le site Politically Incorrect News par Nicolas Faure (le germaniste, à ne pas confondre avec son homonyme Nicolas Faure d’I-Média et Sunrise), voici les réponses (en français) de Jean-Yves Le Gallou. Nos lecteurs trouveront en lien la publication en allemand.
Nicolas Faure : En France comme en Allemagne, il est de bon ton de qualifier avec le terme infamant d’« extrême droite » tous ceux qui défendent le camp national. Comment expliquer un tel recours à l’invective de la part des médias et des politiques ?
Jean-Yves Le Gallou : La diabolisation – par le choix du vocabulaire et les amalgames – est la police d’assurance-vie des forces en place et de la doxa politiquement correcte. Face au réel et au droit des peuples a l’identité et à la continuité historique, la diabolisation est une technique incapacitante d’une grande efficacité. D’autant que ceux qui en sont les cibles se laissent souvent intimider.
Nicolas Faure : Le gouvernement allemand a récemment pris la décision de livrer des chars de combat à l’Ukraine, avec le soutien du chancelier Olaf Scholz. Quelles sont les conséquences à attendre d’une telle décision, dans le cadre de la guerre avec la Russie ?
Jean-Yves Le Gallou : Il y a eu dans les années 2000 un courant géopolitique qui préconisait un partenariat Paris-Berlin-Moscou, sur fond de complémentarité stratégique entre énergie, produits manufacturés et services. Les États-Unis ont tout fait pour s’opposer à cette perspective d’une Europe indépendante. Ils utilisent aujourd’hui la guerre d’Ukraine pour achever la vassalisation de l’Europe occidentale avec l’aide d’hommes politiques sélectionnés par eux, les « Young global leaders » tels Rushi Sunak, Emmanuel Macron ou Annalena Baerbock.
Nicolas Faure : En Allemagne, l’Alternative für Deutschland (AfD) vient de fêter son dixième anniversaire, depuis sa création en 2013. L’AfD est actuellement la première force dans les Länder de l’Est, en Saxe, dans le Brandebourg et en Thuringe. Pensez-vous que le parti a une chance, à l’avenir, de gouverner l’Allemagne ? En quoi cela serait-il une bonne chose ?
Jean-Yves Le Gallou : L’arrivée au pouvoir – local ou fédéral – de l’AFD serait assurément une bonne chose. Il y a partout en Europe, du nord comme du sud, une poussée des partis populistes et identitaires. C’est une tendance lourde. Irréversible sans doute. Mais les capacités de résistance du système sont puissantes : diabolisation, diffamations, censures, provocations policières, répression judiciaire. En Allemagne évidemment avec l’office fédéral de protection de la constitution mais aussi en France ou en Belgique.
Nicolas Faure : Emmanuel Macron et Olaf Scholz viennent de célèbrer les 60 ans du traité de l’Elysée, alors que le conflit en Ukraine exacerbe les divergences et les malentendus entre Paris et Berlin. Alors que les sujets de crispation se multiplient entre les deux moteurs de l’intégration européenne que sont la France et l’Allemagne, ne pensez-vous pas qu’il faille repenser le couple franco-allemand ?
De quelle manière, et dans quelles perspectives ?
Jean-Yves Le Gallou : Il y a bien sûr des rivalités entre la France et l’Allemagne sur l’industrie (aéronautique, espace) et sur l’énergie. Des différences de comportement économique et social aussi. Pourquoi le nier ? Mais ce n’est pas le problème essentiel. Celui-ci est double :
la vassalisation des élites économiques et politiques par l’État profond américain,
la colonisation des esprits par l’idéologie woke.
Les Français et les Allemands gagneraient à retrouver le fil interrompu de leur longue culture, la civilisation européenne, d’expression germanique pour les uns, d’expression française pour les autres. Tout en retrouvant le sens de leurs intérêts sur la scène internationale. En commençant par cesser d’être co-belligérants dans le conflit russo-ukrainien.
Source : PI News
Texte repris du site Polémia
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