Glosons, comme Emmanuel Macron, sur la responsabilité des jeux vidéo et des réseaux sociaux : les jeunes Japonais étant très friands de jeux vidéo et de réseaux sociaux, ce pays devrait donc, en principe, être à feu et à sang. Manque de bol, c'est tout l’inverse. Là-bas, cette double addiction conduit même au phénomène opposé, l’hikikomori, c’est-à-dire l’enfermement chez soi, dans sa chambre. C'est aussi en soi un problème, mais de nature très différente pour la société.
Accusons la déresponsabilisation des parents, l’absence du père et le délitement de la famille : ce processus est indéniable, mais au-delà du fait que ceux qui en parlent le plus y participent sans vergogne consciencieusement depuis des dizaines d’années, ce serait faire insulte à toutes celles qui élèvent seules courageusement, et sans démériter, leurs enfants. Rappelons qu’à l’issue de la guerre de 14, nombre d’enfants se sont trouvés orphelins de père, sans devenir pour autant des délinquants, élevés d’une main de fer par des mères qui ne s’en laissaient pas conter.
Incriminons (une fois de plus) la pauvreté et la précarité : comment expliquer, alors, que dans certains départements classés parmi les plus pauvres de France - la Creuse, les Ardennes, la Haute-Corse… -, il ne se soit pour ainsi dire rien passé tandis que d’autres, parmi les plus riches - Hauts-de-Seine, Yvelines, Essonne… -, ont littéralement flambé ?
Indignons-nous contre le RN qui, une fois de plus, ramène le problème à l’immigration : convenons que ce n’est pas lui qui a commencé. Pourquoi les gouvernements algérien et turc s’en sont-ils mêlés ? Pourquoi la mère de Nahel accuse-t-elle le policier d’avoir « vu une tête d’Arabe, d’un petit gamin » et « voulu lui ôter la vie » ? Pourquoi le député LFI David Guiraud, évoquant Nahel né en France et franco-algérien, parle-t-il d’un « jeune Arabe tué en pleine rue » ? Pourquoi la députée LFI Mathilde Panot parle-t-elle d’un « jeune Arabe de 17 ans » ? C’est un peu facile. Répétons tous ensemble : lorsqu’un jeune issu de l’immigration est coupable, il est français « comvouzémoi ». Quand il est victime, il est adroitement renvoyé à ses origines.
Gérald Darmanin use de l’adjectif « français » comme d’un manteau de Noé. Quand il l'a pudiquement jeté, il interdit à quiconque de regarder dessous, ce serait indécent. La notion de descendant d’immigré existe pourtant, au regard de l’INSEE : « Une personne née et résidant en France ayant au moins un parent immigré. » Il est donc possible de faire des constats et des statistiques, non ?
A-t-on le droit de savoir, parmi les émeutiers qui se sont attaqués peu ou prou à tous les symboles de l’État, et donc à la France, combien ont une double nationalité ? Combien sont issus de l’immigration au sens de l’INSEE ? S’ils sont nombreux, et même majoritaires, c’est encore plus inquiétant que s’ils étaient étrangers. Cela signifierait qu’au bout de deux, trois générations, la greffe n’a toujours pas pris, voire est violemment rejetée. Il en va de la planche à naturaliser comme de la planche à billets : suremployée, elle dévalue les papiers qu’elle imprime. Pourtant, elle continue à fonctionner à plein régime.
Gabrielle Cluzel
https://www.bvoltaire.fr/edito-pas-de-lien-entre-emeutes-et-immigration-de-qui-se-moque-darmanin/
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